5  -  Conditions pour envisager un Traitement Hormonal de la Ménopause (THM)

5 . 1  -  Qui traiter ?

 Agence Nationale d'Accréditation et d'Évaluation en Santé (ANAES)., Médicaliser la ménopause ?

 Agence Française de Sécurité SAnitaire des Produits de Santé (AFSSAPS). Mise au point sur le traitement hormonal substitutif de la ménopause (THS). AFSSAPS ; 2003 Jan.


Le THM doit être proposé à toutes les femmes présentant un syndrome climatérique après une information précise et adaptée sur les avantages, les inconvénients et les risques éventuels (balance bénéfices/risques). On aura au préalable vérifié l'absence de contre-indications de ce type de traitement substitutif. Actuellement, moins de 25 % des femmes ménopausées sont traitées.

Le traitement pour prévenir les conséquences à long terme fait l'objet de discussion.

5 . 2  -  Contre-indications

Les principales contre-indications sont réparties en :

5 . 3  -  Traitement

Parmi les principaux traitements de la ménopause, on distingue le THM (Traitement Hormonal substitutif de la Ménopause) et les traitements non hormonaux.

Le traitement a pour objet d'éviter les effets secondaires de la carence hormonale.

Le THM simule l'imprégnation hormonale de l'âge de procréation et comporte donc un traitement substitutif associant un œstrogène naturel à un traitement progestatif. Le schéma thérapeutique peut être:

  • séquentiel (il induit des hémorragies de privation) ;
  • ou combiné dit « sans règles ».


Le choix de la durée optimale du traitement n'est pas clairement établi.
Elle doit être ajustée aux objectifs du traitement. Il est cependant recommandé de le limiter à 5 ans et d’évaluer tous les ans la balance bénéfices/risques.

La voie d'administration doit privilégier les formes non orales pour diminuer les risques thrombotiques.

1.Principales molécules


Œstrogènes :

Des œstrogènes naturels ou des œstrogènes de synthèse (estérifiésDéfinitionEstérification : Réaction en chimie organique permettant de synthétiser un ester (groupement d'atomes formé d'un atome de carbone lié simultanément à un atome d'oxygène par double liaison, à un groupement O-R et à un groupement H ou R'). Basiquement, il s'agit de la condensation d'un alcool sur un acide carboxylique, auquel cas la réaction est réversible (rétro-estérification) et renversable (saponification), mais elle peut s'effectuer à partir d'autres réactifs, en particulier à la place de l'acide carboxylique un de ses dérivés, chlorure d'acyle ou anhydride d'acide, changeant le type de réaction et son rendement. ou conjugués) utilisés par voie orale ou par voie cutanée (patch, gel).

Les principaux composés sont :

  • par voie cutanée :
    • patch de : Estraderm TTS®, Dermestril®, Oesclim®, Systen®, Thaïs®, Climara®,Femsept®, Menorest®,
    • gel : Œstrogel®, Estréva®.


La voie d'administration transdermique pourrait avoir un intérêt dans la mesure où elle permet d'éviter le premier passage hépatique ; ceci entraîne une augmentation plus modérée de la synthèse des VLDL et HDL-Cholestérol, l'augmentation des TG, de l'angiotensinogèneDéfinitionPeptide précurseur de l'angiotensine, essentiellement produit et libéré dans la circulation par le foie, et impliqué dans la maintenance du volume et de la tension artérielle. Sa production est induite par les corticoïdes, les œstrogènes, les hormones thyroïdiennes, et notamment, l'angiotensine II. Il joue un rôle important dans le système rénine-angiotensine-aldostérone. et des facteurs de coagulation et surtout l'absence de modification de l'hémostaseDéfinitionProcessus physiologique qui permet d'interrompre le saignement pour éviter l'hémorragie..

La dose d'œstrogènes efficace sur la prévention de l'ostéoporose est de 1 à 2 mg de 17-β-œstradiol ou de 25 à 50 μg par voie transdermique. L'effet sur l'ostéoporose est prédominant au niveau du rachis, plus incertain au niveau du col fémoral. La prévention des fractures a été démontrée (WHI 2002).

La tibolone (Livial®) est un stéroïde commercialisé pour le traitement des bouffées de chaleur. Son métabolisme donne naissance à des composés œstrogéniques androgéniques et progestatifs. Il a un impact positif sur la densité minérale osseuse et la trophicité vaginale. Ses actions sur les seins et l’endomètre sont en cours d’évaluation. Ses contre-indications sont les mêmes que celles des œstrogènes


Progestatifs :


Sont utilisés la progestérone naturelle (Utrogestan®, Estima®, Menaelle®) et les progestatifs de synthèse.

Le progestatif est ajouté au traitement œstrogénique pour éviter le risque de cancer de l’endomètre (12 j/mois au minimum).

Chez la femme hystérectomisée, compte tenu de l’impact du progestatif associé aux œstrogènes sur le risque de cancer du sein rapporté dans l’étude WHI, il ne faut pas prescrire de progestatif.


2.Voie et durée d'administration


La principale voie d’administration est orale ou intra-utérine pour le progestatif par l’intermédiaire d’un DIU (Miréna®).

La composante œstrogénique peut être apportée par voie orale, ou transdermique sous forme de gel ou de patch.


Les modalités de prise dépendent du désir de persistance de <<règles>> par la femme :

  • si elle ne souhaite pas de règles, la prise sera combinée ;
  • si elle désire conserver des règles, la prise sera séquentielle : œstrogène puis association œstrogène et progestatifs.


Le traitement est dit continu lorsqu'il n'y a aucun arrêt.

Il est dit discontinu en cas de période d'arrêt (ex. : 25 j/mois, ou 4 semaines/5).


3 Éléments de surveillance


La surveillance comporte :

  • un examen clinique est réalisé à 3 mois puis tous les 6 à 12 mois. La pratique des frottis, des dosages de cholestérol, TG, glycémie peuvent être réalisés tous les 3 ans en l'absence de risque particulier.


Les principaux effets bénéfiques

  • Prévention ou traitement des complications à court et moyen termes : bouffées de chaleur, atrophie vaginale, troubles de l'humeur, troubles de la trophicité vaginale.

5 . 4  -  Principales complications

Les principales complications sont les suivantes:

  • Les cancers non hormono-dépendants (col utérin et ovaires) font l’objet de discussions.
       Les enseignements à tirer des différentes études réalisées et publiées dans la dernière décennie sont :

  • respect des contre-indications à la prescription du THM ;
  • utilisation des doses minimales efficaces ;
  • instauration d’un traitement court (5 ans) et débuté au plus près de l’installation de la ménopause ;
  • préférer un THM comportant des œstrogènes par voie transdermique et de la progestérone naturelle selon un schéma séquentiel.

5 . 5  -  Alternatives thérapeutiques

Dans tous les cas, il faut recommander une bonne hygiène de vie :

D’autres alternatives doivent être connues :

  • traitements de la sècheresse vaginale : œstrogènes à action locale pour traiter la sécheresse vaginale (Trophigil®, Colpotrophine®, Trophicrème®), lubrifiants (Taido®, Sensilube®) pour les rapports et hydratants vaginaux (Replens®).
  • traitements des bouffées de chaleur : la bêta-alanine ou Abufène® est commercialisée avec cette indication ; elle a un effet équivalent à celui du placebo ; son utilisation n’est donc pas recommandée par la Haute Autorité de Santé (HAS), Les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et ou de la noradrénaline ont été évalués mais ne sont pas autorisés dans cette indication en France.
  • traitements de l’ostéoporose les SERM (modulateur sélectif des récepteurs des œstrogènes) : Evista®, Optruma® (raloxifène) : actifs sur l’ostéoporose et ayant une action préventive sur la survenue d’un cancer du sein ; ils n’ont pas d’action sur les bouffées de chaleur ni la sécheresse vaginale. Ils ne sont pas remboursés sauf en cas d’ostéoporose confirmée (dose : 60 mg/j) ;

Les biphosphonates (Actonel® et Fosamax®) : actifs sur la minéralisation osseuse. Le remboursement est obtenu en cas d’antécédents de fractures.

D’autres traitements sont disponibles pour l’ostéoporose (en général fracturaire) : la parathormone (Forsteo®), le ranelate de strontium (Protelos®).

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