Le diagnostic prénatal est un acte médical individuel qui concerne une femme enceinte et s’intéresse à l’état de santé de l’enfant qu’elle porte. Le but est de prévenir certaines des conséquences de l'affection diagnostiquée par exemple en organisant une prise en charge précoce et adaptée de l’enfant, dès la naissance.
Cependant, pour ce qui concerne les affections génétiques, elles sont souvent graves et incurables. Le médecin se trouve alors confronté à ses limites thérapeutiques et peut accepter de pratiquer une interruption de la grossesse si le couple parental informé en fait la demande.
En effet, en France, depuis la loi du 17 janvier 1975 (loi Veil), l'interruption de grossesse pour motif médical (IMG) est possible à tout moment de la grossesse en particulier lorsque « existe une forte probabilité que l'enfant à naître soit atteint d'une affection d'une particulière gravité, reconnue comme incurable au moment du diagnostic ».
L’encadrement juridique du diagnostic prénatal (L2131-1 à 3 et L.2213.1 à 3 du CSP)
Le diagnostic préimplantatoire consiste à réaliser un diagnostic biologique à partir de cellules prélevées sur l’embryon in vitro. Il offre la possibilité de distinguer, parmi un lot d’embryons, ceux qui pourront être transférés dans l’utérus maternel, poursuivre leur développement et donner naissance à un enfant. Ainsi, dans le DPI, après la phase du diagnostic vient inéluctablement une deuxième phase, celle de la sélection. C’est cette démarche de tri embryonnaire qui appelle à une réflexion éthique.
L’encadrement juridique du diagnostic préimplantatoire (L.2131-4 du CSP)
Les principaux enjeux éthiques du diagnostic prénatal et du diagnostic préimplantatoire au niveau individuel et collectif
• Questionnement éthique au sein des CPDPN, face à une décision difficile : discussion collégiale et examen de chaque situation au cas par cas.
Comment définir les critères de « particulière gravité » et « d’incurabilité »?
Qui doit juger de la particulière gravité : les familles en fonction de leur vécu, les médecins sur des bases scientifiques ou la société sur des éléments socio-économiques ? Et comment agir lorsque les avis des uns ou des autres divergent ?
Pour être considérée comme « particulièrement grave », une maladie doit-elle être mortelle dans l’enfance, ou bien à l’origine d’un handicap mental, ou peut-être d’un handicap physique, esthétique ou fonctionnel ? Que dire d’une maladie rapidement évolutive mais qui ne se déclarerait qu’à l’âge adulte ? Que dire d’une maladie chronique, peu grave, mais nécessitant des soins quotidiens tout le long de la vie ?
Comment gérer l’incertitude diagnostique, fréquente en période prénatale ?
Que faire lorsque persiste un doute, quand, arrivé aux limites des connaissances médicales, il faut dire son ignorance, dire que « probablement tout ira bien, mais…. »
Actuellement, le recours au CPDPN pour toute décision d’IMG cherche à garantir que :
• La question de l’eugénisme
La question du potentiel eugéniste des pratiques de DPN et de DPI est parfois éludée, ne serait-ce que dans leur énoncé même. C’est la dimension diagnostique qui est valorisée quitte à passer sous silence ce qu’il advient en cas de résultat défavorable : l’interruption de la grossesse ou la sélection embryonnaire c'est-à-dire la décision d’arrêter la vie débutante du fœtus ou des embryons.
En France, la loi est formelle, elle interdit et puni sévèrement toute pratique eugénique :
« Toute pratique eugénique tendant à l'organisation de la sélection des personnes est interdite. » (L.16-4 du Code Civil)
« Le fait de mettre en œuvre une pratique eugénique tendant à l'organisation de la sélection des personnes est puni de trente ans de réclusion criminelle et de 7 500 000 Euros d'amende. » (L.214-1 du Code Pénal)
Comme démarche individuelle, résultant du choix libre, éclairé et toujours difficile d’un couple confronté à la perspective des souffrances à venir (pour l’enfant s’il venait à naître, pour leur entourage et pour eux-mêmes), DPN ou DPI sont socialement acceptés et encadrés.
Les craintes de dérive eugéniste portent sur le passage possible d’une démarche individuelle à un choix collectif, soit par la somme de démarches individuelles normalisées (par exemple, par la banalisation du recours à l’IMG en cas de diagnostic d’une déficience mentale), soit par l’organisation de dépistage en population (par exemple, par l’extension et la systématisation de l’évaluation du risque de trisomie 21 au cours des grossesses).
Ce qui peut protéger ces pratiques, DPN comme DPI, d’un penchant par trop eugénique c’est :