L'eczéma allergique de contact (ou dermite, ou dermatite de contact) est une dermatose très fréquente. Elle est due à une sensibilisation à des substances en contact avec le revêtement cutané, suivie d'une réaction immunitaire qui fait intervenir l'hypersensibilité retardée. Le diagnostic différentiel principal est la dermite d'irritation de contact qui ne fait pas intervenir l'immunité lymphocytaire T spécifique.
L'eczéma allergique de contact est une forme particulière de réaction d'hypersensibilité retardée à médiation cellulaire secondaire à l'application sur la peau d'une substance exogène.
L'eczéma de contact évolue en deux phases :
Phase de sensibilisation : cette phase peut durer de quelques jours à plusieurs années. Le produit sensibilisant exogène est le plus souvent une haptène, c'est-à-dire une substance non immunogène par elle-même, qui pénètre dans la peau, où elle s'associe à une molécule porteuse pour former un couple haptène-protéine qui constitue l'allergène complet. L'allergène est pris en charge par les cellules de Langerhans (cellules dendritiques) de l'épiderme. Les cellules de Langerhans subissent alors des modifications cellulaires et membranaires et expriment alors à leur surface le récepteur CCR7 (récepteur à la chimiokine MIP-3bêta) qui leur permet de se diriger vers la zone paracorticale des ganglions lymphatiques après avoir traversé la membrane basale, et migré à travers le derme. Pendant cette migration, elles subissent une maturation qui les rend capables d'activer des lymphocytes T « naïfs ». Les cellules de Langerhans matures présentent l'haptène en association avec des molécules HLA de classe I aux lymphocytes T CD8+ et en association avec des molécules HLA de classe II aux lymphocytes T CD4+. Les lymphocytes T capables d'interagir par leur récepteur (TCR) avec le complexe haptène-peptide/molécule du CMH sont activés, prolifèrent et se différencient alors en LT effecteurs et en LT « mémoires » circulants qui vont pouvoir retourner vers l'épiderme si l'antigène est réintroduit. Cette première phase dure de 5 jours chez la souris à 10-15 jours chez l'homme. Elle est cliniquement asymptomatique.
Phase de déclenchement : elle survient chez un sujet sensibilisé, 24 à 48 heures après un contact avec le même antigène/haptène. La prise en charge de l'haptène par les kératinocytes et les cellules de Langerhans induit la production de cytokines et chimiokines qui permettent le recrutement dans le derme des lymphocytes T CD4+ et CD8+ « mémoires » qui portent à leur surface des récepteurs de chimiokines et des molécules de domiciliation appelées CLA pour « cutaneous lymphocyte antigen ». Les lymphocytes T CD8 jouent un rôle effecteur essentiel dans le déclenchement des lésions alors que les lymphocytes T CD4 semblent être doués de propriétés régulatrices aboutissant à la résolution de l'inflammation.
La plupart des lymphocytes T CD8 impliqués dans les réactions d'eczéma de contact synthétisent des cytokines de type Tc1 (IL-2, IFN-g, ?lymphotoxine et TNF). La majorité des lymphocytes T CD4 synthétisent également des cytokines de type Th1 (IL2, IFNg et TNF) mais un faible nombre de lymphocytes T CD4 synthétisent des cytokines de type Th2 (IL-10). Cette population CD4 de type Th2 pourrait jouer un rôle de régulation négative, comme la population de lymphocytes CD4+ CD25+, par l'intermédiaire de la synthèse d'IL-10. Les cytokines de type Th1 sont impliquées dans l'activation des mastocytes, à l'origine du recrutement des polynucléaires neutrophiles.
Les lymphocytes T CD8 exercent leurs activités cytotoxiques soit par la voie des granzymes et perforines qu'ils synthétisent, soit par la voie Fas/FasL. Ce sont eux qui en détruisant les kératinocytes et en les mettant en apoptose, sont responsables des lésions.
Les kératinocytes et les cellules endothéliales sont également activées. Les kératinocytes, sous l'action de l'IFNg seul ou en association avec le TNF sécrètent d'autres cytokines et des chimiokines. Ces chimiokines (IP 10, MIG, I-TAC) attirent les lymphocytes T (de type Th1 et Tc1) portant CXC-R3 qui représentent plus de 70 % de l'infiltrat cellulaire intra-épidermique. Ensuite, au cours des phases plus tardives de la réaction, des chimiokines produites par des cellules dendritiques (I-309) attirent les lymphocytes Th2 et les lymphocytes régulateurs CD4+ CD25+ qui interviennent dans l'arrêt de la réaction.