Une recommandation pour la pratique clinique concernant « l'onychomycose » a été publiée en 2007
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Anatomie – Sémiologie

Quelques connaissances anatomiques et sémiologiques aident à interpréter les signes cliniques.

La tablette unguéale d'un doigt se renouvelle en 4 à 6 mois, celle d'un orteil en 9 à 18 mois (la vitesse de renouvellement est plus rapide chez l'enfant, plus lente chez le sujet âgé).

La matrice unguéale, dont on aperçoit la région distale qui correspond à la lunule, fabrique la tablette unguéale qui s'allonge sur le lit unguéal, structure rosée que l'on aperçoit à travers la tablette.

La tablette unguéale n'est pas adhérente à l'hyponychium, structure épidermique qui fait suite au lit de l'ongle (la tablette apparaît alors blanche).

La pathologie unguéale est variée : pratiquement toutes les dermatoses et les tumeurs cutanées peuvent toucher l'appareil unguéal. Néanmoins, il existe une pathologie propre à l'appareil unguéal, lié à ses particularités anatomiques (Schéma 1).

Schéma 1 : Coupe anatomique de l'appareil unguéal
Coupe anatomique de l'appareil unguéal (d'après Baran R, Piérard GE. Onychomycoses. Paris : Masson, 2004).

Son expression clinique est assez restreinte et des onychopathies de causes très différentes peuvent avoir le même aspect clinique.

L'onyxis est un terme général concernant toute inflammation ou infection touchant directement la tablette unguéale (par anomalie de la matrice et/ou du lit de l'ongle).

Il s'oppose au terme de « périonyxis » qui affecte les replis cutanés périunguéaux.

Une atteinte d'un seul doigt traduit le plus souvent un phénomène local (traumatisme, infection ou tumeur), tandis qu'une atteinte de plusieurs doigts fait suspecter une dermatose ou une affection générale.

Une atteinte matricielle a pour conséquence une dystrophie de la tablette elle-même, alors qu'une atteinte du lit de l'ongle a pour conséquence un décollement et/ou un épaississement des tissus sous-unguéaux.

Les doigts sont principalement touchés en pathologie unguéale.

1  -  Atteinte matricielle avec modification de la tablette unguéale

1 . 1  -  Hyperstriation longitudinale

On distingue les sillons (dépressions) et les crêtes (relief). Les sillons et crêtes multiples sont fréquents (phénomène physiologique apparaissant au cours de la vie) et s'associent souvent à une fragilité unguéale distale. Il faut diminuer la fragilité en limitant les contacts prolongés avec l'eau et en suivant des conseils cosmétiques adaptés.

Il existe des hyperstriations longitudinales pathologiques qui s'intègrent dans le cadre d'un psoriasis, d'un lichen ou d'une pelade.

Une dépression longitudinale (gouttière) unique doit faire rechercher une tumeur du repli sus-unguéal.

1 . 2  -  Hyperstriation transversale

Il s'agit de sillons ou lignes de Beau dont la forme reproduit celle de la lunule. Ils traduisent un ralentissement ou un arrêt de croissance de l'ongle.

L'onychotillomanie (refoulement maniaque des cuticules des pouces à l'aide de l'index) peut aboutir à la déformation des tablettes unguéales et touche souvent les pouces où la lame unguéale est barrée de multiples stries transversales médianes ; les cuticules sont absentes et il existe souvent un périonyxis excorié (Figure 1).

Figure 1 : Onychotillomanie

1 . 3  -  Dépressions ponctuées

Il s'agit de dépressions punctiformes (aspect en « dé à coudre »), souvent en rapport avec un psoriasis. Dans les cas sévères, la tablette est remplacée par une structure parakératosique, blanchâtre, friable.

1 . 4  -  Atrophie des ongles

Il s'agit d'une réduction de l'épaisseur de la tablette unguéale qui peut s'accompagner d'une fragilité et d'un aspect irrégulier de l'ongle. Elle est indolore et peut évoluer progressivement vers la disparition complète de l'ongle, remplacé par un tissu cicatriciel. Les principales causes sont les traumatismes répétés (onychotillomanie) ou certaines dermatoses inflammatoires (lichen, maladie du greffon contre l'hôte, dermatose bulleuse).

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