Le ciment de scellement canalaire se différencie des pâtes canalaires par ses propriétés physico-chimiques et canalaires, mais aussi par son rôle, les pâtes assurant le remplissage canalaire.
Le ciment de scellement canalaire assure un joint entre la gutta-percha et les parois canalaires, comble les vides au sein de la masse de gutta percha, participe à l’obturation du réseau canalaire (canaux latéraux, isthmes, canaux accessoires, delta apical…) et assure une action lubrifiante sur les cônes de gutta-percha.
La norme NF EN 26876 et la norme ISO 6876 concernent les produits dentaires pour le scellement des canaux radiculaires.
Les ciments de scellement canalaire doivent répondre à des critères de qualité, édictés d’abord par Grossman :
• manipulation facile
• durcissement relativement lent
• propriétés mécaniques en faible épaisseur acceptables
• stabilité dans le temps
• peu résorbables : être insolubles dans les fluides tissulaires.
• antiseptiques, bactériostatiques
• être radio-opaque pour être visualisé sur une radiographie
• ils ne doivent pas colorer la dent
• contraction nulle à la prise
• bonne adhérence aux parois canalaires
• tension superficielle et fluidité permettant l’obturation des tubuli et des canaux accessoires
• permettre la désobturation : être soluble dans les solvants
• être toléré par les tissus et non irritant pour le tissu péri-apical
• ne doit pas provoquer de réaction immunitaire
• ne pas être mutagène ou carcinogène.
Différentes familles de ciments de scellement canalaire sont disponibles.
Les ciments canalaires sont dérivés de la pâte de Robin (ciment à base d’oxyde de zinc – eugénol) et du ciment de Rickert’s (ciment à base de résine bakélite).
Les eugénates (Pulp Canal Sealer® de KerrEndo, Sealite™ de Pierre Roland).
La deuxième partie de ce chapitre leur est consacrée.
Bakélite (Spad®) ou époxy (AH Plus® ou AH 26® de Dentsply-Detrey).
Pour la plupart dérivés du ciment de Rickert’s, ces ciments sont essentiellement composés de phénol et de formol. Ils sont plus utilisés aux Etats-Unis qu’en Europe. Ils se présentent sous la forme d’un tube de base et de catalyseur.
Ils présentent une excellente biocompatibilité, une très bonne étanchéité, de bonnes propriétés mécaniques et d’adhérence, et une excellente résistance à la résorption. Ces produits ont une solubilité faible par rapport aux ZOE du fait de leur base en résine. Ils sont cytotoxiques.
Leur inconvénient, de taille est leur insolubilité en cas de nécessité de retraitement : ils sont alors très durs et impénétrables.
Ils doivent être utilisés en ciment associé à de la gutta, et non en pâte d’obturation (remplissage canalaire). Leur utilisation est déconseillée.
À l’heure actuelle, de nouveaux produits, comme l’Epiphany/Résilon® ou le RealSeal™ (Kerr) apparaissent. Le Résilon est une résine thermosensible qui se présente sous la forme de cônes de même taille et de même forme que les cônes de gutta percha. La Résine Epiphany est une résine autopolymérisante qui sert de lien entre les parois dentinaires.
Un chélatant élimine la smear layer, un primer est appliqué sur la surface dentinaire. Puis, un ciment composé de BisGMA, UDMA, et de méthacrylates hydrophiles et de radio-opacifiants est placé dans le canal. Des cônes ou des pastilles d’obturation, thermiquement plastifiés, sont ensuite insérés dans le canal. Les premières études in vitro et in vivo démontrent de bonnes propriétés de ce matériau, qui seraient supérieures à l’association oxyde de zinc – eugénol – gutta-percha.
Ciments prêts à l’emploi, ils se présentent sous la forme d’un tube de base et de catalyseur, ou en seringues.
Bien toléré, il favoriserait la cicatrisation apicale (formation de néocément). Ils pourraient cependant être à l’origine d’une inflammation apicale. Ils ont une action bactériostatique légère.
Leur inconvénient reste leur résorption à long terme qui aboutit à une perte d’étanchéité.
Matériau commercialisé sous forme de capsules prédosées, peu d’études existent.
La poudre comporte des alumino-silicates fluorés. Le liquide est une solution aqueuse (50 %) copolymère d’acide polyacrylique.
Ses excellentes propriétés adhésives du matériau, sa biocompatibilité et sa bonne résistance sous faible épaisseur sont ces atouts.
Ils sont sensibles aux conditions de prise (état d’humidité du canal lors de l’obturation).
L’autre inconvénient réside dans la désobturation. Ils se résorbent très peu et sont peu solubles. Il est, ainsi, très difficile de reprendre le traitement endodontique.
Ces ciments libèrent des fluorures, et possèdent donc un caractère bactéricide, qui diminue avec le temps.
Les propriétés physiques du silicone (propriétés adhésives, insolubilité et stabilité chimique) ont conduit certains auteurs à utiliser un silicone additionné de sulfate de baryum pour obtenir la radio-opacité.
Les études se poursuivent sur ce matériau récent. Il n’y a pas encore de recul clinique.
À noter que la compression n’est pas possible.