3  -  Savoir prescrire la kinésithérapie

3 . 1  -  Introduction


Le kinésithérapeute est un professionnel de santé formé en 3 ans après un concours (1 400 places réparties dans environ 30 écoles).
Le masseur kinésithérapeute réalise des actes manuels et instrumentaux qui ont pour finalité soit de prévenir, soit de rétablir ou de suppléer à une incapacité fonctionnelle. Il est habilité sur prescription médicale à participer au traitement de nombreuses affections. Il est conduit dans les limites de ses compétences à pratiquer un bilan. Celui-ci comporte l’évaluation des déficiences et de l’incapacité fonctionnelle. Il permet d’établir un diagnostic « kinésithérapique » et de proposer des techniques de rééducation. La prescription de prise en charge relève du médecin qui peut à tout moment modifier celle-ci.

Il est précisé dans les textes réglementaires que le masseur-kinésithérapeute participe dans le cadre des pathologies oto-rhino-laryngologiques à la rééducation :

  • vestibulaire des troubles de l’équilibre ;
  • des troubles de déglutition isolée ;
  • maxillo-faciale.

3 . 2  -  Kinésithérapie et rééducation maxillofaciale


Elle est indiquée dans la dysfonction de l’articulation temporomandibulaire.

Les symptômes sont de deux ordres : douleurs et diminution de l’ouverture buccale. Les étiologies sont multiples : séquelles de traumatisme, séquelles chirurgicales, atteinte fonctionnelle.

L’objectif de la kinésithérapie est d’améliorer l’ouverture buccale en réduisant les contractures.

3 . 3  -  Kinésithérapie et paralysie faciale


Le handicap lié à une paralysie faciale périphérique est très anxiogène pour le patient. Le pronostic dépend de l’étiologie.
Qu’il soit bon ou péjoratif, une prise en charge kinésithérapique est souvent indiquée. L’objectif est double : rééducation et aide psychologique.

La rééducation comporte :

  • des massages faciaux à type de drainage lymphatique ;
  • un travail par groupes musculaires (expression mimique) ;

Les contractions faciales globales et le travail en force sont proscrits. Cette rééducation a sa place tant au début de la paralysie qu’au stade des séquelles (contractures, syncinésies et spasme facial).

3 . 4  -  Kinésithérapie et rééducation vestibulaire


L’équilibre est une fonction complexe. Il fait appel à trois afférences sensorielles (vestibulaire, visuelle, proprioceptive). De leur concordance dépend un fonctionnement normal et inconscient de l’équilibre. Une atteinte de l’appareil vestibulaire entraîne un trouble de l’équilibre qui se traduit, entre autres, par des manifestations vertigineuses.

La rééducation vestibulaire a deux objectifs en fonction de l’origine des troubles :

  • en cas de vertige positionnel paroxytique bénin, restaurer une fonction vestibulaire normale ;
  • dans les autres cas, développer des suppléances visuelles et proprioceptives et diminuer les conséquences subjectives des manifestations vertigineuses.

3 . 4 . 1  -  Vertige positionnel paroxystique bénin


Le traitement du vertige positionnel paroxystique bénin (cause la plus fréquente de vertiges) n’est pas à proprement parler une technique de rééducation mais une thérapeutique. Il fait appel à une manœuvre libératoire destinée à déplacer les otolithes qui ont migré dans le canal semi-circulaire postérieur le plus souvent.

Le patient ressent dans certaines positions (décubitus latéral ou lors de flexion-extension de la tête) une sensation vertigineuse intense et brève.

La manœuvre qui peut être réalisée par un kinésithérapeute, après avis médical, consiste à déclencher chez le patient allongé, la manifestation vertigineuse et à rapidement retourner le patient de l’autre côté afin de déplacer les otolithes et les faire « sortir » du canal semi-circulaire postérieur (manœuvre de Semont).

3 . 4 . 2  -  Autres situations vertigineuses


Les buts recherchés sont :

  • diminuer l’intensité, la durée, la fréquence des vertiges ;
  • améliorer l’équilibre debout à la marche ;
  • diminuer des symptômes associés (nausées).

La rééducation est indiquée dans les situations suivantes :

  • atteinte vestibulaire unilatérale telle que névrite vestibulaire, section du nerf vestibulaire (par exemple après neurinome de l’acoustique) ;
  • atteinte vestibulaire bilatérale ;
  • troubles de l’équilibre de la personne âgée caractérisés par l’absence d’utilisation des informations vestibulaires souvent associée à une diminution des autres informations sensorielles (vision, proprioception, cinétose ou mal des transports).

Les techniques utilisées sont :

  • stimulations à l’aide d’un fauteuil rotatoire qui agit sur la réflexivité des deux vestibules ;
  • stimulations optocinétiques (projection de points lumineux en mouvement avec un patient debout). Cette technique diminue une éventuelle dépendance visuelle et favorise les informations somatosensorielles ;
  • plate-forme proprioceptive. Le sujet est debout sur une plate-forme mobile. L’objectif est de développer la proprioception en favorisant les informations somatosensorielles.

Ces différentes techniques sont associées à une prise en charge psychologique et un soutien psychologique qui permettent de dédramatiser la situation.

3 . 5  -  Kinésithérapie et chirurgie carcinologique cervicale


La réalisation d’un curage ganglionnaire associé à une radiothérapie est susceptible d’entraîner des troubles trophiques et éventuellement des lésions au niveau du nerf accessoire (XIe paire crânienne). Ce traumatisme entraîne une douleur de l’épaule avec une difficulté à lever le bras en abduction. À l’examen, le haussement d’épaule est déficitaire et le décollement de la scapula anormal.

Le traitement associe la mise en place d’une attelle de suspension de l’épaule à visée antalgique ainsi que des techniques de compensation par les autres muscles. La récupération est souvent incomplète.

En dehors des lésions du nerf accessoire, le kinésithérapeute peut aussi intervenir afin de réduire et améliorer les œdèmes cervico-faciaux (séances de drainage lymphatique), mais aussi les brides cicatricielles séquellaires des divers traitements.

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