4  -  La psychose puerpuérale

4 . 1  -  Epidémiologie


Elle affecte environ 3 femmes enceintes pour 1000.

4 . 2  -  Principales caractéristiques


Elle intègre la symptomatologie du baby blues qui se développe progressivement ou inauguralement sur un mode psychotique.

Le pic de fréquence est autour de 1 à 3 semaines après l’accouchement.

Le délire est généralement centré sur la naissance, sa négation, un échange d’enfants, etc. Il peut s’associer à des hallucinations.

Il s’agit d’un tableau clinique bruyant, facile à identifier, qui nécessite après appel du psychiatre de garde par la sage-femme, une prise en charge  préférentielle à temps complet de la dyade mère enfant en Unité psychiatrique Mère Bébé.

Celle-ci intervient  lorsque les suites obstétricales sont favorables.

Un traitement pharmacologique à base de sédatif (ex : Témesta®) et d’anti psychotique (ex : Risperdal®) est débuté dès le diagnostic confirmé par le médecin.

L ‘évolution est en règle générale favorable.

L’allaitement maternel est cependant à suspendre en raison de la toxicité des médications. Il s’agit là malheureusement d’une difficulté supplémentaire qui peut mettre un peu plus à mal la relation mère enfant.

Durant son séjour en maternité, la patiente est encadrée par un membre de l’équipe pour tous les soins courants ; elle bénéficie plusieurs fois par jour d’une évaluation  de la sage-femme ou du psychiatre sur la dangerosité potentielle qu’elle suscite pour elle et son enfant.

Un exemple :

Mme C, 34 ans,  est une mère isolée, ayant  un premier enfant de 3 ans. Elle a été diagnostiquée bipolaire à la suite d’une dépression du post partum. Ce projet de grossesse n’était pas partagé, son nouveau conjoint l’a quitté durant celle-ci. Mme C a fait suivre régulièrement sa grossesse de façon multidisciplinaire (psychiatre, obstétricienne, sage-femme). Son traitement médical de la bipolarité a pu être diminué au maximum de façon à être le moins tératogène possible envers le fÅ“tus.

L’accouchement s’est déroulé normalement. Au 3ème jour, son enfant a développé un syndrome d’imprégnation médicamenteuse (prémices d’un syndrome de sevrage aux médicaments psychiatriques). En parallèle, Mme C présentait un baby blues orienté sur les craintes pour son enfant : elle oscillait entre peur et exaltation.

Durant sa 3ème nuit en maternité, elle sonne et souhaite voir la sage-femme. Cette dernière la rencontre dans sa chambre sans son enfant car ce dernier est traité par nursing quasi constant en pouponnière.

Mme C insiste pour parler tout bas ; elle souhaite que la sage-femme appelle l’Elysée dans la nuit pour les prévenir de la situation. Devant la demande d’explications de cette dernière, elle raconte que « c’est son enfant ». Au-delà, elle serait la maitresse du président de la république ; il serait en droit de connaître l’état de son enfant. Il est probable qu’on vienne ensuite la chercher.

Mme C n’est pas ouverte au raisonnement. Ses pensées sont altérées et ne correspondent pas à la réalité. Sa psychose puerpérale s’objective dans ce délire systématisé (=structuré) de grandeur. Elle est cependant initialement calme, et n’a pas de trouble de la conduite. La sage-femme la laisse se reposer dans sa chambre et prévient le psychiatre de garde qui compte tenu du contexte l’évaluera et la prendra en charge le lendemain.

Cependant l’état de santé de Mme C se dégrade dans la nuit ; elle devient agitée, présente des barrages en même temps que son angoisse se développe. Elle ne peut plus rester dans sa chambre et accapare la sage-femme quasiment constamment.  Le psychiatre se déplace alors, confirme le diagnostic et mettra en place une sédation efficace. Elle sera transférée rapidement en psychiatrie ; son enfant avec elle.

Si de tels tableaux cliniques sont facilement repérables car ils sont bruyants, ils doivent encourager la sage-femme à réévaluer fréquemment ces patientes et à questionner l’adéquation de leur prise en charge.

4/6