2 . 5  -  La fonction endocrine

Le placenta est une glande endocrine polyvalente qui produit des hormones peptidiques et stéroïdiennes nécessaires à la grossesse et des protéines placentaires dont le rôle reste souvent mal connu.

2 . 5 . 1  -  Les hormones polypeptidiques

Le placenta est capable de synthétiser de nombreuses hormones protéiques voisines des hormones hypophysaires et hypothalamiques.

Hormones polypeptidiques
HCG Gonadotrophine chorionique humaine
HPL ou HCS Lactogène placentaire humain
HCC Corticotrophine chorionique humaine
HCT
Thyrotrophine chorionique humaine
HCFSH Folliculostimuline chorionique humaine
GH placentaire Hormone de croissance placentaire
HCGRH Gonadolibérine chorionique humaine
HCTRH Thyrolibérine chorionique humaine

2 . 5 . 1 . 1  -  L’hormone gonadotrophine chorionique (HCG)

2. 5. 1. 1. 1 - Composition

L’hCG est composée de 2 sous-unités :

  • une sous-unité alpha (α), commune aux autres glycoprotéiques (LH, FSH, TSH), comprenant 92 acides aminés,
  • une sous-unité béta (β), hormone spécifique, comprenant 145 acides aminés.



2. 5. 1. 1. 2 - Sécrétion

Elle est secrétée par le syncytiotrophoblaste dès le 7ème jour après la fécondation au moment de l’implantation. Les concentrations d’hCG maternelle augmentent progressivement. Elles augmentent très rapidement jusqu’à 8-10 semaines de gestation, avec un temps de doublement d’environ 31 heures, passent par un pic maximal vers la 10ème semaine puis diminuent très nettement au 3ème mois pour rester pratiquement stationnaires jusqu’à l’accouchement. Les raisons de ce pic plasmatique maternel d’hCG au premier trimestre de la grossesse restent contreversées.


2. 5. 1. 1. 3 - Rôle

L’hCG est l’hormone essentielle de la grossesse. Elle est probablement l’une des toutes premières molécules complexes synthétisées par l’embryon. En début de grossesse, ses concentrations élevées (super-agoniste de la LH) permettent le maintien du corps jaune, qui de corps jaune cyclique devient corps jaune gravidique. Il assure le maintien de la sécrétion de progestérone ovarienne durant les 6 premières semaines de la grossesse. À cette date l’unité fœto-placentaire supplée aux fonctions ovarienennes.

L’hCG joue un rôle essentiel par un mécanisme autocrine et paracrine dans la différentiation du trophoblaste et favorise in vitro la différentiation des cytotrophoblastes en syncytiotrophoblastes.

Au total, l’hCG est l’hormone de la grossesse humaine, indispensable à son établissement et à son déroulement.

Les taux de l’HCG et de ses deux sous-unités libres sont modifiés dans certaines circonstances pathologiques.

Modification des taux d'HCG et de ses deux sous-unités selon les circonstances pathologiques
  HCG β-HCG α-HCG
Grossesse gémellaire augmentée augmentée augmentée
Grossesse molaire très augmentée très augmentée normale
GEU diminuée diminuée diminuée
FCS très diminuée très diminuée diminuée

Enfin, certaines tumeurs néoplasiques peuvent sécréter de l’HCG (poumon, estomac, foie, rein, pancréas, ovaire, testicule), l’HCG est alors un marqueur tumoral intéressant.

Récemment, l’hCG a été caractérisé comme un nouveau facteur angiogénique impliqué dans l’implantation et le développement du placenta.

2 . 5 . 1 . 2  -  L’hormone lactogène placentaire (HPL)

2. 5. 1. 2. 1 - Composition

Elle est constituée d’une simple chaîne polypeptidique non glycosylée et présente une structure voisine de l’hormone de croissance hypophysaire. Elle est encore appelée hormone chorionique somatotrophique et mammotrophique humaine (HCS). Elle a une structure et donc un effet proches de l’hormone de croissance et de la prolactine.


2. 5. 1. 2. 2 - Sécrétion

Elle est secrétée par le syncytiotrophoblaste et est détectable dans le sang maternel dès la troisième semaine de gestation.

L’augmentation de sa sécrétion au cours de la grossesse suit l’évolution de la masse placentaire. C’est l’hormone peptidique la plus abondamment produite par le placenta humain.

Cette hormone est également retrouvée dans le sang fœtal mais en beaucoup plus faible quantité que dans le sang maternel.


2. 5. 1. 2. 3 - Rôle

Son rôle physiologique reste mal élucidé. Elle aurait notamment un rôle d’antagoniste de l’insuline sur le métabolisme maternel favorisant ainsi l’apport de nutriments au fœtus.

Elle aide au développement du fœtus par son effet somatotrope (sur la mère exclusivement car HPL ne passe pas la barrière placentaire), cet effet anabolisant se traduit par :

  • une synthèse protéique augmentée avec bilan azoté positif,
  • une lipogenèse par effet direct et par le biais d’un hyperinsulinisme,
  • une lipolyse accrue avec libération d’acides gras libres circulants pour la mère qui peut ainsi épargner son glucose pour le fœtus.


Ainsi, un des rôles majeurs d’HPL est d’assurer au fœtus un apport énergétique suffisant et constant sous la forme de glucose aux dépens d’un trouble métabolique induit chez la mère qui utiliserait préférentiellement les substrats lipidiques.

De plus, l’HPL a une activité mammotrope, seule ou en synergie avec la prolactine, mais cette action mammaire doit être préparée par les stéroïdes.

En pratique, l’HPL est un des meilleurs marqueurs de la fonction placentaire et donc du bien-être fœtal.

2 . 5 . 1 . 3  -  GH placentaire (hormone de croissance)

2. 5. 1. 3. 1 - Composition

L’HPGH est le produit du gène hGH-V exclusivement exprimé dans le placenta. 


2. 5. 1. 3. 2 - Sécrétion

Elle est synthétisée par le syncytiotrophoblaste et est secrétée dans le compartiment maternel de façon non pulsatile.

En début de grossesse, la GH circulante chez la mère est d’origine hypophysaire. Après la première moitié de la grossesse, l’hormone placentaire remplace progressivement la GH hypophysaire qui devient indétectable.


2. 5. 1. 3. 3 - Rôle


Il reste aussi mal connu. L’hPGH possède une activité somatotrope importante, similaire à celle de la GH hypophysaire et est reconnue par les mêmes récepteurs.

Comme l’hPL, l’hPGH joue un rôle sur le métabolisme maternel en favorisant l’apport nutritionnel au fœtus.

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