La dracunculose est une helminthose tissulaire et sous-cutanée due à un nématode, Dracunculus medinensis. De par l’originalité de son cycle conduisant à l’issue spontanée du ver à la peau, cette parasitose a frappé l’esprit des populations et fait l’objet de nombreux récits et gravures. Citée par les Égyptiens au xve siècle avant J.-C., puis dans la Bible, elle est décrite par le médecin perse Avicenne, ce qui vaut au parasite sa dénomination de « fil d’Avicenne ». Il est aussi dénommé « dragonneau », « ver de Guinée » ou « ver de Médine ». Jusqu’aux années soixante-dix, la maladie était très répandue en Afrique sahélienne, au Moyen-Orient et atteignait l’ouest de l’Inde. La « décennie de l’eau » instaurée par l’OMS entre 1980 et 1990 visant à apporter l’eau potable aux populations a amorcé une décroissance spectaculaire de la parasitose dans le monde. En 2014, seuls 126 cas ont été notifiés à l’OMS, provenant d’Éthiopie, du Mali, du Tchad et surtout du Soudan du Sud.
Les mâles ne dépassent jamais quelques centimètres de long. Les femelles, blanchâtres, peuvent atteindre 50 cm à 1 m de long sur 2 mm de diamètre (figure 18.1). Les larves sont allongées, mesurent de 500 μm à 750 μm par 15 μm à 20 μm, et possèdent une cuticule striée transversalement ; elles ne peuvent vivre que quelques jours dans l’eau.
Il s’agit d’un petit crustacé de l’ordre des Copépodes, vivant en eau douce (mare, puits, étangs…) du genre Cyclops, mesurant de 0,5 mm à 3 mm de long (figure 18.2).
Matures et fécondées, les femelles migrent avec un tropisme vers les parties déclives du corps de l’homme qui les héberge, et viennent au contact du derme en provoquant la formation d’une phlyctène. Cette bulle se rompt, laissant place à une ulcération opalescente au fond de laquelle se trouve l’extrémité antérieure du ver. Quand la lésion se trouve au contact de l’eau, la tête du ver sort, la paroi utérine se rompt et des embryons sont déversés dans l’eau au travers de la cuticule rompue ou par l’orifice buccal du ver. Ce phénomène se reproduit à chaque contact avec l’eau, jusqu’à ce que l’utérus soit vide, suivi par la mort in situ du parasite. Ingérés par un cyclops, les embryons poursuivent leur évolution en se transformant en 1 mois en larves infectantes qui restent dans la cavité générale du copépode.
La contamination de l’hôte définitif (représenté exclusivement par l’Homme) se fait lors de l’ingestion, avec l’eau de boisson, des cyclops parasités. La digestion du crustacé dans l’estomac permet la libération de la larve, qui traverse la paroi intestinale ; puis débute une phase de maturation-migration durant environ 1 an.