2  -  Les vaccinations


En France, comme dans le monde, la vaccination reste un des meilleurs outils de prévention des maladies infectieuses et constitue un enjeu de santé publique : la politique de vaccination est élaborée par le ministère chargé de la santé qui fixe les conditions d’immunisation, énonce les recommandations et rend public le calendrier vaccinal.
Les nombreuses campagnes internationales et nationales ont permis l’éradication ou la diminution considérable de certaines maladies (variole, poliomyélite).

Il s’agit d’un acte médical qui implique le respect de certaines règles, précautions et techniques avant, pendant et après l’injection.

2 . 1  -  Généralités

Les vaccins sont des préparations contenant des substances anti-géniques destinées à induire chez le sujet une immunité active spécifique contre un agent infectieux donné (bactérien, viral, voire parasitaire).

Les compositions des préparations vaccinales varient suivant le type de vaccin :

  • vaccins vivants ou atténués (agents infectieux entiers (virus, bactéries) dont la virulence est réduite après mutation comme le BCG, ROR, vaccin contre la varicelle)
  • vaccins tués ou inactivés (agents infectieux entiers inaptes à la multiplication du fait d’un traitement physique ou chimique comme le vaccin contre la coqueluche, ou le vaccin anti-poliomyélite)
  • vaccins sous-unités (type anatoxiniques ou polysaccharidiques) antigènes spécifiques de l’agent infectieux après traitement ou après fabrication de novo) vaccins antidiphtérie et antitétanique

2 . 2  -  Les modalités pratiques

Préalablement à l’administration du vaccin, comme tout acte médical, une information sur les bénéfices attendus tant individuel que collectifs ainsi que sur la survenue possible d’effets secondaires et la conduite à tenir pour les atténuer doit être transmise et comprise de la personne ou de ses parents ou tuteurs légaux.
Durant cet entretien, un interrogatoire précisera les antécédents médicaux pouvant contre indiquer de façon temporaire ou définitive la vaccination en faisant préciser les réactions à des injections antérieures.
Les rares contre-indications définitives éliminent la vaccination et doivent être mentionnées sur le carnet de santé.

La vaccination est un acte médical qui engage la responsabilité du professionnel de santé (médecin, sage-femme) qui la prescrit. Toute vaccination doit être retranscrite sur le carnet de santé de l’enfant. Les pages « vaccinations » représentent le certificat. Le cachet du médecin ou de la sage-femme, la date, la marque du vaccin et le numéro de lot de fabrication doit figurer sur ces documents. Les mêmes renseignements doivent restées en possession du professionnel qui effectue l’injection.

2 . 2 . 1  -  Les compétences de la sage-femme

Conformément à l’article L.4154-4 du code de santé publique, dans le cadre de l’exercice de leurs compétences, les sages-femmes sont autorisées à prescrire(cf. note : 1) :

  • aux nouveau-nés : vaccin et immunoglobulines anti-hépatite B ; BCG
  • aux femmes : les vaccins sous forme monovalente ou associés contre les pathologies suivantes : tétanos, diphtérie, poliomyélite, coqueluche, rubéole, hépatite B, grippe et vaccin préventif contre les lésions du col de l’utérus HPV


L’arrêté du 10 janvier 2011 modifiant l’arrêté du 22 mars 2005 fixant la liste des vaccinations que les sages-femmes sont autorisées à pratiquer sont bien évidemment les vaccinations qu’elles peuvent prescrire. Néanmoins, la pratique des vaccins contre la rougeole, les oreillons (ROR) et contre le méningocoque C est possible chez les femmes mais ces vaccins ne sont pas autorisés à prescription.

2 . 3  -  Les sites de vaccination et les voies d’administration

2 . 3 . 1  -  Voies sous cutanée SC et intramusculaire IM

Avant toute injection, il est nécessaire de désinfecter la peau avec un antiseptique ou de l’alcool. Un délai de séchage de quelques secondes est recommandé afin qu’il n’existe aucun excédent de liquide risquant d’inactiver certains vaccins vivants. L’injection n’est pratiquée qu’après élimination de l’air dans la seringue.

La voie SC est recommandée pour les vaccins viraux (rougeole, oreillons, rubéole, fièvre jaune)
La voie IM est réalisée :

  • dans le deltoïde après l’âge de 2 ans
  • ou dans la face antérolatérale de la cuisse avant l’âge de 2 ans ; la vaccination dans la fesse n’est pas recommandée chez le nourrisson (risque d’injection intra graisseuse avec mauvaise efficacité et d’atteinte du nerf sciatique, même à distance du point d’injection).


Les vaccins atténués à l’exception du BCG et les vaccins polysaccharidiques peuvent être fait en IM et en SC.
Les vaccins inactivés et les autres vaccins sous unités donnent une meilleure efficacité et une meilleure tolérance par voie IM que SC.

2 . 3 . 2  -  Voie intradermique

Cette voie est pratiquement réservée au BCG. Ce geste est délicat surtout chez le nourrisson. Pour les nourrissons de moins de 3 mois, il est conseillé d’utiliser la plus petite des aiguilles recommandées, de type courte biseautée 26G/0.45.
Le lieu d’injection correspond à la face externe du bras, à l’union tiers moyen-tiers supérieur ; la peau doit être bien tendue et l’aiguille enfoncée tangentiellement à la peau, le biseau tourné vers le haut. Il se crée une petite zone d’œdème et la peau prend une allure gaufrée dite en « peau d’orange ».

2 . 4  -  Les intervalles entre les doses successives

Les intervalles entre les différentes doses d’une vaccination à doses multiples ou entre primovaccination et rappels sont des recommandations fondées sur les données expérimentales sur l’immunogénicité et l’efficacité du vaccin présentées dans le dossier d’autorisation sur le marché (AMM). Un intervalle de 4 semaines est recommandé entre 2 injections de vaccin lors de la primo vaccination avec les valences diphtérie, tétanos polio coqueluche et haemophilus.

Il n’y a pas d’intérêt à raccourcir ces intervalles car cela entraînerait une diminution de la réponse immunitaire.

On peut pratiquer une injection avec retard en administrant les doses vaccinales manquantes par rapport au schéma vaccinal recommandé. Cette pratique s’appuie sur l’existence d’une mémoire immunitaire qui permet à l’organisme dans la plupart des cas, de répondre rapidement à une dose de rappel, même si la précédente est très éloignée dans le temps. L’inconvénient est de retarder la protection (cf. note : 2). Il n’y a pas d’intérêt à recommencer une vaccination « complète ».

2 . 5  -  Les associations vaccinales

Les vaccins associés diminuent le nombre d’injection, améliorent l’acceptabilité, allègent les calendriers et permettent d’augmenter la couverture vaccinale. Il existe :

  • Les combinaisons vaccinales où les différents vaccins sont mélangés dans une même seringue. Seules les combinaisons étudiées et reconnues sont autorisées. Ex : le vaccin trivalent Rougeole-Oreillons-Rubéole.
  • Les co- administrations où les différents vaccins sont administrés au même moment et à la même personne mais en des sites séparés. Ex : le vaccin hexavalent Diphtérie, Tétanos, Coqueluche, Poliomyélite inactivé, haemophilus influenzae b et hépatite B, d’une part et le vaccin pneumococcique d’autre part.
  • Les associations occasionnelles peuvent être utilisées en cas de retard dans l’exécution du calendrier ou de risque particulier, et les vaccins sont injectés le même jour dans des sites séparés. Ex : le vaccin BCG peut être administré le même jour que n’importe quel autre vaccin.

2 . 6  -  Les contre indications aux vaccinations

Les textes d’autorisation de mise sur le marché des vaccins comportent les contre-indications et sont régulièrement mis à jour. De plus, ces contre indications figurent sur la notice de chaque produit. Elles sont le plus souvent liées à une hypersensibilité aux substances actives ou aux excipients. Des contre indications sont transitoires en cas de maladies fébriles ou d’infections aigues. Les vaccins vivants atténués sont contre indiqués chez la femme enceinte et les sujets immunodéprimés.
Les recommandations vaccinales sont réévaluées, mises à jour et inscrites dans le calendrier vaccinal publié par le ministère chargé de la Santé après avis du Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP). Ces documents constituent donc la référence actualisée. Des informations sont disponibles sur le site infovac.fr ou mesvaccins.net.

2 . 7  -  Le calendrier vaccinal 2012

2 . 7 . 1  -  Tableau synoptique des vaccinations en 2012

Le calendrier définit la politique vaccinale destinée aux enfants et aux adultes suivant un choix stratégique prenant en compte divers éléments comme l’épidémiologie de la maladie, la disponibilité et les caractéristiques des vaccins (efficacité et durée de la protection), le rapport bénéfices/risques, coût/efficacité, l’harmonisation avec les recommandations de l’OMS et de l’Europe.
Ce calendrier est révisé chaque année en France par le Comité Technique des Vaccinations (CTV), approuvé et proposé par le ministère de la santé. Il est publié chaque année au Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, accessible sur le site www.invs.sante.fr/beh/.


Calendrier vaccinal détaillé 2012 - Ministère en charge de la santé

2 . 7 . 2  -  Les vaccins obligatoires, les vaccins recommandés en France

Les vaccinations obligatoires chez les enfants et adolescents sont les suivantes :

  • contre la diphtérie et le tétanos : seule la primo vaccination avec le 1er rappel à 18 mois est obligatoire
  • contre la poliomyélite : la primo vaccination et les rappels sont obligatoires jusqu'à l'âge de 13 ans
  • contre la fièvre jaune : pour toutes les personnes résidant en Guyane.


Les personnes titulaires de l'autorité parentale doivent veiller au respect de cette obligation.

Les vaccinations recommandées concernent :

  • la tuberculose dès la naissance pour les enfants à risque (résidants en Ile de France et Guyane). Elle peut être proposée jusqu’à l’âge de 15 ans chez les enfants non vaccinés mais à risque élevé,
  • les maladies telles que la coqueluche, la rubéole, la rougeole, les oreillons, la varicelle,
  • les infections invasives à Hæmophilus influenza b, à pneumocoque, à méningocoque C,
  • les infections à papillomavirus humains (pour les jeunes filles à partir de 14 ans),
  • l’hépatite B à la naissance si mère infectée par l’hépatite B sinon à partir de 2 mois, 
  • la grippe saisonnière à partir de 6 mois pour les enfants à risque.


Les vaccins sont remboursés à 65 % par la sécurité sociale sauf le ROR pour les enfants de 1 à 17 ans et la grippe saisonnière pour les populations à risque remboursés à 100 %.

Notes
  1. 1 : Arrêté du 12 octobre 2011 fixant la liste des médicaments que peuvent prescrire les sages-femmes et portant abrogation de dispositions règlementaires.
  2. 2 : Guide des vaccinations Edition 2012. Direction Générale de la Santé, Comité Technique des vaccinations
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