On parle de féconditéDéfinitionÉtat d'un individu qui a déjà conçu un enfant. lorsque l'individu a conçu. Le contraire est l'inféconditéDéfinitionÉtat, volontaire ou involontaire, d'un individu qui n'a jamais conçu d'enfant., qu'elle soit volontaire ou involontaire.
Un individu fertileDéfinitionFertilité : État d'un individu apte à concevoir un enfant. est un individu apte à concevoir. On parle de stérilitéDéfinitionÉtat involontaire d'un individu inapte à concevoir un enfant. lorsqu'un couple reste sans enfant après deux ans de rapports complets, de fréquence suffisamment rapprochée et sans contraception d'aucune sorte. La stérilité est toujours involontaire.
Une stérilité est dite « primaire » lorsqu'il n'y a jamais eu de grossesse.
Dans notre pays, il est actuellement admis que 15 à 20 % des couples consulteront à un moment donné pour une difficulté à concevoir. Parmi ces couples, 2/3 obtiendront une grossesse alors que l'autre tiers ne pourra pas réaliser son projet parental par la médicalisation.
Dans l'espèce humaine, la fécondabilitéDéfinitionProbabilité de concevoir à chaque cycle menstruel., c'est-à-dire la probabilité de concevoir à chaque cycle menstruel, est en moyenne de 25 % par cycle. On connaît actuellement le pourcentage cumulatif de grossesse à l'échelon d'une population en fonction du temps d'exposition. Ainsi, 10 % des couples qui concevront spontanément attendront 18 mois et à 2 ans, 90 % des couples auront conçu.
Globalement, la cause de stérilité est :
- d'origine féminine dans environ 30 % des cas,
- d'origine masculine dans environ 20 % des cas,
- d'origine mixte dans environ 40 % des cas.
La stérilité reste inexpliquée dans un peu moins de 10 % des cas.
Les buts de la première consultation pour stérilité sont :
- de confirmer le diagnostic de stérilité,
- de dépister une cause simple (mauvaise connaissance de la période de fécondabilité par exemple…),
- de pratiquer un bilan de base qui sera complété selon les premiers résultats et l'évolution clinique.
Rappels :
Bien que nous ne connaissions pas encore tous les facteurs qui permettent d'aboutir à une fécondation, certains sont bien cernés :
Chez la femme, il faut :
Chez l'homme, il faut :
- un testicule normal,
- une sécrétion normale de FSH et de testostéroneDéfinitionHormone stéroïdienne, du groupe des androgènes. Elle est sécrétée par les testicules, bien que de faibles quantités soient aussi sécrétées par les glandes surrénales. C'est la principale hormone sexuelle mâle et le stéroïde anabolisant « original ». Chez l'homme, la testostérone joue un rôle clé dans la santé et le bien-être, en particulier dans le fonctionnement sexuel. Entre autres exemples ces effets peuvent être une libido plus importante, une énergie accrue, une augmentation de la production de cellules sanguines et une protection contre l'ostéoporose. En moyenne, un homme adulte produit environ 40 à 60 fois plus de testostérone qu'une femme adulte, mais les femmes sont d'un point de vue comportemental (plus que d'un point de vue anatomique ou biologique), plus sensible à l'hormone. Cependant, à l'échelle d'une population, les gammes de concentration pour les hommes et les femmes sont très étendues, de telle sorte qu'elles se chevauchent respectivement pour les valeurs basses et hautes.,
- un liquide séminalDéfinitionLiquide biologique fabriqué par des glandes génitales masculines (prostate et vésicules séminales principalement) et émises au moment de l'éjaculation. Le liquide séminal contient les spermatozoïdes. de bonne qualité, donc une prostateDéfinitionLarge glande de l'appareil génital masculin, dont la fonction principale est de sécréter et de stocker le liquide séminal, l'un des constituants du sperme. et des vésicules séminalesDéfinitionDeux glandes débouchant dans la prostate pour se relier aux canaux déférents qui devient à ce niveau le canal éjaculateur. Elles produisent un liquide riche en fructoses, partie majoritaire du sperme. Ce liquide sert à nourrir les spermatozoïdes qu'elles stockent. Elles se situent en dérivation sur les voies spermatiques, mesurent 5 à 10 cm de long, pour un volume de 5 à 10 ml. Les vésicules séminales sont androgéno-dépendantes. Leur sécrétion est le plasma séminal. fonctionnant bien,
- l'absence d'anomalies de l'épididymeDéfinitionOrgane cylindrique situé derrière chaque testicule et s'étalant en « embrassant » celui-ci, faisant suite aux canaux efférents, petits tubes sortant du testicule. L'épididyme se prolonge par le canal déférent ou canal spermatique, qui débouche dans l'urètre et qui est destiné à évacuer à la fois les urines et le sperme. Le canal de l'épididyme est microscopique et très long. Sa forme anatomique le maintient pelotonné sur lui-même. C'est à l'intérieur de celui-ci que les cellules spermatiques, c'est-à-dire les précurseurs des spermatozoïdes produits dans le testicule, progressent lentement en achevant leur maturation., des déférentsDéfinitionCanal déférent ou spermiducte : Canal qui permet aux spermatozoïdes de sortir de chacun des testicules et de rejoindre la prostate., des canaux éjaculateursDéfinitionCanaux éjaculateurs ou conduits éjaculateurs : Deux conduits très courts, essentiellement localisés dans la partie postérieure de la prostate, et qui sont à l'origine du réflexe de l'éjaculation. Un canal éjaculateur naît de la jonction du canal déférent et de l'abouchement de la vésicule séminale. Il pénètre dans la prostate et s'y termine dans l'urètre, au niveau du colliculus séminal. Sa direction est oblique caudalement et ventralement, et il mesure environ 2 cm. Au cours de l'éjaculation, le sperme passe par ce conduit pour ensuite emprunter l'urètre, et finalement sortir du corps par l'extrémité distale du pénis.,
- l'absence d'anomalies de l'éjaculation (éjaculation rétrograde).
Chez le couple, il faut :
- des rapports complets, à intervalles assez rapprochés pour que l'un d'entre eux intervienne dans la période de fécondabilité de la femme.
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Comment conduire la première consultation d'un couple pour stérilité ?
Comme toujours, cette consultation se déroule en deux temps : un temps d'interrogatoire, avant la réalisation de l'examen clinique.
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Anamnèse
L'anamnèseDéfinitionRécit des antécédents médicaux, et historique de la plainte actuelle du patient, avec les résultats des différentes explorations déjà faites et les traitements entrepris. « Plainte » signifie ici « de quoi se plaint » le patient (et non pas « faire une plainte »). Elle est recueillie en général suite à un interrogatoire mené par un médecin auprès du patient ou de l'un de ses proches. Elle est le premier élément de l'examen médical proprement dit. Elle est colligée dans le dossier médical. C'est la première étape pour aboutir au diagnostic. doit être complète et méthodique.
L'ancienneté de la stérilité est un paramètre pronostique important à relever.
Pour chacun des membres du couple, il faut demander :
- l'âge, car la baisse de la fécondité intervient dès 35 ans chez la femme et de façon plus tardive mais néanmoins réelle chez l'homme,
- la profession : notion d'exposition à la chaleur, aux pesticides…,
- les antécédents familiaux, et notamment l'existence de difficultés de conception chez d'autres membres de la famille,
- les antécédents personnels médicaux à la recherche d'une maladie chronique (diabète par exemple (voir diabète (nutrition), diabète (endocrinologie), diabète et grossesse et (diabète gestationnel))) ou d'un antécédent de maladie infectieuse traitée (tuberculoseDéfinitionMaladie infectieuse transmissible et non immunisante, avec des signes cliniques variables. Elle est provoquée par une mycobactérie du complexe tuberculosis correspondant à différents germes et principalement Mycobacterium tuberculosis (ou Bacille de Koch (BK)). (voir tuberculose (rhumatologie) et tuberculose (gynécologie)) ou oreillons par exemple),
- les antécédents chirurgicaux extra-génitaux : appendicectomie compliquée…,
- la fréquence des rapports sexuels, les troubles de la sexualité,
- la consommation de tabac (voir tabac), alcool (voir alcool) et autres drogues (voir drogue).
Pour la femme, il faut demander :
- une notion éventuelle d'exposition au diéthylstilbœstrolDéfinitionDiÉthylstilBestrol (DES) : Œstrogène de synthèse dangereux, autrefois prescrit contre les avortements à répétition et les accouchements prématurés. in utero (risque de DES syndrome),
- les antécédents gynéco-obstétricaux détaillés : âge des premières règles, longueur du cycle, Syndrome PréMenstruelDéfinitionEnsemble des symptômes qui surviennent régulièrement, chez certaines femmes, avant les règles. Le plus souvent, ces symptômes se manifestent dans les quelques jours qui les précèdent, mais parfois ils peuvent se produire dès le milieu du cycle. Trois symptômes sont particulièrement fréquents : la tension mammaire, le ballonnement de l'abdomen et la tension psychique. Cependant, bien d'autres troubles peuvent être présents, comme des jambes lourdes, des céphalées ou des migraines, des troubles digestifs… Au total, plus de 100 manifestations cliniques ont été rapportées. Ces symptômes varient, en nature et en intensité, selon les femmes. Bien que la cause de cette affection reste mystérieuse, la modification des sécrétions hormonales semble être impliquée. (SPM) (voir syndrome prémenstruel (métrorragie) et syndrome prémenstruel (algies pelviennes)), durée des règles, mode de contraception utilisé antérieurement, grossesses antérieures et leur issue (IVG (voir IVG), Fausse-Couche Spontanée (FCS), GEU (voir grossesse extra-utérine), accouchement), notion d'infection génitale basse ou haute (salpingiteDéfinitionInflammation d'une, ou des deux (dans 60 % des cas) trompes de Fallope. Cause fréquente de stérilité, la salpingite passe parfois inaperçue, et n'est alors découverte qu'à l'occasion d'un bilan de stérilité par exemple. Un germe de maladies sexuellement transmissibles est toujours responsable de la primo-infection (gonocoques et chlamydia surtout), l'infection par d'autres bactéries pathogènes ne se produisant que secondairement par voie vaginale, sanguine, lymphatique ou péritonéale.) (voir salpingite),
- les examens déjà pratiqués, leurs résultats ; les explorations chirurgicales avec si possible le compte-rendu opératoire ; les traitements déjà prescrits, leur tolérance et les résultats,
- dès la première consultation, il convient de se préoccuper du statut immunitaire vis-à-vis de la rubéole (voir rubéole et rubéole (aspect échographique)) pour envisager, en cas d'absence d'anticorps protecteurs, une vaccination (avec les précautions d'usage).
Pour l'homme, il faut demander :
- les antécédents andrologiques, également détaillés : développement de la puberté, notion de traumatisme testiculaire ou d'intervention chirurgicale sur la bourse, antécédents d'infections urinaires ou génitales (modalités de diagnostic et traitement),
- la notion d'une cure chirurgicale pour hernie inguinaleDéfinitionTuméfaction de l'aine causée par l'extériorisation du péritoine d'un sac herniaire à contenu digestif, à travers un trou (le collet) de la paroi abdominale résultant d'une malformation de naissance ou acquise. (voir hernie inguinale), éventuellement bilatérale, et qui doit être relevée (risque de ligature du canal déférent lors du geste si intervention dans l'enfance),
- la notion de paternité d'une précédente union, qui doit être notée. Des difficultés éventuelles de conception sont relevées (délai à l'obtention, finalement spontanée, d'une grossesse ; médicalisation),
- des troubles de la miction, qui doivent entraîner un bilan urologique car, par exemple, une simple sténoseDéfinitionModification anatomique qui se traduit par un rétrécissement d'une structure (canal, vaisseau). de l'urètreDéfinitionCanal de sortie de la vessie. Il a une fonction excrétrice dans les deux sexes (sortie de l'urine) et de plus chez l'homme une fonction reproductrice (passage du sperme). peut être la cause de la stérilité.
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Examen clinique
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Chez la femme
Il faut réaliser un examen gynécologique classique dans de bonnes conditions (vessie vide) avec quelques précisions :
- Étude du morphotype (rapport poids-taille ; pilosité à la recherche d'une hypertrichoseDéfinitionHypertrichose ou polytrichie ou polytrichose ou trichauxis : Symptôme d'un dérèglement hormonal qui se manifeste, chez l'homme ou la femme, par une pilosité envahissante sur une partie du corps ou sa totalité. ou d'un hirsutismeDéfinitionApparition d'une pilosité de type masculine dans des zones habituellement glabres chez la femme (visage, cou, thorax, ligne blanche, régions fessières et intergénitocrurales). Les poils du corps poussent selon un modèle masculin (poils androgéniques). L'hirsutisme est un symptôme plutôt qu'une maladie mais peut être le signe d'une indication médicale plus sérieuse, surtout s'il se développe bien après la puberté. ou à l'opposé d'une dépilation),
- Inspection du périnée, à la recherche d'une malformation,
- Examen au spéculumDéfinitionOutil médical – généralement en métal ou à usage unique en plastique – permettant d'explorer une cavité corporelle par l'écartement des parois. (voir spéculum) pour apprécier le vagin, le col et la glaire par rapport à la date des dernières règles,
- Toucher vaginal (taille, mobilité et sensibilité de l'utérus ; masse latéro-utérine),
- Examen des seins et aires ganglionnaires de drainage (nodulesDéfinitionNodule : Petite nodosité, petite saillie plus ou moins fibreuse normale ou pathologique, survenant à l'intérieur de la peau ou d'une muqueuse, ayant la forme d'une petite sphère, d'un grain et palpable., galactorrhéeDéfinitionÉcoulement de lait par le mamelon en dehors de l'allaitement normal de l'enfant. Elle peut avoir lieu des deux côtés (bilatérale), ou ne se produire qu'à travers un seul mamelon (unilatérale). Il est parfois nécessaire d'appuyer sur le sein pour faire sortir du liquide. provoquée uni- ou bi-latérale, uni- ou pluri-canalaire),
- Palpation de la thyroïde (augmentation de volume ?).
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Chez l'homme
Au terme de cette première consultation, le diagnostic de stérilité est confirmé ou différé. Certaines causes de non-fécondation sont dépistées comme :
- des rapports sexuels en dehors de la période de fécondabilité de la femme par méconnaissance de la physiologie. Il suffit alors de réexpliquer à l'aide d'une courbe ménothermiqueDéfinitionTracé relevant les variations de la température corporelle rectale au cours d'un cycle menstruel. Pour établir une telle courbe, la température doit être prise tous les matins à la même heure, si possible avant le lever. On note également les dates des règles, douleurs pelviennes, saignements inter-menstruels, thérapeutiques prises, rapports sexuels. Le jour de l'ovulation, le changement des taux d'hormones circulant dans le sang (arrivée de progestérone) provoque une élévation d'environ un demi-degré Celsius. Cette élévation disparaît en fin de cycle, s'il n'y a pas eu de fécondation, au moment où le corps jaune régresse. Il est intéressant d'établir de telles courbes ménothermiques pour une femme qui veut pratiquer une contraception sans contraceptifs, uniquement basée sur l'évaluation du jour de l'ovulation. La méthode reste cependant très aléatoire car de nombreux facteurs peuvent perturber la courbe (se lever la nuit, toute maladie, etc.). éventuellement la période optimale pour une grossesse,
- l'absence de rapports sexuels, dont les causes sont variées. Il faut alors en premier lieu faire le bilan de cette problématique.
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