2  -  Méthodes d’évaluation de la dépense énergétique

2 . 1  -  La calorimétrie directe

Dans cette méthode, on considère qu’il y a égalité entre production de chaleur et dépense d’énergie de l’individu. La réalisation de la mesure nécessite une enceinte de taille réduite et hermétique ou une combinaison calorimétrique, ce qui limite la durée tolérable des mesures. Cela permet la quantification des différentes composantes de la perte de chaleur. Cette méthode est actuellement peu utilisée en raison de ces limitations et du nombre réduit d’institutions disposant de l’équipement nécessaire.

2 . 2  -  La calorimétrie indirecte

Cette méthode repose sur l’équivalence entre l’énergie utilisée dans l’organisme et celle convertie à partir de l’oxydation des nutriments. Il est donc possible d’utiliser la consommation globale d’oxygène comme témoin de la dépense d’énergie. La mesure des échanges gazeux respiratoires (consommation d’oxygène, et production de gaz carbonique) peut être réalisée en chambres calorimétriques, dans des conditions où le sujet pourra reproduire ses activités quotidiennes. La mesure peut également être réalisée sous une cagoule ventilée. Cet appareil est plus léger et ne permet que des mesures limitées dans le temps, (métabolisme de base et effet thermique des aliments). Les échanges gazeux respiratoires sont couramment mesurés avec un embout buccal en physiologie du sport ; la dépense énergétique au cours d’un exercice peut être évaluée ainsi.

2 . 3  -  La méthode à l’eau doublement marquée

La méthode à l’eau doublement marquée est également une mesure de calorimétrie indirecte qui permet de déterminer la dépense énergétique totale dans les conditions habituelles de vie. Elle consiste à faire ingérer au sujet un mélange d’eau marquée sur l’oxygène (18O) et sur l’hydrogène (deutérium). L’oxygène est plus rapidement éliminé que le deutérium et cette différence de vitesse d’élimination dépend de la production de CO2. La mesure de la différence d’élimination du deutérium et de l’oxygène 18 dans les urines permet le calcul de la production de CO2 et de la dépense énergétique.
La détermination est extrêmement simple et non agressive pour le sujet étudié. Il boit de l’eau marquée par des traceurs stables (donc non radioactifs) et recueille un échantillon d’urine tous les jours pendant 14 j, alors qu’il mène sa vie normalement. Cette méthode a cependant l’inconvénient de nécessiter un traceur et des méthodes d’analyse en spectrométrie de masse très onéreux. Cela limite donc son emploi à des activités de recherche sur la dépense énergétique de population ciblées dans des conditions de vie habituelles (personnes âgées, nourris-sons…) ou extrêmes (sportifs, expéditions lointaines…).

2 . 4  -  Les méthodes indirectes

La méthode d’enregistrement de la fréquence cardiaque est basée sur la relation linéaire étroite existant entre la fréquence cardiaque et la dépense énergétique, pour des activités physiques d’intensité croissante. Cette méthode peut être utilisée dans des études épidémiologiques pour évaluer les dépenses énergétiques moyennes de groupes de personnes. Il suffit alors de disposer d’un enregistrement de la fréquence cardiaque.
La méthode des accéléromètres permet de quantifier et d’enregistrer l’intensité de mouvement selon un ou trois axes au cours d’une activité physique, et de le convertir en dépense d’énergie.
La méthode factorielle permet d’évaluer les dépenses énergétiques journalières et fragmentaires d’un individu à partir de l’enregistrement du type et de la durée des activités pratiquées au cours de la journée, et du coût énergétique unitaire de chaque activité. Ce dernier peut être exprimé en multiples du métabolisme de base pour uniformiser les données entre les individus.

2 . 5  -  Estimation la dépense énergétique totale

Comme il est indiqué dans le chapitre suivant, il est possible de réaliser les estimations de la dépense énergétique de repos à partir de données anthropométriques simples.Étant donné la variabilité interindividuelle de l’intensité et de la durée de l’activité physique, la dépense énergétique totale peut être estimée en multipliant la dépense énergétique de repos par un facteur traduisant l’intensité de l’activité physique d’une personne. Ce facteur (PAL de la littérature anglaise, et NAP- pour niveau d’activité physique- de la littérature française) a pu être déterminé pour de nombreuses activités de la vie quotidienne, sédentaire, professionnelle ou sportive. Les valeurs du NAP sont disponibles dans la seconde édition des apports nutritionnels conseillés de la population française.

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