2. Objectifs lipidiques

Les cibles thérapeutiques, en termes de LDL-cholestérol, dépendent du nombre de facteurs de risque présents (figure 9.5, tableaux 9.V et 9.VI).

Ces objectifs thérapeutiques ne s’appliquent pas nécessairement à l’hypercholestérolémie familiale : en effet, le risque vasculaire élevé de cette pathologie et la précocité de l’hypercholestérolémie peuvent justifier un traitement plus précoce.

La cible ultime d’un LDL-cholestérol inférieur à 1 g/L correspond à des patients à très haut risque cardiovasculaire, en prévention secondaire ou à risque équivalent (tableau 9.VI).

Figure 9.5
Tableau 9.V. Facteurs de risque à prendre en compte dans le choix thérapeutique selon les valeurs de LDLc
Facteurs de risque  
Âge Homme de 50 ans ou plus
Femme de 60 ans ou plus, ou ménopausée
Antécédents familiaux de maladie coronaire précoce Infarctus du myocarde ou mort subite avant l’âge de 55 ans chez le père, ou chez un parent du premier degré de sexe masculin
Infarctus du myocarde ou mort subite avant l’âge de 65 ans chez la mère, ou chez un parent du premier degré de sexe féminin
Tabagisme actuel*  
Hypertension artérielle permanente traitée ou non traitée Se reporter aux recommandations spécifiques
Diabète sucré traité ou non traité Se reporter aux recommandations spécifiques
HDLc inférieur à 0,40 g/L (1 mmol/L) quel que soit le sexe Exemple : une femme de 60 ans ayant un taux de HDLc égal à 0,70 g/L (1,80 mmol/L) est considérée comme sans facteur de risque
Facteur protecteur  
HDLc supérieur ou égal à 0,60 g/L (1,5 mmol/L) Soustraire alors « un risque » au score de niveau de risque
* ou tabagisme arrêté depuis moins de 3 ans.

a. Choix des molécules

Hypercholestérolémie et hypercholestérolémie pure ou mixte

Les statines représentent le traitement de première ligne ; elles sont systématiquement privilégiées par rapport aux fibrates, y compris en cas d’hyperlipidémie mixte.

En seconde ligne, viennent :

  • en cas d’intolérance, ezetimibe et/ou colestyramine et/ou fibrates et/ou acide nicotinique ;
  • en cas d’hyperlipidémie mixte, les statines sont systématiquement privilégiées par rapport aux fibrates.

Hypertriglycéridémie pure

Les seuils d’intervention thérapeutique sont les suivants :

  • si TG > 2 g/L, traitement diététique ;
  • si TG < 4 g/L et risque cardiovasculaire cependant élevé, privilégier une statine (leur niveau de preuve est désormais supérieur à celui des fibrates lors des hypertriglycéridémies modérées) ;
  • si TG > 4 g/L et risque CV élevé, traitement médicamenteux par fibrate ou à défaut acide nicotinique, complété éventuellement par AG oméga-3 ;
  • l’indication des fibrates se restreint aux hypertriglycéridémies exclusives avec une HDLc abaissée et un risque cardiovasculaire élevé ; cependant, le seul fibrate ayant démontré un bénéfice en prévention cardiovasculaire de façon probante est le gemfibrozil (Lipur®), qui comporte des interactions pharmacocinétiques multiples.
Tableau 9.VI. Définition des patients à haut risque CV en prévention secondaire, ou à risque équivalent
Les patients ayant des antécédents
– de maladie coronaire avérée (angor stable et instable, revascularisation, IDM, IDM silencieux documenté) – de maladie vasculaire avérée (accident vasculaire cérébral ischémique, artériopathie périphérique)
Les patients ayant un diabète de type 2 (sans antécédent coronarien, ni cérébrovasculaire) avec un haut risque cardiovasculaire défini par
– une atteinte rénale (protéinurie supérieure à 300 mg/j ou clairance de la créatinine estimée par la formule de Cockcroft < 60 mL/min) – ou au moins deux des facteurs de risque cardiovasculaires suivants :
1. âge supérieur ou égal à 65 ans
2. hérédité familiale cardiovasculaire précoce (< 50 ans)
3. tabagisme actuel ou arrêté depuis moins de 5 ans
4. hypertension artérielle non contrôlée (PAS > 140 mmHg ou PAD > 80 mmHg)
5. HDL < 0,40 g/L (1 mmol/L)
6. microalbuminurie (> 30 mg/j)
Les patients ayant un risque > 20 % de faire un événement coronarien dans les 10 ans
IDM : infarctus du myocarde ; PAS : pression artérielle systolique ; PAD : pression artérielle diastolique.

La colestyramine majore les hypertriglycéridémies.

b. Principes d’adaptation du traitement

L’habitude est de commencer les hypolipémiants par une posologie faible et de l’augmenter ultérieurement en fonction de l’efficacité de la tolérance, jusqu’à l’obtention d’un taux de LDL inférieur à la valeur cible.

L’utilisation de fortes doses, voire d’associations d’hypolipémiants est à envisager au cas par cas, après avis spécialisé, en veillant à la tolérance et à l’observance du traitement.

Pour certains patients en prévention secondaire coronaire, il peut se discuter de viser un objectif de LDL-cholestérol encore inférieur à 1 g/L. Le rapport bénéfice/risque de cette stratégie intensive reste débattu.

Surveillance de l’efficacité du traitement hypolipidémiant

Bilan lipidique 2 à 3 mois après la mise en route du traitement afin de vérifier que les objectifs lipidiques sont atteints.

Informer le patient de ces objectifs :

  • si les objectifs thérapeutiques sont atteints, le bilan lipidique est réalisé 1 à 2 fois/an ;
  • si les objectifs thérapeutiques ne sont pas atteints, modification de la thérapeutique et bilan lipidique de contrôle 2 mois plus tard, jusqu’à l’obtention des objectifs thérapeutiques.


Surveillance de la tolérance du traitement hypolipidémiant

Tolérance clinique : douleurs musculaires en particulier.

Tolérance biologique :

  • dosage des transaminases dans les trois mois qui suivent l’instauration du traitement ;
  • dosage des CPK, seulement en cas de myalgies et/ou de situation à risque majoré (associations médicamenteuses, comorbidités, antécédent d’intolérance).
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