3  -  Prélèvements thérapeutiques des cornées par excision in situ


La technique de prélèvement de cornée in situ encore appelé excision in situ de la cornée permet d’obtenir dans des conditions optimales de sécurité sanitaire, une cornée du donneur avec sa collerette sclérale (Brightbill, 1986). Elle permet sa mise en conservation immédiate. Le globe oculaire n’étant pas enlevé, elle permet de respecter une restitution anatomique ad integrum, ce qui est un gage d’une meilleure acceptation par les familles des donneurs.

Il faut souligner que le prélèvement in situ des cornées est la seule méthode autorisée au dépositoire. Par contre, l’énucléation du globe oculaire reste possible dans le cadre d’un prélèvement multi-organe et elle ne peut s’effectuer qu’au bloc des urgences.

Avant de procéder au prélèvement, le médecin préleveur doit procéder à un certain nombre de vérifications légales qui ont été rappelées dans le paragraphe «Le médecin préleveur».

Il doit en outre s’assurer que le corps présenté soit celui du donneur. Il doit vérifier à l’aide d’une lampe stylo l’état des cornées du donneur et effectuer une inspection générale du corps du donneur. Il doit prendre connaissance du dossier médical du donneur.

Il doit effectuer un prélèvement de sang en postmortem par voie sous-clavière en vue des sérologies virales (geste qui n’est pas toujours de réalisation facile).

Il doit vérifier la conformité des formulaires d’autorisation : local et celui transmis par l'agence de la Biomédecine concernant la non-opposition de ce sujet au prélèvement (registre national informatisé des refus, article L. 1232-1).

Il doit s’assurer que les dates de péremption concernant la stérilité du matériel utilisé ne sont pas dépassés. La mise en décongélation des milieux de conservation à +31°C au bain marie doit être effectuée environ une demi- heure avant le prélèvement.

Le prélèvement se fait dans un local propre dans des conditions chirurgicales. Il est assuré par le médecin préleveur aidé d’une infirmière de la coordination hospitalière.

La restauration tégumentaire est assurée par le recouvrement de l’oeil par une prothèse en plastique hémisphérique creuse et transparente que l’on peut retailler aux dimensions voulues à l’aide d’une paire de ciseaux. Cette prothèse est munie d’aspérités ce qui permet une bonne adhérence aux paupières. Le galbe de l’oeil est ainsi respecté. Elle permet de restituer en cas d’ouverture des paupière l’aspect du segment antérieur avec respect de la couleur de l’iris.

Les avantages de cette technique de prélèvement in situ de la cornée sont la fiabilité, la rapidité et la simplicité d’exécution, mais elle demande de la minutie pour éviter tout contact au niveau de l’endothélium cornéen dont la vitalité est essentielle pour la réussite de la greffe. Elle évite une énucléation porteuse de préjugés psychologiques qui n’ont pas la faveur des familles et elle autorise une meilleure restauration anatomique puisque l’iris reste en place. Elle supprime le délai entre l’énucléation et la mise en conservation évitant toute manipulation supplémentaire avec un risque toujours possible de contamination. Elle permet de
faire une économie de temps de travail et elle diminue notablement le coût global. Par contre, la décontamination qui est un temps important et incontournable est mieux assurée dans la technique de l’énucléation.

Au total, la technique d’excision in situ de la cornée est la technique de choix, car elle contribue à avoir un accueil favorable non seulement de la part des équipes de prélèvement mais surtout de la part des familles qui acceptent plus facilement le don de cornée que le don d’yeux.

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