2  -  La crise suicidaire

2 . 1  -  Généralités


Il s’agit d’une crise psychique dont le risque majeur est le suicide.

Elle constitue un moment d’échappement où le sujet présente un état d’insuffisance de ses moyens de défense, de vulnérabilité, le mettant en situation de souffrance et de rupture.

La souffrance n’est pas toujours apparente.

La crise suicidaire peut être représentée comme le cheminement de la pensée qui va du sentiment péjoratif d’être en situation d’échec à l’impossibilité de s’extraire de cette impasse.

En parallèle, il y a une élaboration d’idées suicidaires de plus en plus prégnantes et envahissantes jusqu’à un éventuel passage à l’acte qui représente pour le sujet une sortie possible de la crise.

C’est un état réversible, temporaire.

La tentative d’autolyse n’est qu’une des manifestations possibles de la crise suicidaire.

2 . 2  -  Les prodromes de la crise suicidaire


Chez un patient ayant des antécédents de :

  • troubles psychiatriques (troubles anxio-dépressifs, troubles de la personnalité,…),
  • conduites addictives.

Il peut alors s’agir d’une aggravation récente des troubles ou du comportement addictif, perçue par le patient et / ou son entourage.

Chez un patient sans antécédent particulier :

Différents contextes ou symptômes doivent attirer l’attention :

  • la survenue d’une pathologie organique à retentissement vital
  • une symptomatologie physique inexpliquée (pouvant alors masquer un état dépressif)
  • une conduite inhabituelle
  • un changement de tonalité dans la relation avec le médecin ou avec l’entourage peut attirer l’attention.
  • un changement récent de praticien
  • un motif de consultation obscur
  • un état d’agitation ou de stress
  • des allusions directes ou indirectes à un vécu problématique

À partir de ces différentes situations et de ces 2 stéréotypes de patients, IL FAUT ABORDER les questions du ressenti de la situation ET des idées de suicide.

Cette attitude, loin de renforcer le risque suicidaire, ne peut que favoriser l’expression des troubles, si l’entretien est fait dans un climat de confiance, avec tact et sans émettre de jugement de valeur, en sorte que le patient se sente reconnu dans sa souffrance.

2 . 3  -  L’évaluation de la dangerosité et du degré d’urgence


Six éléments doivent être évalués par le praticien pour définir le niveau de risque de passage à l’acte :

1. Le niveau de souffrance

Il est en rapport avec :

- le désarroi ou le désespoir
- le repli sur soi, l’isolement relationnel
- le sentiment de dévalorisation ou d’impuissance
- le sentiment de culpabilité

2. Le degré d’intentionnalité

Il s’agit alors de déterminer :

- les idées envahissantes de suicide
- la recherche ou non d’aide (l’attitude par rapport à des propositions de soins)
- les dispositions envisagées ou prises en vue d’un passage à l’acte (plan avancé ? Scénario déjà réalisé ?)

3. Les éléments d’impulsivité

Elle s’apprécie par :

- la tension psychique du patient, son instabilité comportementale
- l’agitation motrice, éventuellement l’état de panique
- un antécédent de passage à l’acte, ou de fugue ou d’actes violents.

4. Un éventuel élément précipitant

Un évènement particulier est à rechercher comme :

- un conflit
- un échec
- une rupture
- une perte

5. La présence de moyens létaux à disposition aisée pour le patient :

Ceux ne sont pas que les armes. Il y a aussi les médicaments, etc.

6. La qualité du soutien de l’entourage proche

Est-ce-que les proches ont une capacité de soutien ?
Ou au contraire, est ce que le sujet évolue dans une famille à transaction suicidaire ou mortifère ?

2 . 4  -  L’imminence de la crise suicidaire et de son passage à l’acte


Il faut considérer comme une urgence élevée un patient qui :

  • est décidé : sa planification est claire et le passage à l’acte est prévu pour les jours qui viennent
  • est coupé de ses émotions : il rationalise sa décision ou, au contraire, est très agité ou troublé
  • se sent complètement immobilisé par la dépression
  • dont la douleur et l’expression de la souffrance sont omniprésentes ou complètement tues
  • a un accès facile à un moyen de se suicider
  • a le sentiment d’avoir tout fait et tout essayé
  • est très isolé

Ces différents tableaux cliniques clairs ne doivent pas faire oublier le polymorphisme en la matière. Aussi, il est d’usage qu’au moindre doute , le médecin face hospitaliser en milieu psychiatrique spécialisé le patient pour lequel il craindrait un passage à l’acte.

Cette hospitalisation n’est évidemment pas toujours réalisée avec l’adhésion du sujet. Le patient y recevra un traitement par antidépresseurs associé à une relation d’aide et de soutien.

Conclusion

La sage-femme a une place essentielle dans le dépistage de troubles de l’humeur et du risque suicidaire.

Elle se doit de travailler en réseau (Unité Mère Bébé en psychiatrie ; Service de prévention maternelle et infantile, praticiens libéraux,…).

Selon le degré d’urgence, la sage-femme pourra participer à l’élaboration d’un suivi adapté par l’intermédiaire des staffs psycho sociaux hospitalier ou de ville et / ou faire appel en urgence à un psychiatre de garde.

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