Introduction

Devant un traumatisme oculaire récent, (qui peut toujours exposer à des suites médicolégales), il faut distinguer 3 situations : les contusions oculaires, les traumatismes perforants et les corps étrangers.

Les contusions du globe ne présentent souvent pas de caractère d’urgence thérapeutique immédiate.

Les traumatismes perforants nécessitent par contre dans tous les cas une prise en charge en urgence afin de réaliser la suture de la ou des plaies du globe oculaire.

Les corps étrangers constituent une pathologie très fréquente. Il faut distinguer les corps étrangers superficiels, bénins, et les corps étrangers intra-oculaires, qui mettent en jeu le pronostic visuel.

1  -  Contusions du globe oculaire


1. Interrogatoire


Il permet de préciser les circonstances du traumatisme ; les agents contondants sont d’autant plus dangereux que leur volume est petit : ainsi un ballon est freiné par le relief orbitaire, alors qu’un bouchon de champagne peut directement atteindre le globe oculaire.

Le patient présente des douleurs oculaires, et une baisse d’acuité visuelle, d’importance variable. On vérifie toujours que le traumatisme est strictement oculaire, et qu’il n’y a pas de lésions associées (traumatisme crânien, traumatisme facial, etc…).

2. Examen


Il permet de distinguer les contusions du segment antérieur et les contusions du segment postérieur, qui peuvent être associées.

→ Contusions du segment antérieur

a) Cornée

Une contusion légère entraîne une simple érosion superficielle (visible après instillation de fluorescéine) ; elle nécessite, pour éviter une kératite microbienne par surinfection, un traitement antibiotique local par collyre et/ou pommade antibiotique à large spectre pendant quelques jours (par exemple, Gentamycine collyre 4fois/jour et gentamycine pommade le soir au coucher pendant 5 jours).
Les collyres cicatrisants n’ont aucune efficacité.

b) Conjonctive

L'hémorragie sous- conjonctivale peut être isolée, mais il faut toujours devant une hémorragie conjonctivale penser à rechercher des signes évoquant une plaie sclérale sous-jacente ou un corps étranger intra-oculaire.

c) Chambre antérieure : hyphéma

Fréquente, l’hémorragie de la chambre antérieure ou hyphéma survient immédiatement après le traumatisme : il se traduit par un niveau liquide hématique dans la chambre antérieure ; son évolution se fait en général spontanément vers la résorption, mais le risque est la récidive hémorragique. Un hyphéma récidivant massif, peut être responsable d’une « infiltration hématique de la cornée » (hématocornée) irréversible.

d) Iris

On peut observer :
• une iridodialyse (désinsertion à la base de l’iris),
• une rupture du sphincter de l’iris (au bord de la pupille),
• ou une mydriase post-traumatique (avec diminution du réflexe photomoteur).

e) Cristallin

Selon l’importance du traumatisme, et la résistance des fibres de la zonule, on peut observer :
• une subluxation du cristallin, luxation incomplète par rupture partielle de la zonule,
• une luxation complète du cristallin dans la chambre antérieure ou dans la cavité vitréenne par rupture totale de la zonule,
• une cataracte contusive (apparaissant plusieurs mois ou années après le traumatisme).

f) Hypertonie oculaire

Elle peut être provoquée par des lésions traumatiques de l’angle irido-cornéen, bien visibles en gonioscopie (examen de l’angle irido-cornéen à la lampe à fente).

Figure 1A : Hémorragie sous-conjonctivale traumatique étendue
Figure 1B : Hémorragie sous-conjonctivale
Figure 2 : Hyphéma
Figure 2 bis : Hyphéma
Figure 3 : Iridodialyse
Figure 3 bis : Iridodialyse post-traumatique
Figure 4 : Ruptures du sphincter irien (flèches)
Figure 5 : Subluxation du cristallin
Figure 5 bis : Subluxation du cristallin
Figure 6 : Luxation du cristallin dana la chambre antérieure
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