La CIVD est fréquente au cours du choc septique et semble bien corrélée à la mortalité, et au syndrome de défaillances multiviscérales. De plus, il existe de nombreuses interrelations entre la coagulation et la réponse inflammatoire. Les inhibiteurs biologiques de la coagulation (antithrombine III, protéine C, protéine S, inhibiteur du facteur tissulaire) sont abaissés et pourraient être substitués. L’antithrombine III (Aclotine) possède une autorisation de mise sur le marché (AMM) en cas de déficit acquis en antithrombine III (AT < 60 %). Cependant, une étude de phase III n’a pas permis de mettre en évidence d’effet bénéfique significatif sur la mortalité. Récemment, la protéine C activée recombinante humaine a montré des effets prometteurs chez 1 680 patients en sepsis grave, avec une réduction significative de la mortalité de 6,1 %. Une AMM est en cours d’obtention. Les mécanismes d’action supposés de la protéine C activée reposent sur l’inhibition de la coagulation, une augmentation de la fibrinolyse et une atténuation de la réponse inflammatoire. L’inhibiteur du facteur tissulaire n’a pas montré d’effet similaire à la protéine C dans une étude de phase III, concernant un bénéfice en termes de réduction de mortalité. La corticothérapie à fortes doses exerce des effets délétères. Il n’en est pas de même avec les glucocorticoïdes à faibles doses (300-400 mg/j), qui peuvent exercer un effet vasopresseur. Ils peuvent être instaurés immédiatement ou de manière différée après un dosage de cortisol et/ou la réalisation d’un test au synacthène, en cas de défaillance circulatoire résistant ou nécessitant de fortes doses d’un traitement vasopresseur. Un essai clinique récent a montré une réduction significative de la mortalité d’environ 10 % par l’utilisation de glucocorticoïdes (50 mg/6 h) associés à 50 mg per os de fluorocortisone chez 299 patients en choc septique et notamment chez ceux non répondeurs à un test au synacthène (variation de cortisol < 250 nmol/L à 30 min et/ou 60 min après 0,25 mg de synacthène). Il semble exister au cours du choc septique une réponse inflammatoire excessive. Cela a conduit au développement de nouvelles thérapeutiques à visée anti-inflammatoire (récepteurs antagonistes à l’interleukine-1, antibradykinine, inhibiteurs du facteur d’activation plaquettaire, anticorps monoclonaux anti-TNF, récepteurs solubles au TNF, antiprostaglandine). L’ensemble des essais thérapeutiques (> 10 000 patients), au cours de ces dix dernières années, a abouti à l’absence de résultats favorables, faisant remettre en cause l’hypothèse initiale de l’existence d’un état pro-inflammatoire systémique généralisé. Cependant, il est possible de mettre en évidence une diminution significative de la mortalité, environ de 3 à 4 %, quand on réalise une méta-analyse de ces essais cliniques, témoignant éventuellement de la faiblesse des études. Il n’y a pas de cible magique du sepsis et avant d’utiliser une thérapeutique anti-inflammatoire, il est nécessaire de caractériser l’état immunitaire du patient. Récemment, une étude clinique (Ramses study) évaluant un anti-TNF a permis de mettre en évidence une réduction significative de la mortalité (4,6 %) chez des patients en sepsis sévère présentant une interleukine-6 > 1 000 pg/mL. Il apparaît actuellement que l’activité pro-inflammatoire semble localisée au niveau du site infecté et qu’il existe plutôt une réponse anti-inflammatoire systémique généralisée conduisant à un état d’immunosuppression chez les patients septiques. De nouvelles molécules à visée pro-inflammatoire, comme le G-CSF, le GM-CSF ou l’interféron ã, pourraient être une nouvelle alternative thérapeutique. |
On peut résumer la conduite pratique, face à un patient présentant un état infectieux grave, de la manière suivante : – déshabiller et examiner le patient afin de visualiser correctement l’intensité des marbrures et l’existence de tâches purpuriques ; – mettre en place une surveillance scopique, un saturomètre et une pression artérielle non invasive ; – démarrer une oxygénothérapie à haut débit (> 6 L/min) sauf en cas d’insuffisance respiratoire chronique ; – mettre en place 2 voies veineuses périphériques (une pour le remplissage, l’autre pour l’utilisation éventuelle d’une drogue vasoactive) ; – débuter le remplissage vasculaire (1er flacon) ; – pratiquer ECG, radiographie pulmonaire ; – réaliser des hémocultures et un bilan infectieux en fonction de la porte d’entrée (ECBU, ponction pleurale, ponction d’ascite, PL, etc.) ; – faire un bilan biologique à la recherche :
– poursuivre le remplissage vasculaire (2e flacon), en cas d’hypotension artérielle persistante malgré le remplissage initial ; – si nécessité de drogues vasoactives, commencer par dopamine à 5 µg/kg/min, que l’on augmentera par paliers successifs de 5 µg en fonction de la réponse clinique ; – administrer un traitement antibiotique précoce ; – appeler le réanimateur. |