3  -  Lésions secondaires aux agents physiques

Elles sont multiples et suivant leur intensité peuvent intéresser tout ou partie de l’organisme. Elles sont liées aux radiations ou aux modifications de la pression atmosphérique ou de la température extérieure (chaud ou froid extrême).

3 . 1  -  Lésions induites par les radiations

3 . 1 . 1  -  Radiations non ionisantes

Les ultraviolets ou les infrarouges n’entraînent en général que des lésions cutanées du fait de leur faible pénétration. Elles peuvent provoquer des « coups de soleil » ou des insolations. Elles peuvent également provoquer des réactions cutanées allergiques. À long terme, elles entraînent des lésions d’élastose ou de kératose actinique ; elles altèrent l’ADN, favorisant la survenue des cancers cutanés comme les carcinomes basocellulaires (cf. chapitre 10 : tumeurs à différenciation malpighienne) ou les mélanomes (figure 6.33).

Figure 6.33. Mélanome aspect histologique

3 . 1 . 2  -  Radiations ionisantes

Les radiations ionisantes entraînent des modifications de l’ADN cellulaire. Les sources d’exposition sont soit naturelles, soit médicales (rayons X ou gamma et particules α ou β) soit industrielles et donc accidentelles (tableau 6.4).

Tableau 6.4 : Aspects cliniques de l’irradiation aiguë

L’atteinte de l’ADN peut entraîner la mort cellulaire immédiate ou différée après plusieurs cycles de division, voire altérer le génome de la cellule et entraîner une néoplasie. La sévérité des lésions dépend de leur étendue, de la durée de l’exposition et de la sensibilité individuelle des cellules. Cette sensibilité variable d’un type cellulaire à l’autre est à la base des principes de radiothérapie. Les autres effets à long terme sont principalement représentés par des altérations des parois vasculaires, en particulier artérielles, source de lésions ischémiques et de fibrose cicatricielle (tableau 6.5) (figures 6.34, 6.35).

Tableau 6.5 : Lésion aiguë et complications tardives de l’irradiation ionisante
Figure 6.34. Lésion vasculaire radique chronique, aspect histologique
Figure 6.35. Poumon radique, fibrose, aspect histologique

3 . 2  -  Lésions barométriques

3 . 2 . 1  -  Diminution de la pression atmosphérique

Il est impossible de vivre en permanence au-dessus de 6 000 m, en raison de la raréfaction de l’oxygène et de l’hypoxie qui en découle. Les sujets vivants en très haute altitude, développent des polyglobulies témoignant d’une adaptation à l’hypoxie chronique. Quand ces mécanismes sont défaillants, on observe une hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) entraînant une insuffisance cardiaque chronique. Quand le changement d’altitude est trop rapide, certains sujets peuvent développer un œdème pulmonaire aigu.

3 . 2 . 2  -  Accidents de décompression

La décompression brutale provoque la survenue d’embolies gazeuses dans le réseau vasculaire en particulier osseux, pulmonaire et encéphalique pouvant entraîner des lésions de nécrose (maladie des caissons, des plongeurs sous-marins).

3 . 2 . 3  -  Élévation brutale de la pression atmosphérique (blast)

Le blast lié à des explosions transmises par l’air (« souffle ») entraîne des lésions de l’appareil respiratoire et des hémorragies au niveau de différents viscères. Quand l’explosion est transmise par des « solides » voitures, etc., les lésions sont principalement osseuses.

3 . 3  -  Lésions secondaires aux variations de la température

Une élévation ou une diminution importante et surtout brutale de la température, entraîne des altérations tissulaires locales ou générales variables suivant l’âge, la race et le mode de vie.

3 . 3 . 1  -  Élévation de la température

Si elle est généralisée, elle peut entraîner des hyperthermies avec collapsus cardiovasculaire et décès. On a pu observer, sur des séries de nécropsies, des suffusions hémorragiques en particulier dans les poumons et le tube digestif, des foyers de nécrose au niveau du cœur ou du foie, des altérations du SNC et des lésions cutanées. Il n’est pas possible de déterminer le seuil de température ambiante au-delà duquel peuvent survenir ces coups de chaleur, mais les enfants et les sujets âgés sont particulièrement sujets aux accidents d’hyperthermie généralisée. Si l’élévation de la température est localisée, elle entraîne des lésions plus ou moins étendues le plus souvent cutanées. Il s’agit de brûlures thermiques. Suivant la gravité et la profondeur (superficielle, intermédiaire et profonde) de l’atteinte, on individualise des degrés de 1 à 3 allant de l’érythème isolé (simple coup de soleil) à la nécrose complète du derme avec escarre et nécessité de greffe. Par ailleurs, la surface brûlée conditionnera le pronostic. Les complications peuvent être nombreuses d’ordre circulatoire (hématome, œdème), infectieux ou trophique (sclérose rétractile, chéloïde). Au-delà d’une lésion de 60 % de la surface corporelle, les chances de survie chez un adulte sain sont à peu près nulles.

Les lésions dues à l’électrocution, sont variables, peuvent associer des brûlures thermiques, une atteinte des systèmes de régulation (fibrillation ventriculaire ou paralysie respiratoire) et des hémorragies internes.

3 . 3 . 2  -  Baisse de la température

Si l’hypothermie est généralisée, elle peut entraîner la mort. On sait que sous circulation extra-corporelle, la température du corps peut être abaissée sans dommage jusqu’à 24 °C. En revanche, des températures trop basses entraînent une diminution très importante de la température centrale et la survenue d’un épuisement progressif, d’une perte de la volonté, d’une somnolence, d’un coma et du décès. Aucune lésion organique spécifique n’est en général mise en évidence. Quand elle est localisée, la baisse de la température provoque des gelures liées à l’hypothermie et aux perturbations vasculaires qu’elle entraîne. Les lésions siègent le plus souvent au niveau des téguments et débutent par une phase de vasoconstriction entraînant une ischémie et une nécrose (gangrène) nécessitant parfois une amputation.

3 . 4  -  Lésions secondaires à des forces mécaniques

Les blessures et les handicaps secondaires sont un problème majeur de santé publique ; les blessures accidentelles représentent la première cause de décès chez le sujet jeune (véhicules automobiles) ; les blessures volontaires (crimes ou suicides), les traumatismes professionnels, les chutes chez les sujets âgés sont également des causes importantes de décès. Suivant l’importance et le type du traumatisme, les lésions sont superficielles, concernant les parties molles, ou associées à des lésions profondes osseuses, viscérales et cérébrales.

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