On pense d’abord aux causes mécaniques dominées par les cancers de l’œsophage, du pharynx et du vestibule laryngé, d’autant qu’il s’y associe une otalgie réflexe : l’examen ORL et la fibroscopie œsophagienne sont les examens indispensables devant toute dysphagie.
Devant un cancer de l’hypopharynx, un blocage fait rechercher une extension à la bouche de l’œsophage. Devant une dysphagie intermittente associée à des régurgitations ou ruminations, le transit baryté pharyngo-œsophagien permet de faire le diagnostic de diverticule de Zenker lorsque l’examen pharyngolaryngé est normal ou révèle le signe de la marée. Les antécédents familiaux de TD identiques doivent orienter vers une myopathie ou une maladie neurologique hérédo-dégénérative. L’existence de troubles intermittents, ou liés à l’exercice physique ou à la fatigue, doit faire penser systématiquement à une myasthénie. De même, des antécédents de ptosis transitoire, même unilatéral. L’existence d’un ptosis palpébral bilatéral doit faire évoquer une possible maladie musculaire. L’existence de fasciculations musculaires, notamment au niveau de la langue ou des muscles scapulaires, doit faire évoquer une pathologie dégénérative de la corne antérieure (sclérose latérale amyotrophique). Mais seules les fasciculations linguales franches, spontanées et à la percussion, ont une valeur. Paralysie unilatérale des dernières paires crâniennes (IX, X, XI, XII). Son origine peut se situer au niveau du tronc cérébral ou de la fosse postérieure, mais aussi du cou, des espaces parapharyngés. Au contraire, il n’y a pas de paralysie flasque d’origine centrale. Les troubles de la sensibilité pharyngolaryngée, l’abolition du nauséeux peuvent faire évoquer une pathologie neurovasculaire et éliminent une pathologie musculaire et de la corne antérieure. Une dissociation automatico-volontaire est évocatrice d’un syndrome pseudo-bulbaire et d’une étiologie supranucléaire ; elle est mise en évidence lorsque le malade peut déglutir correctement un aliment (c’est-à-dire sur un mode automatique), alors que la déglutition à la demande (volontaire) est impossible ou difficile. Une bonne façon de sensibiliser ce signe est de demander au patient de garder l’aliment dans la bouche sans le déglutir puis d’enclencher la déglutition sur commande. Une hypertension artérielle, un diabète, une anémie ferriprive sont des causes possibles de TD et doivent être systématiquement recherchés. L’existence d’une atteinte des téguments ou des articulations, d’un syndrome sec, doit faire évoquer une maladie de système. L’association à des troubles de la déglutition haute de signes fonctionnels à type de douleurs thoraciques ou épigastriques ou de reflux gastro-œsophagien patent doit faire évoquer une maladie motrice de l’œsophage. C’est l’exploration fonctionnelle qui permet ici de poser le diagnostic. Le méga-œsophage ou achalasie du sphincter inférieur de l’œsophage se manifeste par une dysphagie souvent indolore et paradoxale au début puis qui devient douloureuse au cours des repas après accumulation des aliments. Le reflux gastro-œsophagien est responsable d’une dysphagie douloureuse, capricieuse associée à un pyrosis et à une symptomatologie de la sphère ORL variable (dysphonie, algies pharyngées, obstruction nasale, rhino-sinusites). Si tous ces diagnostics ne font pas leur preuve, il faut faire une IRM cérébrale qui permet de détecter une tumeur du IVe ventricule ou une anomalie de la charnière crânio-occipitale révélées par des TD. Mais au terme du bilan étiologique neurologique le plus poussé, clinique et complémentaire, il reste un certain nombre de patients dont les TD restent sans certitude étiologique, notamment chez les sujets âgés. Un traitement symptomatique adapté doit être mis en route et un suivi neurologique maintenu. |