2  -  Epidemiologie

Les chiffres français et européens sont issus de l'étude d'Albertine Aouba, Françoise Péquignot, Martine Bovet et Éric Jougla du Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc), Inserm, Le Vésinet, France.
Leur étude est basée sur les indicateurs habituellement utilisés en mortalité : effectifs de décès établis à partir de la certification des décès par les médecins, taux de décès pour 100 000 naissances vivantes, ratio de mortalité, part de la MIN dans la mortalité générale en %, pourcentages de variation des taux de décès.
L’analyse porte sur les statistiques définitives de l’année 2005 (dernière année pour laquelle on dispose de données validées)

2 . 1  -  Dans le monde

Le taux de mortalité par MIN ainsi que l'accès aux données épidémiologiques sont très variables dans le monde.

2 . 1 . 1  -  L’Europe

La mortalité par MIN varie beaucoup entre les pays de l'Union Européenne. Mais la politique de santé n'est pas homogène et on peut également évoquer les possibles différences d'enregistrement des décès. La France fait partie des pays à fort taux de décès de nourrissons.

En 2005 le taux moyen de MIN dans l'Europe des 27 est de 25/100 000 naissances vivantes (données provenant d'Eurostat)

Figure 1 : Taux de MIN en Europe par rapport au taux moyen Européen en 2005
Sources : BEH et CR des 5èmes assises internationales sur la MSIN - Rouen (1998)

La France avec un taux de 31,9/100 000 se situe derrière des pays tels que la Lettonie au plus fort taux de décès (79,1/100 000), l’Allemagne, la Lituanie, mais nettement devant le Royaume-Uni (26,2). La Bulgarie, la Roumanie et la Grèce sont en sous-mortalité (moins de 10/100 000). Par ailleurs, le Portugal et la Slovénie n’enregistrent quasiment pas de décès par MSN en 2005.

Globalement, la carte des taux de décès fait ressortir un gradient de forte mortalité dans les pays de l’Europe centrale et du nord

2 . 1 . 2  -  Le reste du monde

Les campagnes officielles ont été lancées à des dates variables, et ont été plus ou moins bien relayées par les médias, les associations de parents et les professionnels dont certains ont eu une attitude ambiguë pendant plusieurs années. D’autre part, les conditions socio-économiques et culturelles étant différentes, la compliance de la population par rapport aux recommandations a été extrêmement variable. Par exemple, aux États-Unis, l’influence des campagnes a été moindre et est toujours inférieure à celle que l’on observe dans les pays de l’Europe du nord, plus petits et plus homogènes en termes socio-économique et culturel.

Mais, ces campagnes ont toujours eu une influence bénéfique.

Figure 2 : Taux de MSN entre 1987 et 1997 dans 16 pays (pour 1000 naissances vivantes)
Source : http://www.pro.gyneweb.fr/portail/sources/congres/jta/01/ped/DEHAN.HTM

2 . 2  -  En France métropolitaine

En 2005 en France métropolitaine, on enregistre 247 décès par MIN et cette dernière contribue pour 1décès/10 à la mortalité infantile.

Le taux de décès global par MIN est alors de 31,9/100 000.

2 . 2 . 1  -  Variations temporelles

Le taux de MIN a beaucoup varié dans le temps. Ainsi, l'évolution de ce taux entre 1975 et 2005, présente 4 phases.

  • 1èrephasede1975 à1980 : on observe une augmentation très importante du taux passant de 26 à 102,8/100 000 soit une croissance de 263%
  • 2ème phase de 1981 à 1991 : la progression continue passant de 119 à 192,9/100 000 mais de façon nettement plus modérée (62%). Cependant, c’est au cours de la dernière année de cette phase que le plus fort taux de décès (192,9), sur les 30 ans étudiés, a été enregistré.
  • 3ème phase de 1992 à 1997 : la régression du taux est très nette, passant de 174 à 49 /100 000, soit une baisse de 72%, alors que les autres causes ont baissé mais de façon moindre, influençant ainsi directement le taux de mortalité infantile. Il faut noter que cette phase correspond aux années d'introduction des 1ères campagnes de prévention.
  • 4ème phase de 1998 à 2005 : la baisse se poursuit régulièrement mais plus faiblement, passant de 49 à 31,9/100 000 (soit 65%).

2 . 2 . 2  -  Répartition géographique

Il existe une grande disparité régionale. Les plus faibles taux (entre 24 et 31/100 000) sont principalement enregistrés dans les régions du sud-est de la France : Midi-Pyrénées, Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Figure 3 : Taux de MIN selon les régions en 2005 par rapport au taux moyen français en 2005
Source : BEH et CR des 5èmes assises internationales sur la MSIN - Rouen (1998)

L’Île-de-France, où l’on comptabilise le plus de décès mais aussi le plus de naissances vivantes, constitue une exception en présentant des taux de décès inférieurs à la moyenne générale. Le Nord-Pas-de-Calais, au deuxième rang en termes d’effectifs de décès, enregistre le plus fort taux de décès (52,5/100 000). Il est suivi par Poitou-Charentes, Champagne-Ardenne et Basse-Normandie. Ces tendances varient selon le sexe. Ainsi, ces trois dernières régions concentrent les plus forts taux de décès chez les garçons, alors que la Bourgogne et le Centre occupent les premiers rangs chez les filles. Le Languedoc-Roussillon constitue une exception par rapport aux régions du sud, avec un taux de décès supérieur à la moyenne. Comme pour l’ensemble de la population, la majorité des régions avec de faibles taux de décès se situe dans le sud de la France, quel que soit le sexe. De fortes surmortalités masculines s’observent en Poitou-Charentes, Auvergne et Champagne-Ardenne (odds-ratio (OR) M/F = 2,7). Un gradient nord/sud des taux de décès s’observe également sur la période 1985-1990 avec les plus forts taux en Champagne-Ardenne, Haute-Normandie, Pays de la Loire et Basse-Normandie, tandis que Provence-Alpes-Côte d’Azur, Limousin et Midi-Pyrénées sont en sous-mortalité. La diminution des taux de décès entre les périodes a été de l’ordre de 80 %. Les plus fortes baisses ont concerné les régions à faible mortalité : Ile-de-France, Rhône-Alpes et Bretagne, alors qu’en Limousin, Languedoc- Roussillon, Nord-Pas-de-Calais et Poitou-Charentes la régression a été moindre.

2 . 2 . 3  -  Rôle du sexe et de l'âge

Il existe de grandes variations temporelles du taux de MIN. Il est intéressant de constater qu'il existe aussi des disparités de répartition en fonction du sexe du nourrisson. En effet, en 2005, sur les 247 MIN, on dénombre 156 nourrissons de sexe masculin contre 91 de sexe féminin soit un rapport de 1,6 garçon/fille.

La même année, on enregistre un total de 2 769 décès d’enfants de moins d’un an en France métropolitaine. Le taux de mortalité infantile correspondant est de 357,6 pour 100 000 naissances vivantes. La surmortalité masculine est de 1,3 (taux de décès de 398,4/100 000 chez les garçons et de 314,8/100 000 chez les filles). Globalement, la MIN représente un décès sur dix dans la mortalité infantile. Si au cours des périodes néonatales précoce et tardive, elle est responsable de 0,3 à 3 % de l’ensemble de décès selon le sexe, en période post-néonatale elle entraîne 25 % des décès chez les garçons contre seulement 20 % chez les filles.

Pour l’ensemble des enfants de moins d’un an, la MIN constitue la troisième cause de décès après les affections périnatales et les malformations congénitales. Son poids dans la mortalité varie selon l’âge au décès. En période néonatale, elle constitue la septième cause de décès avant 6 jours et la quatrième entre 7 et 27 jours. Au-delà, la MIN devient la cause de mortalité prépondérante (29,3%). Cette première place est retrouvée chez les garçons, (36,6%) alors que chez les filles elle se situe derrière les affections périnatales (21,7%/23,5%).

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