2  -  Diagnostic étiologique

La recherche de l’allergène responsable est indispensable.

Elle repose sur :

  • l’interrogatoire ;
  • l’examen clinique ;
  • les tests épicutanés (ou patch tests) ;
  • la recherche de la pertinence des tests épicutanés.

2 . 1  -  Interrogatoire

L’interrogatoire est un élément très important de l’enquête étiologique.

Il permet parfois de suspecter un ou plusieurs allergènes et oriente les tests épicutanés.

Les éléments importants à rechercher sont les suivants.

2 . 1 . 1  -  Topographie initiale

Elle a une grande valeur d’orientation .Les lésions sont initialement localisées à la zone de contact avec l’allergène (Figure 4) ; elles peuvent ensuite diffuser à distance.

Figure 4 : Eczéma de contact (cuir des chaussures)

2 . 1 . 2  -  Circonstances de déclenchement

Il faut faire préciser les activités ayant pu conduire à un contact avec un allergène particulier 24heures à quelques jours avant le début des lésions : profession, jardinage, bricolage, menuiserie, peinture, application d’un cosmétique ou d’un parfum…

2 . 1 . 3  -  Chronologie

Il faut préciser l’évolution des lésions au cours du temps, leur amélioration ou leur aggravation pendant les week-ends, les vacances ou d’éventuels arrêts de travail.

2 . 1 . 4  -  Traitements locaux utilisés

Il faut préciser tous les traitements locaux utilisés avant et après l’apparition de la dermatose, ainsi que les produits d’hygiène, parfums et cosmétiques appliqués.

2 . 2  -  Examen clinique

Certaines localisations ont une valeur d’orientation :

  • un eczéma du lobule des oreilles, du poignet et de l’ombilic fait évoquer une sensibilisation au nickel ;
  • un eczéma du visage, des paupières ou du cou oriente vers une allergie aux cosmétiques, aux vernis à ongles, aux produits volatils (parfums, peintures, végétaux…) ;
  • un eczéma des pieds oriente vers une allergie à un constituant des chaussures : chrome du cuir sur le dos du pied, agents de vulcanisation du caoutchouc sur la plante.

2 . 3  -  Tests épicutanés ou patch-tests

Ils sont indispensables pour obtenir un diagnostic de certitude de l’allergène en cause, dont l’éviction est primordiale (pour autant que ce soit possible) (Figure 5).

Figure 5 : Pose de batteries de tests épicutanes

2 . 3 . 1  -  Pratique des tests

Ils sont orientés par l’interrogatoire et l’examen clinique.

Ils sont réalisés à distance de la poussée d’eczéma (2 mois).

Le test épicutané est fait en milieu spécialisé (encadré « Technique »).

Technique

Différents allergènes sont appliqués sous occlusion sur le dos pendant 48 heures.

La lecture est faite à 48 heures, 15min après avoir enlevé les tests.

Une seconde lecture est réalisée à 72–96 heures, parfois à 7 jours pour certains allergènes (corticoïdes par exemple).

La lecture est la suivante :
  • test négatif : peau normale ;
  • test positif : reproduisant la lésion d’eczéma, à distinguer d’une simple réaction d’irritation :
    • + : érythème, papule,
    • ++ : érythème, papule et vésicules,
    • +++ : érythème, papule, nombreuses vésicules confluentes, vésiculo-bulles.

On réalise habituellement :
  • la batterie standard européenne, qui comprend les 25 substances les plus fréquemment en cause (encadré « Batterie standard européenne des allergènes ») ;
  • des tests avec les produits utilisés par les malades ;
  • et éventuellement des batteries spécialisées orientées (coiffure, cosmétiques, photographie, peintures…).

2 . 3 . 2  -  Pertinence des tests épicutanés

Le résultat des tests épicutanés doit être confronté aux données de l’interrogatoire afin de déterminer si les allergènes identifiés par ces tests sont vraiment les responsables de l’eczéma récent.

Ils peuvent seulement témoigner d’une sensibilisation ancienne sans rapport avec les lésions récentes.

Un résultat négatif n’élimine pas formellement une allergie de contact, il faut parfois savoir utiliser directement les produits bruts suspectés (ex : cuir, semelle de chaussure…) ou réaliser des tests moins standardisés (tests d’usage).

2 . 4  -  Principales causes

Les allergènes en cause sont très variés, et il est nécessaire de faire appel à un spécialiste formé à la pratique et l’interprétation des tests, en particulier quand il faut prendre une décision importante d’orientation ou de reclassement professionnel.

Les allergènes les plus fréquents sont les métaux, en particulier le nickel.

La batterie standard européenne des allergènes comprend les allergènes les plus fréquemment en cause dans les pays européens (Encadré 1).

Encadré 1 : Batterie standard européenne des allergènes

  • Chrome (bichromate de potassium) (ciment, cuir).
  • Sulfate de néomycine (topiques médicamenteux).
  • Thiuram Mix (caoutchoucs, sans rapport avec l’allergie immédiate au latex).
  • Paraphénylènediamine (PPD) (colorants foncés, teintures, tatouages éphémères).
  • Cobalt (chlorure de cobalt) (ciment, métaux, colorants bleus).
  • Benzocaïne (anesthésique local).
  • Formaldéhyde (conservateur).
  • Colophane (adhésifs, vernis, peintures).
  • Clioquinol (antiseptique, conservateur).
  • Baume du Pérou (cosmétiques, topiques médicamenteux, cicatrisants).
  • N-isopropyl-N’-phényl paraphénylènediamine (IPPD) (caoutchoucs noirs).
  • Lanoline (cosmétiques, topiques médicamenteux).
  • Mercapto Mix (caoutchoucs, sans rapport avec l’allergie immédiate au latex).
  • Résine époxy (résines, colles).
  • Parabens Mix (conservateurs).
  • Résine paratertiaire butylphénol formaldéhyde (colle des cuirs).
  • Fragrance Mix (parfums).
  • Quaternium 15 (conservateur).
  • Nickel (sulfate de Nickel) (bijoux fantaisies, objets métalliques).
  • Kathon CG (chlorométhyl isothiazolinone) (conservateur, cosmétiques).
  • Mercaptobenzothiazole (caoutchoucs, sans rapport avec l’allergie immédiate au latex).
  • Lactone Sesquiterpene Mix (plantes « composées » : artichauts, dahlias, chrysanthèmes…).
  • Primine (primevères).
  • Pivalate de tixocortol (corticoïdes).

2 . 4 . 1  -  Allergènes professionnels

Les eczémas de contact de cause professionnelle sont parmi les plus fréquents des maladies professionnelles indemnisables (tableau général 65 des maladies professionnelles).

Ils débutent et prédominent aux mains et s’améliorent pendant les congés.

Les professions le plus souvent à l’origine d’eczémas professionnels sont :

  • métiers du bâtiment : sels de chrome (ciment), cobalt (peinture, émail), résines époxy (colle, vernis, peinture), formaldéhyde (colle, textile), térébenthine (menuiserie, peinture), caoutchouc (gants, pneus)…
  • coiffeurs : paraphénylènediamine (teintures), thioglycolate (permanentes), caoutchouc (gants), conservateurs et agents moussants (shampooings), nickel (instruments)… ;
  • professions de santé : antiseptiques, antibiotiques, anti-inflammatoires non stéroïdiens, phénothiazines, anesthésiques locaux, caoutchoucs (gants), acrylates des résines composites (prothésistes)…
  • horticulteurs : lactones sesquiterpéniques (ex : chrysanthèmes), primevères, pesticides, gants…).

2 . 4 . 2  -  Médicaments topiques

Les lésions débutent sur la zone d’application mais s’étendent souvent à distance.

Les topiques les plus fréquemment en cause sont : néomycine, antiseptiques, sparadrap (colophane), topiques antiprurigineux, baume du Pérou, AINS…

Les dermocorticoïdes peuvent induire des sensibilisations. Il faut penser à cette éventualité chez les patients qui appliquent de manière régulière des corticoïdes topiques et dont les lésions sont non améliorées ou aggravées par l’application de corticoïdes.

2 . 4 . 3  -  Cosmétiques

Les lésions sont plus fréquentes chez les femmes. Elles prédominent sur le visage.

Les produits responsables sont : les parfums, les conservateurs, les excipients, le vernis à ongles, les déodorants, les shampooings, les laques, le baume du Pérou (rouge à lèvres, crèmes), le paraphénylènediamine (teintures)…

2 . 4 . 4  -  Produits vestimentaires

La topographie oriente vers différentes causes :

  • sur le tronc et les plis : colorants textiles ;
  • sur les pieds : cuir, colle des chaussures, caoutchouc…
  • en regard des bijoux fantaisie ou des accessoires (montre, boucle de ceinture, boutons de jeans) : nickel.

2 . 4 . 5  -  Photoallergènes

Certains allergènes n’induisent un eczéma de contact qu’après irradiation par les rayons ultraviolets.

Les lésions débutent et prédominent sur les zones photoexposées (visage, oreilles, dos des mains, décolleté…).

Les causes sont entre autres le kétoprofène et les autres anti-inflammatoires non stéroïdiens [AINS], les phénothiazines, et certains végétaux.

Le diagnostic se fait par photopatch-tests  : patch-tests suivis d’une irradiation par certaines longueurs d’ondes de rayons ultraviolets. Ils sont réalisés en cas de suspicion de photoallergie.

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