2  -  Lupus et anatomie pathologique


L’anatomie pathologique a un rôle important pour :

  • confirmer la nature « lupique » d’une lésion cutanée ;
  • évaluer la nature et le degré évolutif de l’atteinte rénale.

2 . 1  -  Lésions cutanées du lupus


On distingue les lésions dites spécifiques des lésions non spécifiques.

1. Prélèvements – Techniques

La biopsie cutanée n’est pas systématique.

Elle peut être utile pour confirmer la nature lupique d’une lésion « spécifique ».

En cas de biopsie, il faut faire une biopsie cutanée :

  • de la lésion pour examen anatomopathologique classique (histologie sur fragment fixé qui sera inclus en paraffine) ;
  • en peau lésée sans fixateur pour examen en immunofluorescence directe. Ce prélèvement doit être congelé ou adressé sans fixateur immédiatement au laboratoire d’anatomie pathologique. Sur la feuille de demande d’examen accompagnant les deux prélèvements, il doit être précisé le contexte clinique (suspicion de lupus), la demande d’examen histologique classique, et la demande d’examen en immunofluorescence.

Immunofluorescence cutanée directe

L’immunofluorescence cutanée directe a pour objectif de détecter des autoanticorps déposés dans la peau (cf. figure 3, chapitre 29). Cet examen a un intérêt dans trois situations :

  • le lupus : détection d’une bande lupique ;
  • les maladies bulleuses auto-immunes (cf. supra, item 116) ;
  • les vascularites cutanées pour la détection de complexes immuns dans les parois des capillaires dermiques.

Technique de l’immunofluorescence directe

  • Réalisation de coupes du tissu (peau, rein) congelé au cryostat ;
  • Dépôt sur la coupe d’un anticorps spécifique (anti-IgG ou anti-C3 par exemple) couplé à un fluorochrome (FITC, de couleur verte le plus souvent), puis rinçage éliminant les anticorps qui ne se sont pas fixés sur leur cible ;
  • Examen de la lame avec un microscope à fluorescence : visualisation de la fluorescence là où il y a des dépôts d’IgG ou de C3.

La bande lupique se caractérise en pratique par un dépôt (cf. figure 2) :

  • localisé sur la basale épidermique ;
  • formant une bande épaisse et/ou granulaire ;
  • constitué d’immunoglobulines (IgG et/ou IgM, ± IgA) et de fractions du complexe d’attaque membranaire du complément (C1q, C3) visualisés par l’immunofluorescence.

La bande lupique serait due aux dépôts d’antigènes nucléaires dans la basale épidermique, secondaires à la destruction auto-immune des kératinocytes, sur lesquels viennent se fixer les autoanticorps (IgG en général) dirigés contre les antigènes nucléaires (ces autoanticorps sont produits de manière systémique dans le cadre de l’auto-immunité que présentent les malades). Une fois la formation du complexe immun dans la membrane basale, il peut y avoir activation du complément et donc dépôts de C1q ou C3.

Figure 1 : Lésion de lupus aigu, de présentation dermo-épidermique, sous la forme d’une dermatose de l’interface
L’infiltrat lymphocytaire agresse l’épiderme, conduisant à la mort apoptotique des kératinocytes, notamment de la couche basale (flèche), et à une vacuolisation de la jonction dermo-épidermique (pointes de flèche).
Figure 2 : Examen en immunofluorescence directe de peau lésionnelle avec des anticorps anti-IgG
Dépôt en bande épaisse et granuleuse d’IgG sur la membrane basale épidermique, réalisant un aspect de « bande lupique ». L’épiderme apparaît en rouge.

 Attention : il existe d’authentiques lupus qui n’ont pas de bande lupique à l’immuofluorescence cutanée directe.

2. Lésions spécifiques

Ces lésions permettent de faire le diagnostic de lupus, cliniquement et/ou histologiquement.

Lupus à expression dermo-épidermique

Cf
. tableau 1.

Tableau 1: Lupus à expression dermo-épidermique.
Type de lésionsAspect cliniqueHistologieBande lupique en immunofluorescence en peau lésée (prévalence)
Lupus aiguÉrythème en zones photo-exposées : visage, surtout joue et nez (érythème en loup/vespertilio), décolleté, mainsCorps apoptotiques dans l’épiderme

Infiltrat inflammatoire lymphocytaire dermique au contact de la membrane basale de l’épiderme

(figure 1)
90 % (figure 2)
Lupus subaiguPlaques érythémato-squameuses du tronc et des membres supérieurs psoriasiformes et parfois annulairesAspect intermédiaire entre le lupus aigu et chronique60 %
Lupus chronique (discoïde)Plaques sur les zones photo-exposées du visage avec érythème, squames et atrophie cicatricielle

Alopécie cicatricielle dans les formes évoluées du cuir chevelu
Atrophie de l’épiderme

Hyperkératose

Infiltrat inflammatoire lymphocytaire du derme autour des capillaires et des annexes
Discutée, plutôt < 50 %

Autres lésions lupiques spécifiques

  • Lupus à expression épidermique : lupus bulleux (cf. chapitre 29).
  • Lupus à expression dermique :
    • lupus « tumidus » ;
    • lupus engelure ;
    • mucinoses cutanées lupiques.
  • Lupus hypodermique : panniculite lupique.

3. Lésions cutanées non spécifiques

Ces lésions ne sont pas spécifiques du lupus ni cliniquement ni histologiquement. Elles traduisent la présence d’autoanticorps thrombogènes ou capables de former des complexes immuns, phénomène que l’on peut retrouver dans d’autres maladies :

  • atteinte vasculaire inflammatoire : purpura, urticaire ;
  • atteinte vasculaire thrombotique, éventuellement dans le cadre d’un syndrome des antiphospholipides : livedo, nécroses cutanées.

2 . 2  -  Lésions rénales du lupus


Voir chapitres 14 et 16.

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