L'érythrodermie est un syndrome rare diagnostiqué cliniquement devant la présence d'un érythème confluant associé à une desquamation touchant l'ensemble des téguments (plus de 90 % de la surface corporelle) et d'évolution prolongée (plusieurs semaines).

Il s'agit d'une urgence dermatologique exigeant une prise en charge immédiate tant sur le plan thérapeutique, que sur le plan étiologique. Il s'agit d'un syndrome de diagnostic clinique aux multiples étiologies.

Il existe trois étapes dans la prise en charge du malade :

  • reconnaître l'érythrodermie ;
  • rechercher l'étiologie en vue d'un éventuel traitement spécifique ;
  • apprécier la gravité immédiate et proposer une attitude thérapeutique symptomatique.

1  -  Reconnaître l'érythrodermie

Les signes cliniques comprennent :

  • un érythème :
    • généralisé,
    • inflammatoire,
    • plus violacé aux points déclives,
    • d'intensité variable d'un jour à l'autre,
    • et d'apparition plus ou moins rapide ;
  • une desquamation constante avec des aspects variés, fine ou en large lambeau ;
  • un prurit constant, associé à une dysrégulation cutanée thermique importante ;
  • une pachydermie mieux visible au niveau des plis témoignant d'une infiltration cellulaire spécifique ;
  • un œdème souvent marqué au niveau du visage où il peut exister un ectropion des paupières ;
  • une atteinte des muqueuses est possible sous forme d'une chéilite, d'une conjonctivite ou d'une stomatite ;
  • l'atteinte des phanères ne s'observe qu'après quelques semaines d'évolution avec chute des cheveux, sourcils et cils, tandis que les ongles sont dystrophiques de croissance ralentie, d'où l'apparition d'une ligne de Beau voire une chute de l'ongle.


L'évolution est prolongée par vagues sur des semaines ou plus.

Il résulte de cette définition qu'une simple éruption érythémato-squameuse ne peut être qualifiée d'érythrodermie sous prétexte que les éléments sont multiples et diffus, qu'il s'agisse d'un exanthème (cf. item 314 : Exanthème) plus aigu et qui n'est pas associé à des troubles de la dysrégulation cutanée thermique.

Il y a souvent une altération de l'état général avec fièvre allant même jusqu'à d'importants frissons confinant le malade au lit.

L'examen clinique extracutané découvre souvent une polyadénopathie généralisée quelle que soit l'étiologie de l'érythrodermie. Des troubles hémodynamiques sont possibles par déperdition hydroélectrolytique. Pour toutes ces raisons, l'érythrodermie nécessite une hospitalisation dans un service spécialisé.

1/5