Depuis le XIXème siècle, les douleurs de l’enfantement font l’objet de préoccupations au sein de la communauté obstétricale ; l’accoucheur de la Reine Victoria (Dr CAMPBELL), en 1853, puis le Dr READ , obstétricien anglais ont largement participé à transformer celles-ci, tant sur le plan médical que sur le plan sociétal.
Au milieu du XXème siècle, nous assistons à une véritable révolution autour de ce moment unique qu’est la naissance. Au-delà des aspects médicaux, c’est la place de la femme dans la société, l’acquisition de certaines libertés qui transforment la préparation à la naissance. Cette dernière a comme fondement la psychoprophylaxie obstétricale ou PPO.
Au XXIème siècle, la PPO est devenue préparation à la naissance et à la parentalité (PNP), moment de dépistage, d’accompagnement et d’information pour la femme enceinte mais aussi pour le couple. La PNP bénéficie aujourd’hui d’une réglementation bien établie et ses objectifs se sont élargis. Elle est devenue un outil permettant une prise en charge adaptée aux souhaits des couples, tout en intégrant des dimensions de prévention, d’information et d’éducation.
En France, la psychoprohylaxie obstétricale est née de 3 courants successifs :
La préparation à la naissance démarre vraiment avec les expérimentations du Dr LAMAZE, et du Dr VELLAY , ces deux obstétriciens travaillant à la maternité des Bluets (hôpital des Métallurgistes), à Paris.
En 1952, au retour d’un voyage en Russie, en ayant assisté à un accouchement naturel et sans douleur, le Dr LAMAZE lance une nouvelle approche de l’accouchement reposant sur un entraînement physique régulier, basé sur la respiration et sur des conditions psychiques optimales pour favoriser un accouchement naturel.
Cette expérimentation, puis sa généralisation reposent également sur un contexte politique particulier : l’engagement militant et financier du syndicat des Métallurgistes, la motivation sans faille de l’équipe de la maternité et bien sûr, l’enthousiasme des femmes qui représente la meilleure " propagande ".
L’Union des femmes françaises, le PCF et la CGT se font le relais de cette méthode.
En 1956, le pape Pie XII prend position en faveur de l’accouchement sans douleur et le 1er juillet 1956, l’assemblée nationale adopte le projet de remboursement de six séances préparatoires.
En 1961, la PPO est inscrite dans la formation des sages-femmes.
Mais 1968 arrive ; les féministes s’insurgent contre la PPO « en déclarant y voir une manière hypocrite de faire accepter aux femmes cette aliénation » ; puis l’analgésie péridurale fait son apparition. De plus en plus de femmes y ont recours, et désinvestissent la psychoprophylaxie obstétricale.
Les années 70-80 voient de très nombreuses évolutions (réglementaires, sociétales et médicales) qui permettent peu à peu au concept de préparation à la naissance de naître.
Dans cet esprit d’accompagnement individualisé de la maternité et de prise en charge globale, au delà de la douleur au moment de l’accouchement, les décrets de périnatalité parus en 1998(Décret n°98-899 du 9 octobre 1998 relatif aux établissements de santé publics et privés pratiquant l'obstétrique, la néonatologie ou la réanimation néonatale remplacé par le CODE DE LA SANTE PUBLIQUE (Nouvelle partie Réglementaire) Chapitre III - Conditions d'implantation de certaines activités de soins et des équipements matériels lourds - Section 3 : Obstétrique, néonatologie et réanimation néonatale), mettent l’accent sur les facteurs de risque médico-psycho-sociaux liés à la grossesse. Les concepts d’ «humanité-sécurité-qualité-proximité » sont développés dans le plan Périnatalité 2005-2007. L’entretien prénatal précoce, au 4ème mois de la grossesse, est recommandé par la Haute Autorité de Santé HAS; il représente la 1ère séance de préparation à la naissance et fait l’objet d’une cotation spécifique.
Aujourd’hui, la PNP continue de progresser : en complément du suivi médical, elle est devenue un moyen de contribuer à l’amélioration de l’état de santé global des femmes enceintes, des couples et de leurs nouveau-nés ; l’extrême médicalisation de la naissance laisse peu de place aux aspects sociétaux et culturels de celle-ci. Le contexte économique de la santé porte atteinte aux dimensions psycho-affectives de la prise en charge des patients en général, et des femmes enceintes en particulier.
L’avenir de la PNP sera dépendant de la place que notre société souhaitera accorder à la naissance et à la famille.