1 . 4  -  Indications et exemples

Chaque chirurgien et chaque école ayant ses habitudes il n'est pas possible d'entrer dans le détail ou les polémiques. Je ne donnerai donc ici que des exemples usuels, assez généralement admis.

  • Abcès des parties molles et myosites

    Après incision et évacuation de l'abcès, une lame ondulée est placée par l'incision et ressort en zone déclive. L'incision elle-même n'est pas refermée. Le drain est retiré après trois à cinq jours (fig. 5).

Easy drainage of presacral abscess.
Anatomie fonctionnelle du drainage lymphatique du sein.

Figure 5 : Drainage d'un abcès du sein par une lame
Trajet direct / Trajet déclive.
  • Hématome

    Après évacuation, un drain de Redon sera placé et l'incision refermée.
  • Plaie des parties molles, récente et peu contaminée

    Après parage, la plaie est refermée sur une lame placée au niveau de la plaie ou d'une contre-incision.
  • Appendicite aiguë

    En cas d'abcès ou de péritonite, une lame est laissée en place sortant par l'incision qui est partiellement refermée. Elle sera mobilisée après deux à trois jours puis retirée progressivement.
  • Chirurgie gynécologique

    Chirurgie réglée et non septique (hystérectomie simple, kyste de l'ovaire, grossesse extra-utérine simple) : le drainage est souvent inutile. Si on y tient, un Redon est suffisant.
  • Chirurgie plus complexe  

    notamment septique (pelvi-péritonites), le drainage efficace est nécessaire : lame et drain tubulaire dans le cul-de-sac de Douglas et sortant par une contre-incision au niveau de la fosse iliaque, drainage aspiratif ou encore sac de Mikulicz dans les formes sévères.
  • Chirurgie du côlon et du rectum 

    Ici le drainage vise à éviter la constitution d'un hématome pelvien souvent surinfecté qui, au contact de l'anastomose, serait un facteur de désunion et de fistule. Le drain permet de surveiller de façon précise l'évolution pendant les premiers jours. Si un lâchage anastomotique partiel survenait, le diagnostic en serait facilité (sur l'aspect du liquide de drainage) et le pronostic meilleur du fait de l'évacuation par le drain du produit de la fistule. Mais dans ce domaine chaque chirurgien a ses idées et utilisera selon les cas un système aspiratif ou une lame et un drain. La tendance est plutôt à drainer les espaces de décollement, souvent par des Redons ou un drain aspiratif.

Drainage d’un abcès para-rectal (vidéo).

  • Chirurgie biliaire

    Après une cholécystectomie simple, un drain de Redon est suffisant et sera retiré après un à deux jours. S'il s'agit d'une cholécystite suppurée ou gangrenée avec d'importants remaniements inflammatoires locaux, on drainera volontiers par une lame multitubulée, par exemple, sortant par une contre-incision déclive du flanc droit.

    En cas de lithiase du cholédoque un drain de Kehr, en T, est placé dans la voie biliaire principale. Ce drain est le plus souvent en caoutchouc et il doit être parfaitement fixé pour éviter à tout prix une mobilisation intempestive les premiers jours. Le chirurgien devra donner des consignes précises concernant l'installation et la surveillance de ce drain. Une cholangiographie de contrôle sera réalisée vers le huitième jour pour vérifier la liberté de la voie biliaire et l'absence de calcul résiduel.

 Methods and timing of biliary drainage for acute cholangitis.

  • Perforation d'ulcère

    Avant tout, le lavage de la cavité péritonéale doit être complet et parfait. Après quoi il est habituel de drainer l'étage sus-mésocolique par un drainage aspiratif ou une lame et un drain sortant par une contre-incision du flanc droit.
  • Péritonites généralisées

    Après le traitement de la cause et le lavage méticuleux de toute la cavité péritonéale, on s'efforcera de drainer les zones de stagnation habituelles (sous les coupoles diaphragmatiques, le cul-de-sac de Douglas) et les loges cruentées et abcédées. Dans ce dernier cas, les drains seront retirés très progressivement de façon à permettre l'affaissement et l'assèchement complet de cette cavité.

Prise en charge des péritonites communautaires.

  • Chirurgie orthopédique et traumatologique

     En fin d'intervention, un ou plusieurs drains aspiratifs de Redon seront laissés dans le site opératoire de façon à éviter la constitution d'hématome qui favoriserait la surinfection. Les précautions d'asepsie autour du drain sont ici aussi très importantes pour éviter une complication infectieuse par le trajet du drain, car on sait la gravité de ces infections, surtout lorsque du matériel métallique (plaque, clous, prothèses) a été posé.
  • Chirurgie thoracique

    Le drainage thoracique et le drainage des urines (cathétérisme sus-pubien et sondage trans-uréthral) constituent des sujets particuliers que l'on ne peut simplifier sans risque. Ces sujets devront donc faire l'objet de questions spéciales.

    Ainsi donc, selon l'usage qu'on en fait un drain peut être utile ou nocif. Il appartient à celui qui le pose de bien peser l'indication et la technique. Des soins infirmiers rigoureux et éclairés (par les explications nécessaires) éviteront bien des ennuis au malade !

Soins périopératoires en chirurgie digestive.

Analyse factuelle du drainage abdominal prophylactique.

5/5