Cas clinique 25
Scénario clinique

Monsieur M., 67 ans, est adressé par son médecin traitant pour douleur lombaire gauche, vomissements et altération de l’état général évoluant depuis 8 jours. Il a pour principaux antécédents un diabète de type II, une hypertension artérielle et une néphrectomie droite pour pyonéphrose il y a 20 ans.
Son traitement est le suivant : zestril 5 mg/j, lasilix 40 mg/j et Daonil 1/j.
A l’interrogatoire, vous apprenez que depuis 1 mois, il se plaint d’uriner très fréquemment et qu’il a eu un épisode d’hématurie macroscopique il y a 1 semaine. Il va rarement à la selle. Depuis quelques jours, il a très peu uriné et a vomi à plusieurs reprises. Il dit être essoufflé au moindre effort.
A l’examen, sa tension est à 180/100 mmHg et le pouls à 145/mn. La température est à 37°4. Il existe des crépitants bilatéraux à l’auscultation pulmonaire et sa fréquence respiratoire est à 35/mn avec des signes de lutte respiratoire. On note une douleur à la palpation de la fosse lombaire gauche, un météorisme abdominal sans bruits hydro-aériques et des oedèmes des membres inférieurs.

Question 1

Quels sont vos hypothèses diagnostiques ?
(Lecture suggérée : Chapitre 21)


Question 2

Vous avez évoqué, entre autres, une insuffisance rénale aigue. Décrivez les 3 mécanismes possibles en citant les arguments « pour » et les arguments « contre », puis retenez un mécanisme sur ces données anamnéstiques et cliniques.

EN SAVOIR PLUS

Enquête étiologique initiale d’une IRénA.

Anamnèse : Recherche de prise de médicaments

Examen clinique :

Poids, état d’hydratation, pression artérielle, température, état lombo-abdomino-pelvien

Examens de laboratoire :

Composition de l’urine sur échantillon (natriurèse, osmolalité, protéinurie, hématurie, leucocyturie)
Rapport urine/plasma de l’urée, de l’osmolalité et de la créatinine
Rapport urée/créatinine plasmatique
Protéinurie des 24 heures
Numération-formule sanguine avec plaquettes
Protidémie
Haptoglobine, hémoglobinémie, LDH, recherche de schizocytes en cas de suspicion d’hémolyse
Créatine phosphokinase (CPK)
Acide lactique
Gaz du sang, trou anionique

Imagerie :

Échographie abdominale et rénale
Abdomen sans préparation
Échographie cardiaque si suspicion d’insuffisance cardiaque

Cas clinique 25
Cas clinique 25 bis

Vous demandez des examens biologique en urgence :
a. Créatininémie : 889 µmol/l ; urémie : 58 mmol/l ; natrémie : 126 mmol/l ; kaliémie : 7,7 mmol/l, chlorémie : 86 mmol/l ; calcémie 2,0 mmol/l ; protidémie : 67 g/l ; glycémie : 18 mmol/l ; CRP : 230 mg/l
b. Globules blancs : 14000 ; hémoglobine : 9 g/dl ; plaquettes : 145000 ; Taux de prothrombine : 69%
c. Gaz du sang : SaO2 86% sous masque à haute concentration ; PaO2 : 6,5 kPa ; PaCO2 : 7 kPa ; pH : 6,95 ; bicarbonates : 10 mmol/l
d. Electrocardiogramme : cf figure 1
e. Radio de thorax : cf figure 2
f. Pas d’urines dans la sonde urinaire


Question 3

Commentez le résultat de ces différents examens complémentaires et énoncez les signes de gravité.

Cas clinique 25 ter

EN SAVOIR PLUS

Syndrome d’insuffisance rénale aiguë

Rétention azotée ( créatinine, urée, acide urique)
Troubles digestifs (anorexie, nausée, vomissements)
Troubles cardiovasculaires : HTA, anomalies ECG (K+, hypocalcémie)
Troubles respiratoires : OAP, acidose métabolique, troubles de conscience
Hyperkaliémie
Acidose métabolique à trou anionique élevé
Hyperhydratation : œdèmes, hyponatrémie, convulsions, OAPHypocalcémie, hypophosphorémie
Anémie normocytaire normochrome
Thrombopathie et tendance hémorragique
Malnutrition
Asthénie
Complications infectieuses

Signes de gravité d’une IRénA.


Hyperkaliémie symptomatique ou > 6,5 mmol/L
Coma et crises convulsives
OAP surtout en cas d’anurie
Acidose métabolique intense (pH < 7,20)
Hémorragie digestive sévère
Intoxication médicamenteuse

Étiologies des IRénA obstructives.

Lithiases (urique, calcique, médicamenteuse)
Hypertrophie prostatique avec rétention vésicale aiguë
Tumeurs malignes : cancers génitaux féminins, cancer de la vessie, cancer de la prostate, tumeurs urétérales, cancer du côlon, adénopathies lymphomateuses rétropéritonéales
Fibroses rétropéritonéales : idiopathiques, médicamenteuses, postradiothérapie, postinfectieuses (Crohn, sigmoïdite, rectocolite), anévrisme aortique, angéites aiguës, malignes (périmétastatiques, tumeurs carcinoïdes)
Endométriose
Bilharziose urinaire
Complication de la chirurgie urologique, gynécologique, aortique (plaie, ligature urétérale, lésions des méats urétéraux)
Nécrose papillaire
Caillots
Sténoses urétérales primitives

Distinction entre une IRénA fonctionnelle et organique

IRénA fonctionnelle IRénA organique
Natriurèse < 20 mmol/L
Non fiable si diurétiques
> 20 mmol/L
FeNa (U/PNa/U/Pcréatinine) < 1 % > 1 %
Osmolalité urinaire/osmolalité plasmatique > 1,5 1
Créatinine U/créatinine P > 40
(témoin de la réabsorption tubulaire)
< 20
Urée U/urée P > 8 < 3
Urée P/créatinine P > 100 50-70
(rhabdomyolyse < 50)
U = urinaire ; P = plasmatique ; Fe = fraction éliminée.


Question 4

Quels mesures sont à mettre en place immédiatement et pourquoi ?


Question 5

Une fois le malade stabilisé, par quel(s) moyen(s) faire la preuve du diagnostic ?

Figures 3 et 4


Question 6

Commentez ces deux examens complémentaires. Quelle doit être votre attitude thérapeutique ?