Introduction

Une meilleure connaissance des mécanismes de rejet et la découverte de molécules immunosuppressives ont permis, dans les années soixante, le remplacement chez l'homme d'organes vascularisés non fonctionnels par des organes humains prélevés chez d'autres hommes (homogreffe ou allogreffe) : d'abord le rein, puis le cœur, le foie, le poumon, le pancréas et enfin l'intestin. L'amélioration des résultats à court, puis à long terme a créé progressivement un élargissement des indications des transplantations d'organes aboutissant à une situation de pénurie de greffons. Parallèlement la nécessité de maintenir pendant toute la durée de vie du greffon un traitement immunosuppresseur a induit la survenue de nouveaux problèmes cliniques liés en particulier à l'immunodéficit chronique.

1  -  Aspects épidémiologiques

En France plus de 30 000 personnes vivent avec un organe transplanté. Comme le montre la figure 1 le nombre de patients transplantés chaque année a rapidement augmenté tout au long des années 80 pour atteindre un maximum en 1991 (3 572) et ensuite diminuer légèrement en raison de la pénurie de greffons disponibles. Depuis 10 ans ce chiffre est resté relativement stable aux alentours de 3 000. Le rein représente de loin la première transplantation d'organe (1 842 en 1999), suivi du foie (699), du cœur (321), du poumon (71), du bloc cœur poumons (28), du pancréas (49) et de l'intestin (7).

Cette activité ne permet pas de répondre aux besoins de santé publique car les besoins sanitaires exprimés à travers les inscriptions sur les listes d'attente concernent 4 233 patients nouvellement inscrits au cours de l'année 1999, dont 2485 pour une transplantation rénale, 934 pour une transplantation hépatique, 507 pour une transplantation cardiaque, 131 pour une transplantation pulmonaire, 114 pour une transplantation pancréatique et 9 pour une transplantation intestinale (rapport Établissement Français des Greffes). Ainsi le nombre de transplantations réalisées ne représente que 71,27 % des indications posées dans l'année. Le déséquilibre entre l'offre de soins et la demande est encore plus grand puisque les 4 233 nouveaux inscrits s'ajoutent aux 5 345 patients restant inscrits en attente d'un greffon au 31/12/1998. Les conséquences de ce déséquilibre impliquent un allongement du délai d'attente (seuls 75 % des inscrits séjournent en liste d'attente moins de 42,9 mois pour le rein, 11,2 mois pour le cœur, 7,6 mois pour le foie).

D'autre part environ 300 patients décèdent chaque année faute d'avoir été transplantés à temps. Cette pénurie a probablement entraîné une modulation spontanée des inscriptions en liste d'attente et la demande de soins est donc encore supérieure aux inscriptions en liste d'attente. Ceci est d'autant plus regrettable que les résultats en terme de survie des patients, des greffons et de qualité de vie continuent à s'améliorer régulièrement. Pour un patient transplanté entre 1992 et 1998 la survie était respectivement de 72,3 % et 77,6 % à 1 an, 62,1 % et 68,6 % selon qu'il s'agisse d'une greffe de cœur ou de foie. Pendant la même période la survie moyenne d'un greffon rénal était de 88 % à 1 an et de 75,5 % à 5 ans.

Au total environ 3 000 patients sont transplantés chaque année en France alors qu'environ 10 000 sont inscrits.

Cette situation de pénurie entraîne le décès d'environ 300 patients inscrits et non greffés.

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