3  -  Quelles sont les étapes de l'examen clinique ?


 Chevrant-Breton O, Coiffic J, Paysant F, Leingre-Marion C, Poulain P. Examen en urgence de la femme agressée sexuellement. Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF); 1997.


Deux situations cliniques peuvent amener à modifier la prise en charge :

  1. La victime peut être adressée sur réquisition : l'examen gynécologique et les prélèvements doivent théoriquement être effectués rapidement voire en urgence,
  2. La victime peut se présenter spontanément ou accompagnée de ses parents s'il s'agit d'un ou d'une mineur. L'évaluation psychosociale est alors fondamentale et doit être réalisée sauf cas évident avant l'examen clinique et gynécologique.


La consultation médicale avec examen génito-anal doit être réalisée avec le maximum de compétence.


Après explication des objectifs de l'examen médical, celui-ci doit être réalisé dans une salle accueillante, bien éclairée.

L'exhaustivité du matériel nécessaire pour la consultation doit être contrôlée avant la consultation.

L'entretien médical va préciser :

3 . 1  -  À l'interrogatoire

  • Des informations générales :
    • la date, l'heure et les personnes présentes,
    • la qualité de l'entretien (comportement psychologique de la victime),
    • l'attitude et le comportement.
  • Les antécédents :
    • médico-chirurgicaux,
    • gynéco-obstétricaux,
    • développement staturo-pondéral,
    • activité sexuelle antérieure,
    • contraception,
    • utilisation des tampons,
    • la date du dernier Frottis Cervico-Vaginal (FCV) (voir frottis cervico-vaginal) ,
    • la date des dernières règles.
  • L'agression : type de sévices, rappel des faits pour expliquer la démarche et le pourquoi de l'examen clinique. Ces détails sont parfois fournis par la demande des autorités judiciaires avec la réquisition. Dans ce cas, il n'est pas nécessaire de rappeler les circonstances douloureuses de l'agression.
  • La symptomatologie :
    • Signes fonctionnels au moment de l'agression,
    • Préciser si une toilette a été effectuée et si les vêtements ont été changés,
    • Signes fonctionnels actuels : douleur, saignement ?

3 . 2  -  L'examen clinique

L'examen clinique comporte :

  • Description des lésions : localisation (cuir chevelu, face, thorax, membres supérieurs, abdomen, fesses, cuisse, membres inférieurs) :
    • type (plaie, hématomes, contusions et ecchymoses),
    • taille,
    • ancienneté,
    • autres traces de violence (vêtements),
    • => Schéma voire photographie.


Les prélèvements seront effectués (sperme et biologie moléculaire : cf. chapitre ci-dessous).

NB : Nous ne conseillons pas de faire le test au ballonnet qui est un geste intrusif avec risques (physiques et psychologiques) et dont les renseignements fournis sont faibles.

  • Toucher Vaginal (TV) : 1 doigt voire 2 (1re ou 2e phalange) pour tester le degré de perméabilité de l'hymen,
    • Remarque sur les organes pelviens :
      • Examen du périnée postérieur.
    • Anus et plis radiés à l'inspection.
    • TR (facultatif) : sphincter anal : tonicité.


Le médecin doit tout inscrire et faire un schéma des constatations anatomiques.

3 . 3  -  Prélèvements

Au cours de l'examen clinique, sont réalisés des prélèvements.

Objectifs : identifier l'agresseur et prévenir les complications.


Identifier l'agresseur.
Les prélèvements à effectuer en cas d'agression récente sont réalisés :


1. La recherche de spermatozoïdes :

  • prélèvement sur pipette ou sur écouvillon,
  • un étalement sur lame pour examen par un biologiste dans les 24 heures.


2. Les analyses génétiques :

Elles seront prélevées avec des gants, saisies et scellées par les enquêteurs.

  • Prélèvements de poils ou de cheveux de l'agresseur :
    • si possible avec le bulbe,
    • à conserver dans une enveloppe en papier kraft à température ambiante.
  • Si la victime a griffé l'agresseur :
    • prélèvement en raclant sous les ongles de la victime
    • prélever sous chaque ongle des doigts en précisant le côté de la main.
    • si les ongles sont longs, il faut proposer à la victime de couper les ongles pour augmenter les chances d'obtenir des tissus de l'agresseur.
    • Conservation à sec.
  • Si l'agresseur à mordu la victime :
    • écouvillonnage pour prélever la salive :
    • Utiliser des écouvillons humides puis secs.
  • Vêtements tachés (sang, salive, sperme) :
    • faire sécher à l'air si besoin,
    • conserver à température ambiante dans une enveloppe en papier kraft.
  • Identification ADN de la victime :
    • Prélèvement de sang sur tube EDTA, conservé à 4°,
    • Si le prélèvement sanguin pause problème discuter :
      • microprélèvement (goutte de sang) sur papier buvard,
      • cytobrosse à la face interne des joues (indispensable en cas de refus de prise de sang, ou de transfusion sanguine récente).


Prévenir les complications <=> recherche de MST

  • Recherche de toxiques : selon les déclarations, au moindre doute et si le clinicien constate :
    • confusion,
    • amnésie,
    • ivresse,
    • hallucination,
    • hébétude,
    • malaise.
    • Prélever un tube sec de 10 cc. Prélever des urines (quelques gouttes suffisent avec certains kits).
  • Recherche d'une éventuelle grossesse par le dosage des β-hCG.
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