1 - Historique du monitorage fœtal
2 - Enregistrement des contractions utérines (CU)
ou tocographie
3 - Etude de l’enregistrement des CU ou tocogramme
4 - Anomalies de la contraction utérine
5 - Enregistrement de la fréquence cardiaque fœtale
ou rythme cardiaque fœtal : RCF (ou FHR)
6 - Description du rythme cardiaque fœtal
7 - Essai d’étude synthétique du monitorage
fœtal
8 - Etude du pH fœtal par microprise de sang selon
SALING
9 - Autres moyens d’apprécier l’état fœtal
10 - Rythme cardiaque fœtal pendant l’expulsion
Enregistrement du rythme cardiaque fœtal et des contractions utérines pendant la durée du travail ; il commence en début de dilatation et se termine avec la phase d’expulsion comprise.
1 - Historique du monitorage fœtal
1818 :
MAYOR de Genève décrit les bruits du cœur fœtal.
1821 : KERGARADEC utilise le stéthoscope de LAENNEC.
1833 : KENNEDY publie un ouvrage à Dublin parlant de
souffrance fœtale en cas de ralentissement après la contraction.
1893 : WINKEL propose des critères de souffrance fœtale
en cas de bradycardie inférieure à 120 et de tachycardie supérieure
à 160 !
1908 : Début de la phonocardiographie fœtale avec
HOFBAUER et WEISS.
1931 : HENLEY utilise le matériel de sonorisation du
cinéma.
1967 : HAMMACHER et HEWLETT-PACKARD™ produisent le premier
monitoring.
1906 : CREMER capte l’ECG fœtal par voie abdominale
suivi en 1942 par WARD et KENNEDY.
1956 : SUREAU développe l’ECG par voie utérine.
1966 : CALDEYRO BARCIA développent l’électrode
de scalp.
1966 : BISHOP applique au fœtus l’utilisation du
signal Doppler (1842).
1967 : HON et QUILLIGAN classent les anomalies du RCF avec
CALDEYRO-BARCIA au Vème congrès de Gynécologie et d’Obstétrique.
1969 : HON et DE LEE rapportent des tracés plats lors
de comas fœtaux (perte du beat to beat)
1961 : Premiers prélèvements au scalp fœtal
introduits par SALING.
2 - Enregistrement des contractions utérines (CU) ou tocographie
Apprécie la fréquence, l’intensité et la durée des CU.
- Tocographie externe.
- Tocographie interne.• Tocographie externe
Le capteur
placé sur le fond utérin rend compte seulement d’une variation
de tension au niveau de la paroi abdominale (utérus et muscles abdominaux
compris).
Cette technique ne mesure pas la pression intra-utérine. Le tonus de
base est réglé artificiellement au chiffre 20 et doit être
recalibré selon les changements de position de la patiente.
Avantages :
- Innocuité
- Simplicité
- Appréciation des mouvements fœtaux.
- La précision est suffisante pour la fréquence, la durée, l’aspect et la rythmicité des CU.
Inconvénient : Mauvaise appréciation de la pression réelle intra-amniotique et de la valeur du tonus de base.
• Tocographie interne
Un cathéter
est monté aseptiquement dans la cavité amniotique avec ou sans
guide après rupture des membranes.
Un capteur de pression est connecté au moniteur ; sa surface est à
l’horizontale de l’épine iliaque antéro-supérieure
pour THOULON, de l’ombilic maternel pour PONTONNIER.
Une chambre avec membrane stérile est vissée sur le capteur. Elle
comprend 2 robinets.
Le zéro correspond à la pression atmosphérique (1er robinet
ouvert) ; après mise en place du cathéter rempli de sérum
- éventuellement sous échographie - repère 40 cm à
la vulve - et le reflux de LA se faisant librement, on connecte au 2ème
robinet ; après fermeture du précédent, on obtient la pression
intra-amniotique en mm Hg. En dehors de toute CU, on lit une pression résiduelle
qui est le tonus de base.
Il existe des capteurs de pression stériles à usage unique : la
mise en oeuvre est à peine plus simple.
Avantage : Qualité des mesures du tonus de base (TB) et de l’intensité des CU, le tracé n’étant pas modifié par les mouvements maternels.
Inconvénients :
- Nécessité de la rupture des membranes, il faut donc respecter les contre-indications comme le placenta prævia, le risque de procidence du cordon et la suspicion d’infection amniotique.
- Risque infectieux par le cathéter lui-même (ne semble pas supérieur à 1/40000)
- Rupture du cathéter (rare)
- Perforation (rare), ne pas forcer pour mettre le cathéter en place, ni pour le retirer.
Il est possible de réaliser une tocographie interne en extra amniotique sans rompre les membranes et utilisant le matériel de tocographie interne [LEWIN].
3 - Etude de l’enregistrement des CU ou tocogramme
• Tonus de base (TB)
Pression qui règne dans l’utérus entre 2 CU, Varie entre 5 et 10 mm Hg de 3 cm de dilation à la phase d’expulsion, les valeurs maxima étant respectivement de 10 et 18 mm Hg.
• Intensité de la CU
Varie entre :
- 35 mm Hg ± 12 à 3 - 4 cm de dilatation
- et 48 mm Hg ± 16 à dilatation complète (maxi 80).
Elle s’élève
en décubitus latéral gauche de 10 mm Hg.
L’intensité vraie est la différence entre l’intensité
totale et celle du TB (70 mm Hg maxi).
L’inefficacité des CU peut dépendre d’une insuffisance
d’intensité ou d’une élévation du TB.
• Durée des CU
Elle est exprimée en secondes, variant de 60 à 120 (80 en moyenne) en cours de dilatation pour diminuer en phase d’expulsion (70 sec).
• Fréquence des CU
Appréciée sur une période de 10 minutes : de 3 à 5 par 10 min pendant la dilatation.
• Activité utérine
Produit de l’intensité vraie par la fréquence sur 10 minutes, ce qui donne des valeurs de 100 à 150 Unités Montévidéo au cours du travail.
Tableau 1 : Paramètres de la contraction au cours de l’accouchement normal
Dilatation
cervicale |
3-4
cm |
4-6
cm |
6-8
cm |
8-10
cm |
Tonus (mm Hg) | 5
± 3 |
6
± 4 |
8
± 5 |
8
± 5 |
limites sup. (mm Hg) | 11 |
14 |
18 |
17 |
Intensité (mm Hg) | 35
± 12 |
42
± 14 |
47
± 16 |
48
± 16 |
Fréquence (10 min) | 3,8
± 1,7 |
3,8
± 1,5 |
4
± 1,6 |
4,1
± 1,4 |
Durée (sec) | 82
± 31 |
86
± 22 |
86
± 19 |
83
± 19 |
Activité
utérine (unités Montévidéo) |
104 ± 42 |
131
± 60 |
143
± 60 |
157
± 69 |
4 - Anomalies de la contraction utérine
• Par défaut ou hypocinésies
Diminution de l’intensité,
de la durée, ou de la fréquence des CU.
Dans l’hypocinésie d’intensité, la pression
amniotique reste inférieure à 20 -30 mm Hg.
Dans l’hypocinésie de fréquence, on constate une
CU toutes les 10 min seulement : le problème est alors la durée
du travail (figure 2).
Il en est de même en cas d'hypoactivité utérine globale inférieure à 60 U Montévidéo.
Dans
l’hypercinésie d’intensité ou hypersystolie,
les pressions intra-amniotiques dépassent 80 mm Hg.
Dans l’hypercinésie de fréquence ou tachysystolie,
la fréquence des CU dépasse 5 par 10 min, mais le TB est normal.
Les hypercinésies totales associant les 2 anomalies précédentes
peuvent succéder à un excès de Syntocinon® ou révéler
une dystocie mécanique.
L’hyperactivité utérine globale (produit de l'intensité par la fréquence) a pour seuil 300 Torr/minute/10 minutes.
En cas
d’hypertonie plus hypercinésie, le tonus de base est anormal (sup à 20 mmHg), il faut évoquer une disproportion fœto-pelvienne
ou un DPPNI.
Hypercinésies et hypertonies perturbent évidemment les échanges
fœto-placentaires avec risque de souffrance aiguë pour le fœtus
et de rupture utérine pour la mère. Leur traitement doit être
immédiat.
Les CU sont irrégulières dans leur fréquence et leur intensité (primipare en début de travail ou RPM).
En conclusion : en routine la tocographie externe permet d’apprécier la fréquence et la durée des CU. Par contre, leur intensité et le tonus de base sont imparfaitement mesurés ; un réglage du TB en début de travail permet néanmoins d’évoquer une hypertonie ultérieure.
Pour HOHLBEIN l'hyperactivité utérine est responsable de 70 % des anomalies du rythme cardiaque foetal, avec pour conséquences un risque d'acidose et la nécessité d'une correction des anomalies de la CU (ß-mimétiques).
5 - Enregistrement de la fréquence cardiaque fœtale ou rythme cardiaque fœtal : RCF (ou FHR)
La fréquence cardiaque fœtale (FCF) est calculée d’après la systole cardiaque ; on peut utiliser le son par auscultation, par microphone (phonocardiographie) ; les ultra-sons (effet Doppler) et l’ECG (onde R).
• Enregistrement du RCF par capteur externe
Non invasif, il se fait
à travers la paroi abdominale. La phonocardiographie est abandonnée
car trop aléatoire.
L’ECG fœtal par voie abdominale n’est utilisable que
dans 60 % des cas environ ; il est intéressant en anténatal et
pour les grossesses gémellaires en début de travail.
L’ultrasonographie Doppler est la méthode la plus répandue. Un faisceau ultrasonore est envoyé sur les structures cardiaques en mouvement qui modifient la fréquence des ultrasons réfléchis.
Les capteurs actuels utilisent un faisceau large diminuant les risques de perte du signal (déplacements fœtaux). Le traitement des signaux (déparasitage et moyennage) permet d’obtenir une qualité de tracé presque identique à celle des tracés par ECG fœtal (HEWLETT-PACKARD™, COROMETRICS™).
La technique par ultrasons
est la plus employée au cours de la grossesse et pendant le travail ;
la paroi maternelle, l’excès de LA, et les CU ne sont pas un obstacle.
Pendant l’expulsion (deuxième phase du travail), la perte du signal
est fréquente.
Quant à l’innocuité des ultrasons, elle paraît démontrée
par le recul (puissance peau inférieure à 8 mW/cm2, sauf peut-être
en cas d’iso-immunisation fœto-maternelle).
• Enregistement du RCF par capteur interne
Une électrode à double spire ou à une spire (COROMETRICS™) est fixée sur le scalp fœtal (scalp électrode). Une électrode ventouse est préférée dans les sièges. Le 2ème contact se fait avec la paroi vaginale maternelle.
Pose du capteur après rupture des membranes avec aseptie.
Le signal utilisé est l’onde R du QRS plus facile à traiter ; les tracés sont excellents même en cas d’agitation maternelle et pendant l’expulsion.
Inconvénients :
- Risque hémorragique fœtal (thrombopénie, hémophilie, traitement par barbituriques chez la mère, etc)
- La rupture de l’électrode (rare)
- Risque infectieux (2‰) avec au maximum l’abcès du scalp.
L’utilisation ultérieure du vacuum extractor pourrait aggraver les complications hémorragiques et infectieuses.
Les capteurs mesurent l’espace temps séparant 2 contractions cardiaques (période) ; cet intervalle PP est variable d’une systole à l’autre ; la fréquence (1/P) est donc variable (oscillations du RCF), la vitesse de défilement du papier (1, 2 ou 3 cm par minute) ne permet pas même par ECG de visualiser la variation de battement à battement (Beat to beat).
6 - Description du rythme cardiaque fœtal
Plusieurs facteurs peuvent influencer le RCF en agissant directement sur le nœud sinusal cardiaque ou par l’intermédiaire du système nerveux autonome :
- sympathique (cardioaccélérateur)
- parasympathique (vague, cardiomodérateur)
La PO2 fœtale joue un rôle essentiel dans le maintien de la FCF par action sur les centres cardiomodérateurs.
Rythme cardiaque
fœtal de base ou rythme de base
Définition : RCF repéré entre 2 anomalies
et stabilisé pendant au moins 10 minutes.
Il est compris entre 120 et 150 bpm (120-160 bpm dans l’ancienne nomenclature).
Comme nous l’avons déjà remarqué les variations de
l’intervalle entre 2 systoles (intervalle PP) se traduisent sur le tracé
par des oscillations (ou variations ou fluctuations de la FCF).
On peut distinguer :
- les macrofluctuations ou oscillations du RCF (long term heart rate variability : LTV) caractérisées par leur amplitude (5 à 25 bpm) et leur fréquence (2 à 6 cycles/min).
- les microfluctuations (short term heart variability : STV) appelées abusivement beat to beat variability.
Un tracé normal présente
un rythme de base entre 120 et 150 bpm avec des oscillations d’amplitude
normale (5-25 bpm) sans ralentissement.
L’état fœtal est alors satisfaisant dans 99 % des cas (THOULON,
CALDEYRO-BARCIA, BEARD, KUBLI, ...).
1 - Anomalies du RCF au cours du travail
• Anomalies du rythme de base
Bradycardies
Bradycardies modérées
: entre 100 et 120 bpm, peu alarmantes (rôle des variétés
postérieures) BM 5 %.
Bradycardies sévères (BS) ou marquées
: inférieures à 100 bpm, peuvent être dues à une
cardiopathie et/ou à une hypoxie fœtale sévère ; si
sa durée dépasse 5 à 10 minutes en dessous de 60 bpm, elle
annonce la mort fœtale ; la bradycardie est rarement pure, mais s’associe
à d’autres anomalies (ralentissements, tracé peu oscillant),
ce qui revêt une gravité particulière (extraction d’urgence).
Des épisodes de bradycardie arrivent après une analgésie paracervicale par Xylocaïne® ou Bupivacaine® par effet direct sur le fœtus. Attention à l’éclampsie et au DPPNI.
Il faut mentionner les fausses bradycardies par perte du signal fœtal (enregistrement du rythme cardiaque maternel ou interférence électrique) ; la chute du RCF est alors brutale et le retour à la normale aussi (décrochement).
Tachycardies
Tachycardies légères (entre 150 et 160 bpm) tachycardies modérées (TM) (entre 160 et 180 bpm) sont peu inquiétantes a priori (prématuré, test à l’atropine).
Tachycardies sévères (TS) ou marquées : supérieures à 180 bpm, pathologiques et souvent associées à d’autres anomalies (aplatissement du tracé, ralentissements variables). Il faut évoquer :
- Hypoxie fœtale
- Infection fœto-maternelle (52 % d’hyperthermie maternelle)
- Anémie ou une hypertension maternelle
- Médications (atropine, ß-mimétiques).
- Au delà de 200 bpm, rechercher une tachyarythmie fœtale (diagnostic anténatal en principe), si le moniteur ne peut capter le RCF il faut utiliser l’échographie TM.• Anomalies des oscillations
- Augmentée supérieure à 25 bpm (rythme saltatoire). L’interprétation en est alors délicate et il faut rechercher d’autres anomalies
- Diminuée : c’est l’aplatissement du tracé. Entre 3 et 5 bpm, le rythme est dit silencieux (oscillations réduites), en dessous de 3 bpm, il est dit plat (oscillations minimes).
En pratique, on considère un tracé plat lorsque l’amplitude des oscillations est inférieure à 5 bpm.
Cet aspect peut être
normal lors de la phase de sommeil fœtal, la stimulation restant même
sans efficacité [40 minutes voire 80 minutes lors des non stress test
(NST) réalisée en antepartum (3)].
Substances peuvent diminuer les oscillations pendant le travail :
- Morphiniques (nalbuphine),
- Benzodiazépines,
- Barbituriques,
- Promethazine,
- Hydroxyzine,
- Alcool,
- Sulfate de magnésie. En cas d’injection unique, on doit attendre un retour à la normale en 30 minutes environ.
Autres causes pouvant diminuer les oscillations pendant le travail :
- Grande prématurité (moins de 34 semaines d’aménorrhée),
- Anencéphalie,
- Certaines cardiopathies.
L’aplatissement du tracé (loss of variability) est de grande valeur lors des surveillances anténatales, mais est d’interprétation difficile pendant le travail, sauf s’il est associé à d’autres anomalies : tachycardie sévère, ralentissements variables sévères ou tardifs : c’est alors un signe d’hypoxie et d’acidose fœtale.
Rare pendant le travail
[5 % pour JOHNSON, mais 0,3 % pour YOUNG]. Sur une durée d’au moins
10 minutes, il est défini par des oscillations très régulières
donnant des ondulations dont la fréquence est stable entre 2 et 5 cycles
par min avec absence totale de réactivité ; l’amplitude
des oscillations peut varier entre 5 et 40 bpm. Les microfluctuations sont diminuées,
voire absentes.
Etiologies :
- anémies fœtales (iso-immunisation Rhésus surtout, placenta prævia, ou hémorragie cérébrale chez le prématuré).
- Injection de morphiniques
- Analgésie para-cervicale
Dans un tiers des cas, il existe une préacidose ou une acidose fœtale
en particulier lorsque l’amplitude des oscillations est supérieure
à 15 bpm et/ou lorsqu’il est associé à des ralentissements
variables et à une disparition des microfluctuations. Le rythme sinusoïdal
pourrait être dû au fonctionnement du système nerveux autonome
en présence d’une hypoxie modérée (rôle des
chémorécepteurs), ou en rapport avec des anomalies cordonales
entraînant alternativement hyper et hypovolémie fœtales.
En pratique il faut tenir compte du contexte clinique, de l’amplitude
des oscillations (supérieur à 15 bpm), des anomalies du RCF associées
et du pH fœtal.
• Anomalies périodiques du RCF
Accélérations transitoires du RCF d’au moins 15 bpm pendant 15 à 60 secondes.
On peut distinguer :
- les accélérations sporadiques sans rapport avec les CU : elles surviennent spontanément, après stimulation du fœtus ou lors de ses mouvements ; leur forme est régulière (uniforme) ou irrégulière (variable)
- les accélérations périodiques en rapport avec les CU (uniformes ou variables).
Les accélérations sporadiques sont en principe un signe de bien-être fœtal (réserve normale) comme les oscillations d’amplitude normale. Pour KREBS, 5 accélérations sporadiques de 15 bpm pendant 15 secondes sur une durée de 30 min en début de travail sont de bon pronostic (73 % de score d’APGAR supérieur à 7 à une minute); cependant, l’absence isolée d’accélérations a peu de valeur mais doit conduire au monitorage de tout l’accouchement.
Les faux négatifs sont le fait d’anomalies brutales (DPPNI, procidence du cordon), d’infection ou de difficultés lors de l’expulsion (forceps, dystocie des épaules, ...).
Il faut donc prendre comme signe de bien-être fœtal les accélérations du RCF sporadiques ou éventuellement celles survenant lors de CU, mais ne s’intégrant pas dans les ralentissements variables.
Ralentissements ou décélérations
Ralentissements épisodiques ou DIP 0
- Sans relation avec les CU
- Amplitude n’excèdant pas 30 bpm
- Durée inférieure à 30 secondes
- Pas de valeur pathologique
Ralentissements précoces (RP) ou DIP 1 (early deceleration)
Critères :
- Correspondent à la CU
- Pente lente : début de la CU-nadir CU > 30 sec
- Symétrie en miroir (aspect en miroir, uniformes, en fome de V)
- Ne durent pas près la CU
Signes de gravité :
- Prolongation de la durée
de survenue des RP (plus d’une heure) et nadir < au niveau 80 bpm
- amplitude (>60 bpm)
12 à 30 % des accouchements s’accompagnent de ralentissements précoces, souvent après rupture des membranes (amniotomie) ;
Seraient dus à la compression céphalique entraînant un réflexe vagal. Ils ne sont pas le signe d’une hypoxie, mais l’augmentation de la pression intra-crânienne après amniotomie pourrait être source d’hypoxie par diminution du flux sanguin cérébral. Pour MENDEZ-BAUER (35), les ralentissements précoces sont parfois le signe d’une compression du cordon (même en dehors du travail).
Ralentissements tardifs (RT) ou DIP 2 (late deceleration)
Critères :
- Début du ralentissement après le début de la CU ;
- Dépression maximale (nadir) décalée d’au moins 20 sec ondes par rapport à la CU (lag time de 20 à 60 sec en général) et dure après la fin de la CU.
- Se répètent de façon régulière en général lors de chaque CU (rapport nombre de ralentissements sur nombre de CU égal à 1), uniformes, fond arrondi, pente et remontée lentes et symétriques par rapport au nadir.
Signes de gravité : Le degré de l’hypoxie est en rapport avec :
- l’importance du décalage
- la durée du RT
- le niveau de base atteint
- l’amplitude du RT
- l’amplitude de la BR (>30sec)
Apparaissent lorsque la PO2 fœtale chute (moins de 18 mm Hg). Le degré de cette hypoxie est en rapport avec l’importance du décalage, de l’amplitude (sévère si plus de 45 bpm) et de la durée du ralentissement (37).
Mécanisme physiopathologique
discuté : action directe de l’hypoxie sur les centres cardiomodérateurs
ou indirecte par l’intermédiaire des chémorécepteurs
(induction d’une hypertension stimulant le vague) ; l’action directe
au niveau du tissu nodal cardiaque est également possible.
Le décalage par rapport à la CU s’explique par le temps
nécessaire au sang pauvre en oxygène pour atteindre les centres
bulbaires [il est inversement proportionnel au degré de l’hypoxie].
Le ralentissement tardif n’est pas un signe d’acidose bien qu’une
corrélation existe : 23 % d’acidose fœtale après 5
ralentissements tardifs de plus de 30 bpm dans une population à bas risque
et 48 % dans une population à haut risque (5).
ZANINI rapporte 58 % de pH fœtal inférieur à 7,20 avant 36
semaines.
Ralentissements variables (RV) ou DIPS variables ou ralentissements irréguliers
- Les plus fréquents (90 % des tracés anormaux).
- Chronologie variable par rapport à la CU, leur forme ne reflète pas celle de la CU (fond irrégulier)
- Ne se répètent pas forcément à chaque CU (rapport RV/CU inférieur à 1).
Pour CADEYRO-BARCIA, il s’agit d’une association de ralentissements précoces et de ralentissements tardifs (réflexe vagal et hypoxie) en relation avec une compression cordonale (cord patterns). La compression isolée de la veine ombilicale entraîne d’abord une accélération du RCF (supprimée par l’atropine) puis un ralentissement ; la compression isolée des artères ombilicales ou du cordon entier entraîne une bradycardie immédiate et une hypertension (mise en jeu des barorécepteurs).
Ralentissements variables
typiques (KREBS): Précédés et continués
par une accélération brève du RCF (15 bpm - 15 sec), la
chute et le retour à la normale sont rapides sans perte des oscillations.
La gravité du ralentissement variable (RV) s'apprécie selon 2
critères : son nadir (niveau le plus bas atteint) et sa durée
totale en secondes :
- le RV est minime lorsque sa durée est inférieure à 30 secondes (quel que soit le nadir), lorsque son nadir reste au-dessus du niveau 100 bpm (quelle que soit sa durée), et lorsque le nadir est entre 100 et 70 bpm et la durée inférieure à 60 sec.
- le RV est modéré lorsque le nadir est inférieur à 70 bpm et la durée de 30 à 60 sec ou lorsque le nadir est entre 100 et 70 bpm et la durée de 60 à 90 sec.
- le RV est sévère si le nadir est inférieur à 70 bpm et la durée totale comprise entre 60 et 90 secondes, ou si le nadir est inférieur à 100 et la durée du RV supérieure à 90 sec.
Le RV doit être classé sévère si l'amplitude (différence de niveaux) excède 50 bpm et sa durée totale 60 secondes (en cas de tachycardie associée).
Ralentissements variables atypiques : comportent un degré d’hypoxie, les signes de gravité croissante sont :
1-
la perte de l’accélération préalable
2- le prolongement de l’accélération secondaire
3- le retour lent au rythme de base
4- le ralentissement biphasique (composante tardive) (48 %
de score d’Apgar inférieur à 7 à 1 min) fréquent
(48 %)
5- le retour à un rythme de base inférieur
(rare mais 43 % de score d’Apgar inférieur à 7 à
1 min)
6- la perte des oscillations pendant le ralentissement (67 % de score
d’Apgar inférieur à 7 à 1 min) 19 % des cas
L’association des RV avec une bradycardie, tachycardie secondaire, perte des oscillations, ou avec des ralentissements tardifs est évidemment plus grave.
Lorsque le pH au scalp est inférieur à 7,25, il existe toujours des signes d’atypie, et 50 % des tracés atypiques ont un pH inférieur à 7,25.
Pour KREBS, les ralentissements
variables sont probablement sans danger tant qu’il n’existe pas
de signe d’atypie ou d’autres anomalies associées.
Pour CIBILS, les ralentissements variables sont associés à une
souffrance fœtale (APGAR) dans 23 % des hauts risques et dans 78 % des
cas s’il existe une composante tardive (phase de ralentissement
persistant après la fin de la CU).
Ralentissements prolongés
La chute du RCF dépasse
30 bpm pendant plus de 2 min.
Peuvent survenir lors d’un TV, d’une micro-prise de sang, d’une
analgésie péridurale ou paracervicale, d’une hypertonie
primitive ou secondaire (Syntocinon®), de vomissements ou d’une hypotension
maternels.
Il s’agit en général d’un fœtus sain soumis à
une hypoxie par chute brutale du flux utéro-placentaire ; la récupération
est en principe rapide (moins de 20 min) après DLG oxygénation
et traitement de l’hypercinésie-hypertonie éventuelle [HUTCHON].
7 - Essai d’étude synthétique du monitorage fœtal
Le monitorage fœtal
doit dépister la souffrance fœtale...
Si la surveillance du RCF a quasiment fait disparaître la mortalité
intra-partum et diminuer la morbidité néonatale, la morbidité
post-natale liée à l’accouchement (atteintes cérébrales)
reste un problème complexe difficile à appréhender et donc
à résoudre...
Il faudrait pouvoir intervenir avant les lésions cérébrales
du syndrome ischémie-anoxie, tout en sachant qu’une atteinte est
possible avant l’accouchement (hémorragie cérébrale).
Le terme souffrance fœtale (aiguë pendant le travail) est
mal défini, nous emprunterons la définition théorique à
PARER :
“Asphyxie progressive du fœtus , qui si elle n’est pas
corrigée ou interrompue entraîne une décompensation des
moyens de défense (redistribution du flux sanguin pour préserver
l’oxygénation des organes vitaux) pouvant causer des dommages cérébraux
définitifs ou la mort”.
L’asphyxie fœtale se traduit par une hypoxie, une hypercapnie et
une acidose ; en cas d’hypoxie prolongée, il apparaît une
acidose lactique. L’ischémie joue un rôle aggravant .
Normalement, à la naissance avant tout mouvement respiratoire (tableau
2) :
- le pH à
l’artère ombilicale est de : ......................7,20 ±
0,08
- le BE (bas excess) est de : ...................................- 8,3 ±
4 mmol
- la PCO2 est de : ...................................................49 mm
Hg
Tableau 2 : gaz du sang au cordon à la naissance (Am. J. Obstet. Gynecol., 1985, 6 : 788)
Artère
ombilicale pH....................................................... 7,28 ± 0,05 [minimum accepté : 7,12 (39)] PCO2 ..................................................6,4 kPa ± 0,7 PO2 ....................................................2,4 kPa ± 0,7 Bicarbonates....................................... 22,3 mEq ± 2,5 BE ......................................................- 8 mEq/l (1-12) |
Veine ombilicale pH .....................................................7,35 ± 0,05 PCO2................................................ 5 kPa ± 0,7 PO2 ..................................................3,8 kPa ± 0,8 Bicarbonates......................................20,5 mEq ± 4 |
PO2 en mm Hg x 0,13 = PO2
en kPa
PO2 en kPa x 7,5 = PO2 en mm Hg
L’acidose
ne peut être affirmée qu’en dessous d’un pH de
7,12 et d’un déficit de base de 12. Une chute d’oxygénation
de 50 % pourrait être tolérée pendant 45 minutes, mais tous
les fœtus ne sont pas égaux devant l’anoxie et ceci
n’est pas quantifiable.
Le diagnostic de souffrance fœtale nécessite une acidose et un score
d’APGAR anormal (la classification internationale parle d’asphyxie
néonatale modérée si le score d’APGAR est inférieur
à 7 à 1 minute et sévère s’il est inférieur
à 3).
En fait, des discordances existent entre pH et score d’APGAR...
L’analyse des tracés du RCF pendant le travail ne peut se faire
sans tenir compte du contexte obstétrical [tableau 3
(25)] afin de “juger” des réserves fœtales (RCIU, TD,
prématurés, grossesse à risque) et des anomalies survenant
au début ou au cours de la dilatation (OIDP, primipare, LA méconial,
DPPNI, pré-éclampsie, travail long, disproportion fœto-pelvienne,
anomalies de la CU...).
Tableau 3 : étiologies des souffrances fœtales (d’après KELLER)
L’état de l’enfant à la naissance dépend aussi de la phase d’expulsion. La prise en charge néonatale immédiate conditionne au moins partiellement son devenir :
le nouveau-né est déprimé “par le score d’Apgar” et “acidosique par le pH”
boutade
permettant de comprendre les différences de valeur entre ces 2 paramètres
[14 % d’enfants vigoureux malgré un pH inférieur à
7,20] ; par contre, en cas de pH inférieur à 7,00, le score d’Apgar
est toujour inférieur à 7 à 5 min.
L’analyse des tracés du RCF doit être à la fois qualitative
et quantitative.
• Anomalie isolée du RCF
En cas
de ralentissements tardifs répétés, le risque d’acidose
fœtale atteint 50 %.
En cas de ralentissements variables, l’acidose est retrouvée dans
5 à 20 % des cas ; elle est plus fréquente si leur composante
tardive est importante et si leur nombre coincide avec 30 à 75 % des
CU.
Pour CARDI, la bradycardie résiduelle est importante et facile
à apprécier : c’est la zone du ralentissement persistant
après la fin de la CU (pente rapide). Elle s’exprime en amplitude
de bpm pour revenir au rythme de base antérieur :
- en cas de ralentissements réguliers (tardifs) si cette bradycardie résiduelle excède 30 bpm, le risque d’acidose fœtale dépasse 50 % après 5 ralentissements (pH inférieur 7,20)
- en cas de ralentissements irréguliers (variables) si la BR excède 30 bpm, le risque d’acidose est de 10 % après 10 ralentissements (il s’agit des RV atypiques ou à composante hypoxique)
Bien qu’il ne soit
pas toujours facile de préciser la fin de la CU et le niveau du RCF (qualité
du tracé), la notion de ralentissement résiduel est plus simple
à utiliser que d’autres quantifications.
Les autres anomalies du RCF prises isolément sont peu précises
: tachycardie, ralentissements précoces, ralentissements variables typiques
et modérés. La bradycardie sévère isolée
est rare mais grave (contexte).
• Anomalies associées du RCF
La prise en compte de plusieurs perturbations améliore le diagnostic de souffrance fœtale (2 ou 3) :
- ralentissements tardifs + tracé plat + perte des accélérations = 100 % d’acidose (mais peut-être ne faut-il pas en arriver là !)
- ralentissements variables + tracé plat + rythme de base anormal (T ou B)
- tachycardie + tracé plat (surtout si TD, infection).
Certains foetus qui développent ultérieurement une atteinte cérébrale présentent en intrapartum un type de tracé persistant et associant perte des oscillations (plat) à des RV minimes avec accélération secondaire excessive sans acidose. Pour SCHIFRIN : cela traduirait une atteinte neurologique anténatale chez des foetus dysmatures avec diminution des mouvements et oligoamnios (importance du contexte).
L’importance de ces associations est utilisée dans les scores de KREBS, HAMMACHER, LOW ou la cotation porte sur :
- le rythme de base
- les oscillations
- les ralentissements
- les accélérations et les mouvements foetaux.
Score de KREBS : il est réalisé sur 30 minutes de RCF en considérant les anomalies présentes sur 50 % du tracé.
Tableau 4 : score de KREBS perpartum
PARAMETRES |
0 |
1 |
2 |
Rythme de base (bpm) |
<
100 > 180 |
100-119 |
120-160 |
Amplitude des oscillations (bpm) |
< 3 |
3-5 > 25 |
6-25 |
Fréquence
des oscillations (nb/min) |
< 3 |
3-6
|
>
6 |
Accélérations (nb/30 min) |
0
|
1-4
|
>
5 |
Ralentissements | RT RV atypiques RV sévères |
RV
typiques RV minimes RV modérés |
RP ou aucun |
Score 8-10 : normal
Score 6-7 : équivoque à refaire
Score = 5 : pathologique
Pour éliminer les différences d'interprétation des tracés STIGSBY et NIELSEN proposent des programmes informatiques utilisant de nombreuses variables pour les paramètres du RCF : rythme de base, oscillations, durée, amplitude, aire totale, période de latence pour chaque ralentissement, etc. Au total 17 variables et 56 sous variables pour tenter de codifier les tracés pathologiques. Ainsi l'avenir sera peut-être au traitement immédiat des paramètres par microordinateur au cours du monitorage du RCF.
La mesure des variations
de battement à battement (beat to beat variability) semble surtout intéressante
en cours de grossesse.
Des expériences de lecture ECG foetal mettent en évidence une
augmentation du rapport amplitudes T/QRS en cas d'acidose [Watanabe].
En fait, il existe toujours des situations pour lesquelles le diagnostic de
détresse foetale est incertain à la lecture du tracé d’où
la nécessité de recourir au pH fœtal pour affirmer l’acidose
afin ne pas abuser de césariennes pour souffrance fœtale.
Anomalies du RCF et prématurité, WESTGREN trouve :
- 43 % de tachycardies
- 39 % de tracés plats
- 61 % de ralentissements variables
En cas d’association
tachycardie + tracé plat + ralentissements variables, il note 52 % de
pH fœtal inférieur à 7,25 entre 28 et 33 semaines d’aménorrhée
et 8 % entre 34 et 36 semaines d’aménorrhée.
En cas de terme dépassant 41 semaines le rythme de base est compris entre
110-160 sans risque particulier [Platek]
La mise en ordinateur a été réalisée (entre autre)
par NIELSEN [26 variables utilisées].
8 - Etude du pH fœtal par microprise de sang selon SALING
La dilatation du col doit
être de 4 cm au moins et les membranes rompues.
Les troubles de l’hémostase du fœtus contre-indiquent parfois
la ponction (hémophilie, thrombopénie, ...). Le risque infectieux
existe également (ventouse ultérieure ?). Attention en cas de
présentation mobile : risque d’hématome diffus.
• Résultat
pH normal ..............................au
scalp supérieur à 7,25
Pré-acidose ...........................entre 7,20 et 7,25
Acidose grave .......................en dessous de 7,20.
Il n’est
pas toujours facile d’obtenir une goutte de sang capillaire correcte et
les résultats peuvent être contestables : appareil mal entretenu,
bosse séro-sanguine, inexpérience de l’opérateur,
d’autant que 4 à 6 % des accouchements nécessitent un pH
fœtal, soit une dizaine de mesures par an et par obstétricien.
En cas de persistance des anomalies du RCF, un nouveau pH est réalisé
20 minutes plus tard (sinon à DC).
Bien que le pH au scalp soit le seul élément objectif pour le
diagnostic d’acidose fœtale, la grande majorité des services
d’Obstétrique ne le pratiquent pas ! (moins de 4 % des
centres aux USA).
Il faut donc bien tenir compte du contexte obstétrical (grossesse à
haut risque), du déroulement du travail et du monitorage fœtal.
Le dosage des lactates au scalp est très précis mais
n’est pas rentré en pratique (matériel inadéquat).
Pour DELLENBACH, le taux est anormal si supérieur à 3,3 mmol par
litre.
9 - Autres moyens d’apprécier l’état fœtal
• Réactivité fœtale
Accélération du RCF à une stimulation par exemple le prélèvement au scalp pour pH : pour CLARK, il n’y a pas de réponse fœtale au microprélèvement si le pH est inférieur à 7,20. Au dessus de 7,28, presque tous les fœtus ont une accélération sauf 2 (Rhésus, prématuré) ; entre 7,21 et 7,28, la réponse est variable : au total, 73 % des fœtus “aréactifs” sont en acidose. GOODLIN n'est pas aussi catégorique.
• Test de stimulation acoustique foetal : TSAF
Le stimulus est un son
(vibration) délivré par un larynx artificiel (COROMETRICS™)
de fréquence 80 Hz environ et de 82 dB de puissance.
Le stimulus est appliqué au niveau de la tête fœtale pendant
moins de 3 secondes. ELLER préfère l'émettre au niveau
du siège pour s'éloigner de l'oreille.
Réponse positive si une accélération du RCF de plus de 15 bpm pendant 15 sec survient dans les 30 secondes suivantes. Le stimulus peut être renouvelé après 1 minute puis 2 minute (3 maxi) en évitant la CU et l'après CU immédiat [risque de bradycardie et d'hypoxie (CHAO).
Réponse négative
si absence d'accélération dans les 10 minutes suivant le 3e stimulus.
Réponse considérée comme anormale en cas d'aspect lambda
(accélération suivie d'une décélération)
ou de ralentissement d'amplitude >60 Bpm durant plus de60 sec.
Le TSAF permet de discriminer les foetus à risque en début de
travail : pour SARNO la réponse négative (7%) est associée
à des tracés anormaux avec souffrance foetale (score d’Apgar
< 5, césariennes, méconium). L'aspect lambda (25%) est sans
valeur péjorative nette (cordon).
Pour INGEMARSSON 2% de souffrance
foetale pendant le travail si la réponse est positive, 22% en cas d’aspect
lambda et 36% si la réponse est négative ou si survient un ralentissement
: ce test complète le tracé RCF d'entrée.
En cours de dilatation, pour SMITH, les ralentissements tardifs répétés
sont toujours en relation avec un test négatif ; en cas de ralentissements
variables sévères ou de tachycardie sévère 50 %
des tests sont négatifs, mais quand la réponse est positive le
pH au scalp est supérieur à 7,25.
Pour POLZIN en cas d'anomalies du tracé un test négatif détecte
100% des foetus ayant un pH<7,20, mais en cas de test positif, 45 % seulement
des foetus ont un pH =7,25.
Un TSAF positif pourrait donc réduire le nombre de pH au scalp.
Un test négatif ou un ralentissement sont de mauvais pronostic,
mais ces séries sont trop courtes pour conclure définitivement
et certains doutes persistent quant à l'innocuité totale sur un
foetus dysmature surtout en cas d'oligoamnios [Sherer].
• Autres méthodes pour apprécier l’état fœtal
- la mesure de la PO2
transcutanée voire sous cutanée
- la mesure de la SaO2 au scalp par pulse oxymeter
- la mesure des flux de chaleur au scalp couplée au monitoring
- l’écho-doppler au cours du travail :
* Doppler de l'artère
ombilicale (AO) : Rapport D/S très stable en cours de dilatation
avec une légère baisse du flux résiduel diastolique en
fin d'expulsion.
En cas de ralentissement (précoce ou variable) le flux diastolique diminue
jusqu'à s'annuler lorsque le RCF est inférieur à 80 Bpm.
Pour WEISS, les RV peuvent effectivement survenir après une diminution
du flux diastolique dans l'AO voire un reverse flow (compression du cordon classique)
mais dans certains cas la diminution prolongée et modérée
du flux diastolique est contemporaine du RV dont l'origine serait alors
une hypoxie foetale systémique. D'après cet auteur il serait possible
de différencier les RV dus à une compression du cordon et les
RV d'origine hypoxique.
DOTUN OGUNYEMI montre qu'un rapport D/S inférieur à 1/3 dans l'AO
en cas de RV, RT, tracé plat et anomalies du rythme de base confirment
la souffrance foetale (acidose, score d’Apgar, mortalité et morbidité
néonatales).
* Doppler cérébral foetal : Les ralentissements répétés du RCF entraînent une vasodilatation donnant une augmentation de la vitesse circulatoire en diastole au niveau des artères cérébrales (normalement très faible) maintenant un débit constant. Ce phénomène d'adaptation peut se trouver dépassé et la diminution de la fréquence cardiaque se traduit alors par une diminution du flux diastolique cérébral (décompensation d'après UZAN).
10 - Rythme cardiaque fœtal pendant l’expulsion
La période d’expulsion
est la plus dangereuse pour le fœtus. Il subit des contractions utérines
importantes (de 100 à 150 mm Hg) et l’enregistrement du RCF est
le seul moyen de surveillance, malheureusement, les tracés sont souvent
de mauvaise qualité en particulier par voie externe (nécessité
d’une électrode de scalp pouvant gêner une application de
ventouse).
MELCHIOR a proposé une classification en 5 types. Le tracé est
perturbé dans 82 % des cas, les ralentissements lors des CU et efforts
expulsifs et la bradycardie sont très fréquents.
Tableau 5 : Paramètres du RCF pendant l’expulsion
Types |
Fréquence |
Baisse
pH/poussée |
Durée
maximum |
Type 0 | 2% | 0,004 | 20-30 min |
Type 1 | 43% | 0,01 | 20 min |
Type 2 | 43% | 0,02 | 15 min |
Type 3 | 4% | 0,02 | 15 min |
Type 4 | 8% | 0,02 | 15 min |
- Type 0 : pas
de modification du RCF (2 %)
- Type 1 : ralentissement se produisant à chaque effort expulsif
(43 %)
- Type 2 : bradycardie progressive avec souvent diminution des oscillations
(43 %)
- Type 3 : bradycardie avec accélérations lors des poussées
(4 %)
- Type 4 : au début le rythme est stable puis survient une bradycardie
progressive (8 %).
De nombreux facteurs interviennent
dans les anomalies de l’expulsion : l’état fœtal antérieur,
l’engagement de la tête, la compression céphalique sur le
plancher pelvien et la compression funiculaire.
Les rythmes avec bradycardie sont de moins bon pronostic (types 2, 3 et 4),
ce d’autant que le RCF chute de plus de 60 bpm. En cas de ralentissements,
l’acidose est plus fréquente s’il existe une partie résiduelle.
Pour MEYER :
- dans le type 0, la baisse du pH est de 0,004 unités par poussée
(à limiter à 25)
- dans les types 2, 3, et 4, la baisse du pH est de 0,02 par effort de poussée
ce qui incite à réduire la durée de l’expulsion (15
min).
- Dans le type 1 (le plus fréquemment rencontré), la baisse du
pH par poussée est de 0,01 unité ; chez la primipare, il est potentiellement
dangereux.
Pour THOULON, au delà de 20 minutes d’efforts expulsifs et ce quel
que soit le type de tracé, la lactaplasmie augmente de 2 mmol au minimum
et crée un risque pour un fœtus dont la lactaplasmie était
déjà élevée (plus de 4 mmol).
En conclusion, la période d’expulsion est dangereuse pour le fœtus
et il faut poursuivre le monitorage. La durée des efforts expulsifs ne
doit pas dépasser 20 à 30 min pour le type 0,
20 min pour le type 1 (selon l’état antérieur) et 15 min
pour les types 2, 3 et 4. L’extraction des épaules et du thorax
ne doit pas excéder 40 secondes.
Arbre de décision en fonction du monitorage fœtal