2 . 3  -  Yeux rouges bilatéraux, douloureux, sans baisse de l’acuité visuelle


1. Conjonctivites virales


Très fréquentes, très contagieuses, elles surviennent par épidémies.

Bilatérale, l’atteinte se fait en général en deux temps, et associe :

• sécrétions claires.
• adénopathie prétragienne douloureuse à la palpation très évocatrice.

Elles sont parfois difficiles à différencier d’une conjonctivite bactérienne.

L’évolution est en règle spontanément favorable en 10 à 15 jours, mais possible vers une kératoconjonctivite à adénovirus (voir « Kératite aiguë »). L’atteinte commence d’un côté et se bilatéralise par auto-contamination dans les jours qui suivent.

2. Conjonctivite allergique

Elle survient sur terrain atopique ou allergique connu le plus souvent, de façon saisonnière.

L’atteinte bilatérale et récidivante associe prurit, chémosis (œdème conjonctival), sécrétions claires, volumineuses papilles conjonctivales inférieures.

Le traitement comprend :

• bilan allergique
• éviction de l’allergène, désensibilisation
• un collyre anti-allergique

3. Conjonctivites à chlamydia

La conjonctivite à inclusions de l’adulte est une affection sexuellement transmissible, qui peut s’associer à une urétrite ou une vaginite (traitement par azythromycine en monodose).

Le trachome (conjonctivite à Chlamydia trachomatis) est très fréquent dans les pays du tiers-monde et responsable de complications cornéennes très sévères (deuxième cause mondiale de cécité après la cataracte). Il s’agit d’une conjonctivite avec néovascularisation cornéenne, fibrose du tarse et entropion.

4. Sydrome sec oculaire

Très fréquente, l’insuffisance de sécrétion lacrymale peut être responsable d’une rougeur oculaire associée à une sensation de grains de sable ou à des douleurs oculaires superficielles ; ces signes sont secondaires à une atteinte de l’épithélium conjonctival, associée ou non à une atteinte épithéliale cornéenne, par altération de la trophicité des cellules épithéliales.

Le diagnostic repose sur :

  • un examen quantitatif de la sécrétion lacrymale, le test de Schirmer ; on place une bandelette de papier spécifique au niveau de la paupière inférieure et après 5 minutes, on mesure la zone humidifiée ;
  • un examen qualitatif de la qualité du film lacrymal : il étudie la stabilité du film lacrymal dont il mesure le temps de rupture (Break-Up Time ou BUT) par instillation d’une goutte de fluorescéine dans le cul-de-sac inférieur, puis on demande au patient de ne plus cligner, ensuite on mesure le temps de rupture du film lacrymal.
  • un examen de la surface cornéenne par instillation d’une goutte de fluorescéine qui montre une kératite punctuée superficielle
  • un examen de la surface conjonctivale par instillation d’une goutte de vert de Lissamine qui colore les cellules mortes dans la zone d’ouverture palpébrale

L’étiologie est :

  • le plus souvent une involution sénile des glandes lacrymales ;
  • un syndrome de Gougerot-Sjögren.

La prise en charge repose sur :

  • des substituts lacrymaux : larmes artificielles, gels, idéalement sans conservateurs
  • une éviction les facteurs irritants : soleil (lunettes teintées), climatisation, air sec (humidificateurs, tabac, poussières)
  • l’occlusion temporaire ou permanente des points lacrymaux
  • des traitements généraux (parasympatholytiques, fluidifiants)

Autres causes d’yeux rouges douloureux sans baisse d’acuité visuelle :

• Maladie de Basedow
• Malpositions palpébrales (entropion, ectropion, chalazions)
• Conjonctivite d’irritation : tabac, poussières.

Figure 11 : Conjonctivite printanière
Figure 12 : BUT («break-up time) : mesure du temps de rupture du film lacrymal après instillation d’une goutte de fluorescéine
Figure 13 : Kératite ponctuée superficielle
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