3  -  Ulcérations des muqueuses génitales

Elles relèvent des mêmes causes que les lésions buccales (aphtes, infections, maladies bulleuses et érosions physiques ou caustiques par topiques locaux inappropriés, carcinome épidermoïde). Les IST ont ici une place privilégiée. Ces lésions augmentent le risque de transmission de l'infection par le VIH.

3 . 1  -  Herpès

3 . 1 . 1  -  Primo-infection génitale

L'incubation moyenne est de 6 jours (2–20 jours).

Cliniquement on constate : une altération fébrile de l'état général, des douleurs intenses, un érythème et/ou un œdème inflammatoire recouvert de vésicules évoluant vers des érosions polycycliques.

Les signes d'accompagnement sont : un syndrome urétral chez l'homme, des leucorrhées, des lésions cutanées adjacentes, des adénopathies régionales inflammatoires, un syndrome méningé (inconstant).

3 . 1 . 2  -  Récurrences génitales

La localisation préférentielle est : la vulve chez la femme, le fourreau de la verge chez l'homme.

Elles sont souvent asymptomatiques (excrétion asymptomatique) ou atypiques, (fissuraire…) (problématique de l'herpès néonatal).

3 . 2  -  Syphilis

3 . 2 . 1  -  Chancre syphilitique

Le chancre syphilitique apparaît en moyenne 3 semaines (10–90 jours) après le contage : constant, classiquement unique, muqueux, induré, indolore, propre.

Les formes atypiques sont fréquentes : il faut toujours penser à la syphilis en présence d'une ulcération ou d'une érosion génitale et faire un prélèvement.

L'(les)adénopathie(s) régionale(s) complète(nt) le tableau (pas de tendance à la fistulisation).

Le diagnostic est confirmé par : l'examen du frottis au microscope à fond noir et par le sérodiagnostic (FTA-Abs positif vers J5-J7 ; TPHA vers J7-J10 ; VDRL vers J10-J15).

3 . 2 . 2  -  Syphilis secondaire

Les lésions érosives accompagnent volontiers les plaques muqueuses buccales dites « fauchées ». Il existe une association possible de lésions cutanées papulo-érosives génitales et périanales riches en tréponèmes.

3 . 3  -  Chancre mou

La contamination est volontiers tropicale (endémique en Afrique Noire et en Amérique latine) ou liée à la prostitution.

L'incubation se fait en 3 à 7 jours.

Il est classiquement inflammatoire, > 1 cm, non induré, profond, sale et douloureux.

Le bubon inguinal (1 cas sur 2) apparaît 8 à 10 jours plus tard, évoluant vers la fistulisation.

Le diagnostic se fait par la mise en évidence d'Hæmophilus ducreyi (cultures, PCR). La coloration de Gram réalisée sur l'examen direct est de moindre sensibilité.

Il faut rechercher systématique une syphilis associée (PCR multiplex) et une primo-infection par le VIH.

3 . 4  -  Maladie de Nicolas-Favre

Elle est rare et due à Chlamydia trachomatis (sérotypes L1, L2, L3).

L'incubation dure de 3 à 30 jours.

La clinique constate :

  • une lésion primaire éphémère à type de papule, de pustule ou d'érosion ;
  • une prédominance de la topographie anorectale pour l'épidémie développée dans la communauté homosexuelle masculine depuis 2002.


Une adénopathie inflammatoire (2 cas sur 3) peut se fistuliser en pomme d'arrosoir.

3 . 5  -  Donovanose

C'est une infection très rare, due à Calymmatobacterium granulomatis , observée en zone intertropicale (Amérique du Sud, Caraïbes, sous-continent Indien…). Elle est absente en Europe.

L'incubation moyenne dure de 1 à 6 semaines.

La clinique présente : une ulcération rouge vif, indolore, surélevée en plateau, avec bords en margelle de puits dont la taille varie de 1 à 4 cm.

Il n'y a pas d'adénopathie.

Le diagnostic se fait par visualisation des corps de Donovan (frottis coloré au Giemsa).

3 . 6  -  Primo-infection par le VIH

Cf. supra

3 . 7  -  Ulcération extensive, chronique et douloureuse de l'immunodéprimé

Face à une ulcération extensive, chronique et douloureuse de l'immunodéprimé, il faut évoquer une infection opportuniste ou une cause tumorale (frottis ou biopsie) ; ainsi que la présentation atypique possible d'infections plus habituelles : herpès, CMV…

Savoir que :

  • La valeur prédictive positive des caractéristiques cliniques d'un chancre (induration, douleur…) est faible.
  • Il faut évoquer systématique une coïnfection et rechercher toutes les autres IST après diagnostic d'une d'entre elles.
  • 30–50 % des ulcérations génitales restent inexpliquées.

Évaluation minimale d'une ulcération génitale aiguë (recommandations de la section MST de la SFD, septembre 2006)

Recherche HSV1, HSV2 : culture ou PCR (la sérologie non spécifique de type permet de documenter une primo-infection : séroconversion).

Exclure une syphilis : microscope à fond noir et sérologie syphilis (VDRL + TPHA + FTA).

Sérologie VIH et antigénémie p 24 ou virémie VIH (avec contrôle à 3 mois de la sérologie).

À compléter selon les données de l'interrogatoire et de l'examen clinique par un grattage à la curette des bords de la lésion :
  • pour la recherche d'Hæmophilus ducreyi et de corps de Donovan par examen direct après coloration May-Grünwald-Giemsa et Gram ;
  • pour la recherche d'Hæmophilus ducreyi par culture ;
  • pour la recherche de Chlamydia trachomatis par culture cellulaire ou PCR.

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