2  -  Lésions secondaires à la pollution atmosphérique

Il s’agit avant tout de lésions atteignant l’appareil respiratoire. Le poumon est l’organe le plus exposé aux agressions en rapport avec l’environnement. De nombreuses pathologies pulmonaires sont directement liées à l’inhalation d’aéro-contaminants en suspension dans l’atmosphère. Un individu au repos inhale environ 10 000 L d’air par 24 h, soit environ 250 millions de litres pour une espérance de vie de 70 ans. L’air contient des gaz et des particules qui peuvent entraîner des modifications de l’arbre respiratoire et du parenchyme pulmonaire (tableau 6.1). Il s’agit de désordres intermédiaires entre la pathologie professionnelle et celle en rapport avec l’environnement urbain et domestique. L’inventaire de ces pneumopathies est très large et n’est pas terminé. Les conséquences de la pollution atmosphérique sur l’appareil respiratoire sont encore mal connues. Les effets peuvent être immédiats ou différés et sont fonction de l’importance de l’exposition, mais il existe le plus souvent un long temps de latence entre les nuisances et leur effet pathogène. C’est le cas par exemple des aéro-contaminants cancérogènes comme le tabac et l’amiante. La plupart des études épidémiologiques analyse les effets de cette pollution à court terme en particulier sur des populations à risque comme les enfants, les asthmatiques, les sujets atteints de bronchopneumopathies chroniques ou les personnes âgées. Il s’agit en général d’effets transitoires et réversibles ne nécessitant pas une étude anatomopathologique. Les effets à long terme sont beaucoup plus difficiles à quantifier.

Tableau 61 : Effets sur la santé des polluants à l’air libre

Les manifestations respiratoires observées sont liées à la présence d’aéro-contaminants variés comme :

  • des micro-organismes infectants responsables de pathologies infectieuses pulmonaires, en particulier chez les sujets immunodéprimés ;
  • des aéro-contaminants professionnels soit antigéniques (aéro-allergènes), le plus souvent organiques, responsables d’asthme et de pneumopathies d’hypersensibilité, soit non antigéniques et qui ont une action toxique directe liée à leur structure physique ou chimique. Ces aéro-contaminants minéraux sont à l’origine de la survenue de pneumoconioses, en particulier les silicoses, les asbestoses, ou les beryllioses et de tumeurs malignes (cancers) broncho-pulmonaires (ex : carcinome épidermoïde) ou de la plèvre (ex : mésothéliome). Outre l’appareil respiratoire, d’autres organes peuvent être touchés (tableau 6.2) ;
  • des aérocontaminants non professionnels ou domestiques principalement représentés par l’inhalation tabagique mais pas uniquement (tableau 6.3).
Tableau 62 : Maladies humaines et expositions professionnelles
Tableau 63 : Effets sur la santé des polluants de l’air domestique

2 . 1  -  Pneumopathies aiguës

Certains polluants (monoxyde de carbone, dioxyde d’azote, formaldéhydes, fumées, gaz ou produits aérosolisés : peintures, produits ménagers ou cosmétiques) peuvent provoquer des effets rapides sur l’appareil respiratoire à type d’asthme, de bronchiolite aiguë, de dommage alvéolaire diffus (DAD) pouvant entraîner la mort. À plus long terme, ils entraînent des séquelles respiratoires avec un syndrome obstructif par bronchiolite sténosante ou restrictif avec développement d’une fibrose interstitielle (figures 6.1–6.3).

Figure 6.1. Dommage alvéolaire diffus, aspect histologique
Figure 6.2. Empoussiérage et sténose bronchiolaire, aspect histologique
Figure 6.3. Bronchiolite sténosante, aspect histologique

2 . 2  -  Pneumopathies d’hypersensibilité

Les pneumopathies d’hypersensibilité sont liées à l’inhalation d’antigènes organiques (allergène) et sont caractérisées par des remaniements inflammatoires du parenchyme pulmonaire entraînant des troubles fonctionnels (toux sèche, dyspnée, syndrome restrictif).

Le lavage bronchoalvéolaire (hyperlymphocytose de phénotype CD8), les biopsies transbronchiques ou la biopsie pulmonaire par vidéothoracoscopie permettent de confirmer le diagnostic en montrant une pneumopathie interstitielle à prédominance centro-acinaire caractérisée par la présence de petits granulomes tuberculoïdes (cf. chapitre 3 : inflammations granulomateuses épithélioïdes) associés à une alvéolite lymphocytaire et à des foyers de pneumonie en voie d’organisation. De nombreuses affections ont ainsi été individualisées comme le poumon de fermier, les aspergilloses allergiques (aérateurs, humidificateurs), les pneumopathies observées chez les éleveurs de pigeons ou de volailles, chez les minotiers et grainetiers, etc. (figures 6.4–6.7).

Figure 6.4. Lavage bronchoalvéolaire, hyperlymphocytose (MGG)
Figure 6.5. Lavage bronchoalvéolaire, hyperlymphocytose CD8 (immunohistochimie)
Figure 6.6. Pneumopathie obstructive (BOOP), aspect histologique
Figure 6.7. Scanner, pneumopathie d’hypersensibilité. Alvéolite allergique extrinsèque (oiseaux), scanner sans injection, micronodules flous peu denses centrolobulaires
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