Question 5
En raison de cette résistance, l'héparinothérapie est prolongée. Dix jours après le début du traitement, alors que les signes cliniques pulmonaires avaient disparu, la patiente se plaint d'une douleur au mollet gauche. Un examen écho-doppler révèle une thrombose des veines jumelles qui n'existait pas à l'entrée de la patiente. Le contrôle du traitement héparinémique témoigne pourtant d'un équilibre correct. L'hémogramme montre : hémoglobine 14.2 g/dL ; leucocytes 6.4 G/L ; plaquettes 120 G/L. Que vous évoque cet évènement ? Quelle est la conduite à tenir ?
Réponse :
Une thrombopénie induite par l'héparine est définie par une chute du nombre des plaquettes supérieure ou égale à 40 % ou une thrombopénie inférieure à 120 000. Le diagnostic de thrombopénie induite par l'héparine doit être évoqué ici, d'autant qu'il y a récidive de maladie thromboembolique alors même que le traitement anticoagulant apparaît correctement équilibré. Les thrombopénies induites par l'héparine peuvent se compliquer de thromboses veineuses et artérielles et dans certains cas, si on persiste à administrer de l'héparine, d'une coagulation intravasculaire disséminée. Sur le plan pratique, il est urgent d'arrêter l'héparine et l'antivitamine K et de proposer à la patiente une alternative qui a ce jour peut être soit de l'hirudine (antithrombine directe) soit un analogue de l'héparine, l'Orgaran, pour lequel le risque d'allergie croisée avec l'héparine est de l'ordre de 5 %. Il est par ailleurs important de documenter l'allergie à l'héparine en demandant la recherche d'anticorps anti-héparine-PF4 ; toutefois dans 5 à 10 % des cas, il peut exister une thrombopénie induite par l'héparine en l'absence d'anticorps détectables. La meilleure preuve à posteriori de l'allergie à l'héparine est la remontée des plaquettes 3 à 5 jours après l'arrêt du traitement par l'héparine. Le traitement antivitamines K ne sera réintroduit que lorsque les plaquettes auront ébauché leur remontée.
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Question 6
Moyennant un traitement adéquat, tout s'est finalement bien passé. Il y a maintenant 2 mois que la patiente est rentrée de vacances. Le traitement anticoagulant est équilibré avec 40 mg de fluindione. Afin de trouver une explication possible à cette histoire clinique et de prendre le cas échéant des mesures de prévention adaptées (la patiente à 2 soeurs de 20 et 18 ans), vous planifiez un bilan de thrombophilie. Ce bilan est-il justifié ? Quel est le meilleur moment pour planifier le bilan ? Indiquez par ordre de fréquence décroissant les anomalies que pourrait présenter la patiente et que vous allez devoir donc rechercher ?
Réponse :
Oui, le bilan est ici justifié en raison du jeune âge de la patiente et des conditions de survenue de l'épisode thromboembolique. En outre, cette patiente vous dit qu'elle a déjà présenté une phlébite du membre inférieur à l'occasion d'une immobilisation pour entorse. Le meilleur moment pour planifier le bilan est à distance de l'épisode aigu, 15 jours à 3 semaines après l'arrêt du traitement antivitamines K, soit environ 6 mois après le début du traitement antithrombotique. Par ordre de fréquence décroissant, on recherchera une mutation du facteur V Leiden qui touche 3 à 4 % de la population, une mutation du gène de la prothrombine qui touche 1 à 2 % de la population, un déficit en antithrombine, en protéine C ou en protéine S qui touche 1 sujet sur 5 à 10 000 ; le bilan sera complété par une recherche d'anticoagulant circulant et d'anticorps antiphospholipides et d'hyperhomocystéinémie, mais il y a peu de chances que ces examens soient positifs compte tenu du contexte de cette observation.
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Question 7
Votre enquête n'a rien donné. Votre patiente envisage un voyage au Vietnam pour ses prochaines vacances, alors que le traitement par fluindione (previscan) est arrêté depuis 3 mois. Quels conseils lui donnez-vous concernant sa contraception ?
Réponse :
Oestroprogestatif contre-indiqué, progestatifs purs autorisés ou contraception mécanique.
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Question 8
Quels conseils de prévention (vis à vis de la maladie thromboembolique) lui prodiguerez-vous pour son voyage au Vietnam ?
Réponse :
Si la patiente doit reprendre l'avion pour un long trajet, certains proposent une injection d'HBPM au moment de rentrer dans l'avion, associée à des bas de contention et à une hydratation importante.
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