Le succès de la greffe de cornée humaine a été démontré depuis la première opération réalisée par Zirm en 1906. Les techniques chirurgicales ont largement bénéficié de l’introduction du microscope opératoire ; l’utilisation de stéroïdes et plus récemment de collyres à la cyclosporine a permis de réduire le nombre de rejet immunitaire et de traiter les réactions de rejet. La qualité du greffon cornéen doit être le souci constant et n’a cessé de s’améliorer. La sélection du donneur est faite pour plusieurs raisons :
1. Sélection des donneurs selon l’Association Européenne des Banques d’Yeux
La sélection des donneurs est un temps très important dans la collecte de greffons cornéens. Nous suivons les recommandations émises à Leiden, janvier 1990 émanant de l’Association Européenne des Banques d’Yeux (European Eye Bank Association, EEBA, 9th Edition, 2001).
→ Les contre-indications locales
Les affections oculaires contre-indiquent naturellement le prélèvement. Elles sont indispensables à écarter avant d’engager les démarches administratives :
• dystrophies cornéennes, kératocône,…
• preuves d’une action chirurgicale sur le segment antérieur (intervention de cataracte ou de glaucome, chirurgie réfractive)
• signes d’uvéite ou de conjonctivite
• tumeurs du segment antérieur
• rétinoblastome
A cette liste, nous rajoutons le mélanome choroïdien : lorsqu’il est en position antérieure, un envahissement du trabéculum par la chambre antérieure est possible avec accolement à l’endothélium de mélanocytes tumoraux.
Par contre, l’arc sénile ou gérontoxon n’est pas une contre-indication au prélèvement.
→ Pathologies pour lesquelles la manipulation des tissus est dangereuse
• Hépatite virale aiguë
• SIDA ou VIH positif
• Encéphalite virale aiguë ou encéphalite d’étiologie inconnue
• Maladie de Creutzfeldt-Jakob
• Rage
• Herpès
→ Pathologies pour lesquelles le risque de transmission du donneur au receveur est connu ou suspecté
• Décès d’une pathologie du système nerveux central dont l’étiopathogénie est inconnue ou mal connue (sclérose en plaque, sclérose latérale amyotrophique, maladie d’Alzheimer)
• Maladie de Creutzfeldt-Jakob
• Encéphalite sclérosante subaiguë - Rubéole congénitale
• Syndrome de Reye
• Patient décédé d’une septicémie, lorsque la cornée est conservée à +4°C.
• Hépatite virale aiguë
• Rage
• Leucémie aiguë
• Lymphome disséminé aigu
• SIDA
• Donneur à haut risque de contamination par le virus VIH homosexuel, bisexuel, connu ou suspecté, prostituée, hémophile, enfant de mère contaminée, antécédents de contacts sexuels avec un groupe à haut risque, syphilitique, utilisation connue ou suspectée, passée ou présente de drogues intraveineuses.
• Sérologie HIV positif
• Sérologie hépatite B positive
• Sérologie hépatite C positive [Le médecin responsable de l’intervention est tenu de prendre connaissance des résultats de la détection des marqueurs biologiques de l’hépatite C (décret n°92-174 du 25/02/92)].
• Donneurs traités par l’hormone de croissance (pit HGH) pendant les années 1963 à 1985.
• Jaunisse d’étiologie inconnue
• Réanimation respiratoire prolongée
→ Pathologies pour lesquelles les contre-indications sont relatives
• Maladie de Parkinson
• Immuno-supression chronique
• [Sérologie syphilis positive]
• Cachexie
• Anorexie
• Antécédent de chirurgie oculaire
• Patients qui sont décédés de septicémie, lorsque les cornées sont conservées à +31°C
2. Remarques
→ Transmission par la greffe de cornée d’un SIDA
La sérologie HIV1 et 2 de chaque donneur est obligatoire et pratiquée en France selon deux tests différents, soit deux tests ELISA (enzyme-linked immuno sorbent assay) soit un test ELISA et un test unitaire rapide. La sensibilité de ces tests s’avère très bonne puisqu’ils permettent de détecter des titres très faibles d’anticorps correspondant à un début de séroconversion. Cependant, leur spécificité de l’ordre de 0,1% à 0,3% impose l’utilisation de tests de confirmation pour affirmer un diagnostic positif.
A ce jour, aucun cas de transmission d’un SIDA par greffe de cornée n’a été rapporté à ce jour.
→ Transmission par la greffe de cornée d’une maladie de Creutzfeldt-Jakob
A ce jour, trois cas dont deux hautement probable de transmission de maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ) par greffe de cornée ont été rapportés. Une encéphalopathie spongiforme a pu être détectée dans les lobes frontal et occipital et dans la substance grise de l’insula et du noyau caudé par l’autopsie pratiquée chez un des donneurs.
Selon l’art. R. 665-80-2 du décret n°97-928 du 9 octobre 1997, «aucun prélèvement ne peut être réalisé sur une personne si des critères cliniques ou des antécédents révèlent un risque potentiel de transmission par celle-ci de la maladie de Creutzfeld- Jakob ou d’autre encéphalopathies subaiguës spongiformes transmissibles».