M. M, 37 ans, est adressé pour bilan prégreffe et prise en charge. Ce patient est insuffisant rénal terminal suite à un purpura rhumatoïde évoluant depuis 7 ans. Il est dialysé depuis 1 an sur une fistule artérioveineuse radiale, sans problèmes particuliers. Il n’a pas d’autres antécédents notables.
Question
1
Quels examens prescrivez-vous de façon systématique dans le cadre du bilan pré-transplantation ?
Votre réponse :
Réponse attendue :
Le bilan prégreffe permet l’évaluation de la faisabilité chirurgicale et anesthésiologique de la transplantation et la recherche de risques infectieux ou carcinologique chez le receveur. Les examens à réaliser sont : Un examen clinique complet Un scanner abdomino-pelvien avec injection Une échographie cardiaque Une échographie abdominale Un bilan hépatique Les sérologies virales Une numération, un bilan lipidique, un bilan glycémique Un typage HLA Une recherche d’anticorps lymphocytotoxiques tous les 3 mois
Question
2
M. M est marié, père de 3 jeunes enfants. Il a par ailleurs 4 frères et 2 sœurs ; son jeune frère est en bonne santé, ainsi qu’un autre frère plus âgé qui va bientôt se marier. Ses deux autres frères sont diabétiques, une de ses sœurs a des antécédents multiples de calculs rénaux et la dernière est diabétique. L’hypothèse d’une greffe à donneur vivant est évoquée au cours de la consultation. Parmi l’entourage de M. M, qui pourrait être donneur ? Comment le don d’organe entre vivants est-il régi en France ?
Votre réponse :
Réponse attendue :
Les deux frères bien portants et la compagne de M. M sont des donneurs potentiels Les autres membres de la fratrie présentent des pathologies rendant impossible d’envisager le don d’organe (autre donneur = 0/5) En France, le don d’organe entre vivants est régi par le Code de la santé publique via la loi bioéthique de juillet 2011 Les donneurs potentiels peuvent être le père ou la mère, le frère ou la sœur, le conjoint du père et de la mère, les grands-parents, l’oncle ou la tante, les cousins ou cousines germains, toute personne pouvant justifier de 2 ans de vie commune avec le receveur ou d’un lien affectif étroit durant depuis plus de 2 ans.
Question
3
La compagne de M. M se propose pour donner un rein à son mari. Quels sont les examens à réaliser chez elle dans le cadre du bilan pré-don ?
Votre réponse :
Réponse attendue :
Le bilan pré-don d’organe a pour finalité de s’assurer de la faisabilité et de la sécurité du don d’organe chez le donneur, ainsi que de la compatibilité avec le receveur. Les examens indiqués dans ce cadre sont : Examen clinique complet Bilan biologique de base Détermination du groupe sanguin et du typage HLA Cross-match lymphocytaire entre le donneur potentiel et le receveur Évaluation de la fonction rénale : créatininémie, clairance mesurée et calculée selon Cockroft et MDRD, mesure isotopique du débit de filtration glomérulaire Étude anatomique rénale : TDM abdominopelvienne injectée par un radiologue habitué au bilan en vue de don d’organe Évaluation cardiovasculaire : échographie cardiaque, prise de la tension artérielle Recherche de tumeur occulte : fibroscopie digestive haute, Hemoccult II® après 40 ans, bilan gynécologique avec mammographie et frottis cervico-vaginal Recherche de foyers infectieux : examen ORL et stomatologique, sérologies virales
Question
4
La transplantation à partir du rein de son épouse n’est finalement pas possible du fait d’une incompatibilité de groupe sanguin. M. M est donc inscrit en attente de greffe avec un donneur décédé. Quels sont les différents types de donneurs possibles ? Quelles sont les conditions nécessaires pour pouvoir recevoir un rein de ces différents types de donneur ?
Votre réponse :
Réponse attendue :
M. M. peut bénéficier d’une transplantation à partir d’un donneur décédé de mort encéphalique ou de donneur décédé après arrêt cardiaque Il n’y a pas de condition nécessaire pour bénéficier d’une greffe à partir d’un donneur décédé de mort encéphalique hormis l’inscription sur la liste nationale d’attente gérée par l’Agence de la biomédecine
Pour bénéficier d’une greffe à partir d’un donneur décédé après arrêt cardiaque, le receveur doit être : – âgé de moins de 65 ans – naïf (ne présentant pas d’anticorps lymphocytotoxique) et avoir signé un consentement écrit l’informant des risques particuliers liés à cette procédure.
En cas de non-fonction primaire du greffon, le patient est réinscrit sur la liste d’attente en conservant son rang d’ancienneté. L’inscription sur la liste d’attente de greffe à partir de donneur décédé après arrêt cardiaque s’ajoute à l’inscription sur la liste d’attente « classique » et ne s’y substitue pas.
Question
5
Quelques semaines plus tard, un patient en état de mort encéphalique est admis dans l’hôpital où est suivi M. M. Quels sont les examens et les formalités nécessaires en vue d’un prélèvement d’organes chez ce patient ?
Votre réponse :
Réponse attendue :
Il est nécessaire de confirmer le diagnostic de mort encéphalique :
Examen clinique : – absence totale de conscience – et d’activité motrice spontanée – abolition de tous les réflexes du tronc cérébral – absence totale de ventilation spontanée (épreuve d’hypercapnie)
Confirmation paraclinique : – 2 EEG nuls et aréactifs à au moins 4 heures d’intervalles – ou une angiographie cérébrale confirmant l’absence de circulation encéphalique
Procès-verbal de constat de la mort signé par 2 médecins indépendants des équipes de greffe et de prélèvement Il faut s’assurer d’absence d’opposition au don d’organe par interrogation du registre national Bien qu’en France le consentement au don d’organe après la mort soit présumé, l’entretien avec la famille afin de recueillir son accord est systématique
Question
6
M. M est transplanté dans de bonnes conditions techniques avec le rein de ce donneur (une artère rénale principale, une artère polaire inférieure grêle d’environ 1 mm de diamètre, une veine, un uretère, pas d’anomalies parenchymateuses). La reprise de fonction initiale du greffon est bonne, avec une diurèse quotidienne d’environ 3 L. Les drains sont retirés au 3e jour postopératoire. Au 15e jour postopératoire, M. M présente une diminution de sa diurèse à 1,8 L par jour associée à une élévation de la créatininémie plasmatique autour de 300 µmol/L alors qu’elle était auparavant autour de 170 µmol/L. Le patient présente de violentes douleurs abdominales, initialement centrées autour du greffon puis devenant diffuses. Quelles sont vos hypothèses diagnostiques ? Quels bilans mettez-vous en œuvre ?
Votre réponse :
Réponse attendue :
Les diagnostics à évoquer dans ces conditions sont :
– une thrombose vasculaire, même si le délai semble un peu tardif – une fuite urinaire – un hématome de loge – un rejet aigu – une pyélonéphrite – une obstruction intrinsèque ou extrinsèque sur la voie urinaire du greffon
Les examens à réaliser sont :
– une échographie du greffon avec doppler pour vérifier la vascularisation et une éventuelle dilatation des cavités pyélocalicielles et de l’uretère – un bilan infectieux : ECBU, hémocultures en cas de fièvre – un bilan préopératoire : numération formule sanguine, bilan d’hémostase – une recherche d’anticorps lymphocytotoxiques apparus après la greffe (DSA)
Question
7
Le patient est apyrétique mais très douloureux, l’abdomen est tendu à la palpation clinique, l’élévation de la créatininémie est confirmée, une échographie retrouve une collection de grande abondance liquidienne transsonore dans la loge de transplantation rénale, la vascularisation du greffon est satisfaisante et les cavités pyélocalicielles ne sont pas dilatées. Quel examen complémentaire demandez-vous pour poursuivre les investigations ?
Votre réponse :
Réponse attendue :
On demande un uroscanner devant la suspicion de fistule urinaire afin d’objectiver celle-ci et le niveau de la fuite.
Question
8
Voici les résultats de l’examen que vous avez demandé (fig. 3). Interprétez-le. Quel est votre diagnostic final ? Quelle est votre prise en charge ?
Votre réponse :
Réponse attendue :
Il s’agit d’un cliché d’uroscanner au temps tardif, en coupe transversale passant par le greffon rénal. Il objective une fuite du produit de contraste dans la loge de transplantation signant le diagnostic de fistule urinaire, probablement par nécrose urétérale après thrombose de l’artère polaire inférieure ou d’une de ses branches à destinée urétérale La prise en charge est chirurgicale en urgence : drainage de la collection, lavage de la loge de transplantation, réfection du drainage par anastomose urétéro-urétérale entre l’uretère du greffon et l’uretère natif du patient, éventuellement réimplantation directe de l’uretère s’il existe une longueur suffisante et que les tissus urétéral et vésical le permettent (absence de nécrose).
Question
9
Votre traitement est couronné de succès, et le patient quitte l’hôpital une semaine plus tard avec une fonction rénale normale. Les suites sont simples et l’évolution du transplant favorable. Vous revoyez M. M un an après sa transplantation. Quels examens demandez-vous ?
Votre réponse :
Réponse attendue :
Les examens à réaliser lors du bilan annuel de greffe sont :
Les examens standards réalisés lors des consultations de suivi : – numération formule sanguine, ionogramme sanguin avec urée et créatininémie, protéinurie des 24 h – bandelette urinaire ± ECBU, bilan hépatique, suivi pharmacologiques des immunosuppresseurs – glycémie à jeun, calcémie – phosphorémie – bilan lipidique
Les examens spécifiques du bilan annuel : – recherche des anticorps anti-HLA – ECG – échographie cardiaque – uricémie, échographie du greffon – des reins natifs – dosage de la 25-OH vit. D3 ± ostéodensitométrie, examen dermatologique, dépistage d’une infection à BK-virus, vérification de la vaccination antihépatite B