1  -  Cancers cutanés

Ils représentent 90 % de l’ensemble des cancers survenant chez les transplantés.

1 . 1  -  Carcinomes cutanés

Les carcinomes cutanés sont les plus fréquents.

Il s’agit de carcinomes épidermoïdes (CE) (dit spinocellulaires) et basocellulaires (CBC) (item 149 : carcinomes cutanés).

Physiopathologie

Les mécanismes qui sont à l’origine de cette fréquence élevée de carcinomes sont multiples et sont liés à l’immunosuppression thérapeutique :
  • mutations induites par les ultraviolets (mal réparées sous immunosuppresseurs et concernant par exemple la protéine p53) ;
  • taux élevé d’infections par des papillomavirus humains (PVH) notamment de type oncogène (mais pas exclusivement).

1 . 1 . 1  -  Risque de carcinome cutané

Le risque de carcinome cutané concerne l’ensemble des greffés.

Il est 65 à 250 fois plus élevé pour les carcinomes épidermoïdes que dans la population normale ; et 50 à 70 % des sujets auront un cancer dans les 20 ans suivant la transplantation.

Le délai moyen de survenue du premier carcinome cutané est de 7 à 8 ans après la transplantation.

Le risque de développer un carcinome dépend :

  • de l’âge au moment de la greffe ;
  • du type de peau (phototype clair) ;
  • des expositions solaires préalables ;
  • du degré d’immunosuppression.

1 . 1 . 2  -  Caractéristiques des carcinomes

Les caractéristiques des carcinomes survenant chez les transplantés sont les suivantes :

  • une prépondérance de CE alors que les CBC prédominent chez les sujets immunocompétents. Ces CE sont plus agressifs avec un taux de métastases et de récidives locales non négligeable (de l’ordre de 8 et 12 % respectivement) ;
  • un siège essentiellement sur les parties découvertes (exposées au soleil) : mains, avant-bras, décolleté, visage ;
  • un aspect clinique fréquemment trompeur imposant au moindre doute d’effectuer des biopsies notamment en cas de lésions résistant aux traitements destructeurs simples ;
  • des lésions souvent multiples, fréquemment associées à des verrues (vulgaires ou planes) ou à des lésions prénéoplasiques telles que les kératoses actiniques.

1 . 2  -  Maladie de Kaposi (MK)

Elle est caractérisée par la formation de lésions cutanées ou viscérales par prolifération de cellules fusiformes et de vaisseaux dermiques.

1 . 2 . 1  -  Épidémiologie

Cette prolifération est induite par une infection par le virus herpès virus 8 (HHV8), qui peut être soit latent, soit réactivé par l’immunosuppression.

Le risque de développer une MK est donc plus important dans les populations où la prévalence de cette infection à HHV8 est la plus élevée : bassin méditerranéen, Afrique, Italie du Sud (à titre d’exemple, la fréquence de MK après greffe rénale est de 0,45 % en Île-de-France, de 2,4 % en Israël et de 4 % en Arabie Saoudite).

1 . 2 . 2  -  Clinique

Les lésions apparaissent plus précocement après la transplantation que les carcinomes, en moyenne 1 à 2 ans après la greffe.

Elles se caractérisent par des nodules angiomateux ou des plaques infiltrées, bleutées, parfois kératosiques souvent développées sur un lymphÅ“dème. La maladie peut concerner la peau et les muqueuses et de nombreux tissus notamment respiratoires et digestifs.

1 . 3  -  Autres tumeurs

1 . 3 . 1  -  Mélanome

Le surrisque de mélanome après transplantation varie de 1,3 à 4,5 en fonction des pays et du phototype des individus avec un délai moyen de survenue de 5 ans après la transplantation.

Les facteurs de risque sont représentés par des antécédents d’expositions solaires importantes, la présence d’un grand nombre de nævus, un phototype clair.

1 . 3 . 2  -  Autres tumeurs

Les autres tumeurs plus rares sont le kératoacanthome, proche du CE, le carcinome neuroendocrine développé aux dépens des cellules de Merkel cutanées, et les lymphomes cutanés.

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